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Les présidentielles avant la fin de l’année sont-elles possibles ?

Les présidentielles avant la fin de l’année sont-elles possibles ?

Gaïd Salah a suggéré hier lundi de convoquer le corps électoral le 15 septembre. Techniquement et politiquement, les présidentielles avant la fin de l’année sont-elles possibles ?

Louisa Ait Hamadouche, politologue. Une élection présidentielle dans trois mois est une décision problématique dans la forme comme dans le fond. D’abord elle est annoncée par le chef d’état-major en lieu et place du chef de l’État par intérim dont le mandat a été prolongé pour remplir cette mission justement.

Ensuite elle est transmise dans le cadre d’un discours militaire dans une enceinte militaire à des militaires, alors qu’il s’agit d’une décision exclusivement politique.

Dans le fond maintenant, cette annonce est en contradiction totale avec la mission du panel auquel le chef d’état-major rend hommage. Il annonce des élections alors que le panel s’était engagé à faire des consultations et de les parachever sous la forme d’une conférence nationale. Or, rien de tout cela n’a été fait. Bien au contraire.

Cette précipitation semble avoir mis le panel de médiation dans l’obligation de faire des annonces qui risquent d’aggraver la crise de confiance vis-à-vis de son action puisqu’il se substitue à une instance législative ou exécutive en proposant un projet de réforme de la loi électorale et un autre pour l’instance d’organisation des élections.

Techniquement, comment envisager qu’en deux mois et des poussières – je ne compte pas les 3 semaines de la campagne électorale – les nouvelles lois soient mises en place, le fichier électoral soit assaini, les candidats connus et qu’ils aient validé leur dossier ?

Tous ces éléments de fond et de forme, d’ordre juridique et politique, font que la prochaine élection présidentielle est d’ores et déjà compromise.

Est-ce qu’il y aura des candidats sérieux ?

Qu’entendez-vous par candidat « sérieux » ? La crédibilité, la base sociale, le projet politique, la force de mobilisation et la capacité de produire un changement politique réel dépendent moins des candidats que des conditions objectives de l’élection.

Si les autorités publiques envisagent de tenir ce scrutin dans les mêmes circonstances que tous les scrutins que l’Algérie a connus jusqu’à présent, il serait judicieux de se préparer au scénario du 18 avril et 4 juillet.

Quelles sont les conditions qu’il faut réunir pour convaincre les Algériens d’aller voter ?

Ce qui peut convaincre les Algériens d’aller voter est très simple : il doit être convaincu que son vote sera le reflet de sa volonté. L’article 8 de l’actuelle constitution est d’une clarté limpide. Ce que les Algériens rejettent deux fois par semaine depuis maintenant 28 semaines ce n’est pas le vote mais le simulacre du vote.

En revanche, ce que les Algériens exigent ce sont les garanties politiques et juridiques d’un vote transparent. Ils exigent aussi que les erreurs du passé ne soient l’inspiration de l’avenir et exigent donc d’avoir un président qui ne transforme pas la République en monarchie.

Il y a sur la scène politique des propositions concrètes qui sont autant de pistes qui puissent réconcilier le citoyen Algérien avec l’urne.

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