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Les propos de Macron sur l’islam suscitent de vives réactions dans le monde musulman

Les propos de Macron sur l’islam suscitent de vives réactions dans le monde musulman

Les propos tenus vendredi dernier par le président français Emmanuel Macron sur l’islam, lors de la présentation de son plan contre le « séparatisme islamiste » en France, continuent de susciter de vives réactions.

Si, au plan interne, ils lui ont valu les applaudissements d’une partie de la classe politique, notamment à droite et même chez l’extrême droite, ils ont été en revanche vertement critiqués dans de nombreux pays musulmans, en Turquie et en Egypte notamment.

Une provocation, selon Erdogan

Sans surprise, la réaction la plus musclée est venue de la Turquie, par la voix de son président Tayyip Recep Erdogan. « Les déclarations de Macron selon lesquelles l’islam est en crise sont une provocation claire, qui dépasse le simple manque de respect », a affirmé Erdogan lors d’un discours prononcé ce mardi à Ankara.

Lors de la présentation de son plan contre « le séparatisme islamiste », Emmanuel Macron avait notamment déclaré que « l’islam est une religion qui vit une crise partout dans le monde et cette crise nous touche aussi ».

Le chef de l’Etat français avait aussi insisté sur la nécessité de « structurer l’islam » en France. « Qui es-tu pour parler de structurer l’islam ? C’est de l’insolence et c’est dépassé les bornes », a réagi le président turc avec lequel Macron est en désaccord sur plus d’un point, notamment sur la question libyenne, les gisements gaziers en Méditerranée orientale et plus récemment le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.

Erdogan a conclu en conseillant à son homologue français de « faire plus attention lorsqu’il parle des sujets qu’il ignore », émettant le souhait de « le voir agir comme un homme d’État responsable et non comme un gouverneur colonial ».

Al Azhar : Macron « ennemi déclaré de l’islam »

En Egypte, les autorités politique n’ont pas réagi mais la plus haute institution religieuse du pays (et du monde sunnite), la mosquée-université Al Azhar, qui s’écarte rarement des thèses officielles du pays, a tenu à dénoncer les propos du président français.

Le Centre des études islamiques d’Al Azhar a indiqué dans un communiqué que le président français a adressé des accusations infondées qui sont exclues par le véritable islam.

« Nous rejetons ces déclarations dans les termes les plus fermes et soulignons qu’elles sont de caractère raciste et blessent les 2 milliards de musulmans dans le monde », écrit le centre dans un communiqué. Al Azhar a estimé que Macron s’est fait l’ « ennemi déclaré de l’islam »

Le projet de loi change de nom

L’organisation des Frères Musulmans, interdite en Egypte et considérée comme l’une des organisations qui est visée par le projet du président français, a elle aussi parlé d’ « accusations infondées ».

Son Guide suprême, Ibrahim Mounir, s’est adressé au président Macron et au peuple français, dénonçant des propos qui ne respectent pas « les sentiments de plus de deux milliards de musulmans ».

Au plan interne, ce qui est qualifié de « nouvelle fermeté » du président vis-à-vis du radicalisme islamiste a été saluée par les milieux de droite et d’extrême droite, mais des inquiétudes ont été exprimées jusqu’au sein de la majorité présidentielle concernant l’usage du terme « séparatisme », jugé susceptible de stigmatiser davantage la communauté musulmane.

Le projet de loi devrait changer de nom pour s’appeler « projet de loi renforçant la laïcité et les principes républicains », a annoncé ce mardi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Le ministre a expliqué que « l’idée était bien de lutter contre le séparatisme principal qu’est l’islam radical », mais, a-t-il dit, « ce n’est pas le seul objet du texte qui s’adresse à tous les cultes, contre tous les mouvements sectaires, impose la neutralité politique et religieuse ».

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