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Les messages d’Ahmed Ouyahia aux patrons

Les messages d’Ahmed Ouyahia aux patrons

Anis Belghoul / New Press

Le gouvernement, qui fait face à des difficultés budgétaires, attend un retour d’ascenseur de la part des chefs d’entreprises pour surmonter la crise financière actuelle. C’est du moins ce qu’a voulu dire, ce mercredi 18 octobre, au Palais des expositions des Pins maritimes à Alger, le Premier ministre Ahmed Ouyahia lors d’un débat avec les patrons à l’ouverture de l’université d’été du FCE.

Après avoir rappelé toutes les mesures prises en faveur des opérateurs économiques, il a clairement précisé que les pouvoirs publics attendent « des contributions et des initiatives » de la part des organisations patronales et des chefs d’entreprises pour relancer l’appareil de production nationale, diversifier l’économie et sortir de l’âge pétrolier.

Il a d’abord rappelé que l’Etat a engagé plus de 36.000 milliards DA (360 milliards de dollars) en investissements publics depuis l’an 2000 qui ont notamment servi à améliorer le niveau de vie de la population et doter le pays d’infrastructures de base nécessaires à l’activité économique.

Ensuite, il a évoqué la hausse de plus de 1000 milliards DA du budget d’équipement dans la loi de finances 2018.  Près de 250 milliards DA iront au développement local et plus de 260 milliards DA seront destinés à la bonification des taux d’intérêts bancaires. Le développement local signifie des projets à venir au niveau des wilayas et des régions qui peuvent être bénéfiques pour les entreprises privées.

Crédits bancaires et foncier industriel

Le Premier ministre a également parlé des « montants très importants de liquidités » qui seront de nouveau « disponibles pour les crédits bancaires à l’investissement » après l’allègement au niveau des banques du poids des créances détenues par l’Etat sur la Sonatrach et Sonelgaz, entre autres.

Le gouvernement réactive le Fonds national de l’investissement (FNI) « pour accompagner des investissements majeurs », comme il maintient « l’ensemble des mesures de soutien à l’investissement et bonification des crédits bancaires à l’investissement », a-t-il dit.

M. Ouyahia a rappelé que l’Algérie est, « l’un des rares pays au monde » à accorder d’importants avantages fiscaux aux investissements, « qui peuvent même atteindre 15 années entre la réalisation et l’exploitation dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux ».

Le premier ministre a aussi annoncé la réalisation de 50 nouvelles zones industrielles « dans un délai maximum d’une année » qui seront mises sur la responsabilité directes des walis et qui peuvent être gérées directement par les chefs d’entreprises.

Donc, en plus des infrastructures, des crédits et du foncier, le gouvernement, accusé souvent de bureaucratie, décentralise tous les actes et procédures liés à l’investissement et rétabli « la priorité » à la production nationale dans le cadre de la commande publique.

« Le recours aux appels d’offres nationaux pour toute réalisation publique. Le recours aux entreprises étrangères deviendra ainsi l’exception », a promis Ouyahia. En plus de redonner confiance aux  chefs d’entreprise, après l’épisode Tebboune, le Premier ministre, qui dit faire partie du « Club » de Sidi Said, patron de l’UGTA, offre aussi des garanties. Sans contrepartie ? Non.

Populariser l’usage de la facture

Le gouvernement veut que les opérateurs économiques privés contribuent plus à « populariser » l’usage de la facture dans les transactions pour lutter contre l’évasion fiscale.

« Payer ses impôts, c’est une question civilisationnelle », a souligné Ouyahia, en  proposant aux patrons de refuser d’acheter ou de vendre sans facture. Il a également souhaité que les chefs d’entreprises apportent leur contribution à la lutte contre l’informel d’une manière efficace. Il a demandé à ce qu’ils aident à faire mieux connaître « la production nationale pour savoir avec exactitude les domaines dans lesquels elle couvre la demande locale » et à travailler pour l’établissement d’une carte économique du pays, « wilaya par wilaya » afin « d’identifier les opportunités d’investissements qui existent ainsi que les créneaux réellement saturés ».

Autrement dit, Ouyahia veut que les patrons sortent de la posture de la demande, de la plainte, de la complainte et de l’exigence pour passer à la position stratégique de ceux qui contribuent efficacement à l’élaboration d’une politique économique au pays.

Dans cette optique, le chef de l’Exécutif a clairement demandé aux opérateurs économiques privés de participer à l’amélioration de la chaîne d’exportation de la production nationale.

« Nous devons avoir demain des entreprises de prospection des marchés extérieurs, de packaging, d’affrètement de transport de fret, et même des entreprises privées de transport aérien ou maritime de fret », a-t-il soutenu. Il s’agit de créneaux « oubliés » ou abandonnés par le privé algérien.

M. Ouyahia a parlé de « lobby de l’importation » et de l’import-import avant de dire que l’Etat allait poursuivre « le combat » contre les importations pour « préserver les réserves de changes ». « C’est vital », a-t-il proclamé.

« Le dépassement véritable de la crise économique et financière à l’issue de quelques années nécessite aussi, des réformes que le Gouvernement mènera. Un tel défi nécessite également une participation active des travailleurs et des entrepreneurs, aux côtés de l’Etat, et du reste des citoyens », a demandé encore le Premier ministre. Au début de son intervention, il a lancé à l’adresse des patrons : « Nous sommes dans le même camp politique ». Une manière, peut-être, d’éloigner toute logique de clans…

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