La steppe algérienne est l’objet de mutations profondes. Face au manque de fourrages, cette région d’élevage voit les pasteurs se transformer en agro-pasteurs.
La possibilité de forages et l’accès à l’eau permet de cultiver des fourrages et d’atténuer les incertitudes climatiques et économiques.
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La mise en valeur des terres dans la wilaya de Djelfa constitue un exemple probant de cette stratégie. À Médina (Commune de Deldoul), la réalisation d’un forage a permis à la famille Kaabache de transformer plusieurs dizaines d’hectares de steppe en un périmètre irrigué.
Plusieurs cultures s’y côtoient : blé, orge, luzerne, arbres fruitiers et maraîchage. Mohamed Kaabache confie à Ennahar TV que l’exploitation n’est pas reliée au réseau électrique et qu’elle bénéficie d’un simple câble relié à un voisin distant de 1,5 km. Ce câble est supporté par de simples pieux fichés dans le sol. Pour parer à la faible puissance de cette ligne électrique, la famille a recours au diesel.
Culture de luzerne en pleine steppe
Une partie du verger d’arbres fruitiers est irriguée grâce à la technique du goutte à goutte et l’autre à la citerne. Plusieurs hectares de luzerne le sont par des dizaines d’asperseurs. Bénéficiant de la chaleur printanière et de l’eau, la hauteur des plants atteint 50 centimètres.
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Signe de la volonté d’extension des surfaces irriguées, des dizaines de tuyaux d’irrigation sont entreposées sous un abri de fortune.
L’exploitation Kaabache vise plus que le traditionnel élevage du mouton ; elle possède une dizaine de vaches laitières. L’abondance de la luzerne garanti l’autonomie fourragère de l’exploitation. Sous un hangar, les exploitants sont fiers de leur stock de balles de foin à la belle couleur verte. Une couleur qui témoigne de sa richesse en azote. La possession d’un épandeur centrifuge d’engrais indique la volonté d’intensification des cultures.
« Nous avons une quinzaine d’hectares de blé et nous espérons recevoir une aide de l’État concernant les engrais et l’accès au réseau électrique », confie le patriarche Dahmane Kaabache.
Steppe, une majorité de sols squelettiques
Pour beaucoup d’éleveurs steppiques, la dégradation des parcours lié au surpâturage et le prix des aliments concentrés, dont l’orge en grains, poussent les éleveurs à produire des fourrages : avoine, orge ou luzerne.
Le plus souvent les sols steppiques sont minces, à peine une vingtaine de centimètres sur un sol constitué d’une dalle de calcaire. Aussi, ce type de mise en valeur n’est pas possible sur les 20 millions d’hectares de parcours que comptent la steppe en Algérie. Seuls les sols les plus profonds situés dans des dépressions sont aptes aux cultures.
La loi sur l’accession à la propriété foncière agricole contribue à ce type de mise en valeur. Revers de la médaille, celle-ci s’accompagne d’une privatisation rampante des terres arch des parcours communautaires excluant ainsi les petits éleveurs aux moyens plus limités.