Hormis la dernière offensive des Qataris dans l’élevage et la santé, les investisseurs des pays du Golfe ne sont pas très présents en Algérie. De même que les échanges commerciaux entre l’Algérie et les États de cette région peinent à se développer substantiellement.
Pour un commerce extérieur algérien d’une centaine de milliards de dollars (importations et exportations), la part des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCEAG) est insignifiante, s’élevant à peine à 2 milliards de dollars. Très loin derrière le volume des échanges avec la Chine ou la France qui dépassent les 10 milliards de dollars par an.
Selon les chiffres contenus dans le dernier numéro de la Lettre économique de l’Ambassade de France à Alger, les relations économiques entre l’Algérie et les États arabes du Golfe connaissent une certaine dynamique depuis l’année 2004, avec notamment l’augmentation des investissements et des échanges commerciaux, mais pas suffisamment pour "augmenter substantiellement" la part de ces pays sur le marché algérien. En 2022, les échanges se sont élevés à 2 milliards de dollars, soutenus principalement par les exportations saoudiennes et émiraties vers l’Algérie.
Les exportations algériennes vers ces pays ont, elles, sensiblement baissé entre 2019 et 2022, passant de 475 à seulement 66 millions de dollars.
La faiblesse des échanges s’explique évidemment par le fait que les deux parties, l’Algérie et le CCEAG, sont principalement des producteurs et exportateurs d’hydrocarbures.
Les investissements des États du Golfe en Algérie ne sont pas non plus significatifs, comme on pourrait le penser, du moins comparativement à ceux des investisseurs occidentaux.
Investissements en Algérie : les pays du Golfe loin derrière les Américains et les Européens
Les six pays du CCEAG réunis ne sont que le quatrième investisseur étranger en Algérie avec 2,1 milliards de dollars, selon les chiffres de 2022 publiés par la même lettre.
Le premier pays en termes de stocks d’IDE (investissements étrangers directs) en Algérie c’est les États-Unis avec 6,7 milliards de dollars, suivis de l’Italie (2,5 milliards) et de la France (2,4 milliards). La Chine, premier fournisseur de l’Algérie, n’était que neuvième en 2022 en termes d’IDE avec 597 millions de dollars.
Le pays du Golfe qui a le plus investi en Algérie c’est les Émirats arabes unis avec 661 millions de dollars investis dans l’assemblage de véhicules militaires, l’énergie et la logistique.
Le Qatar arrive en deuxième position (431 millions de dollars), notamment dans la transformation des métaux et les télécommunications.
En 2024, les Qataris se sont lancés dans un très grand projet de production de poudre de lait en Algérie en partenariat avec l’État algérien, pour un investissement total de 3,5 milliards de dollars entre le groupe qatari Baladna et le Fonds national algérien d’investissement (FNI). Un hôpital algéro-qatari a été lancé en août dernier pour 290 millions de dollars.
Le ministre algérien du Commerce Tayeb Zitouni a aussi annoncé que les Qataris vont investir massivement dans la grande distribution en Algérie avec l’ouverture de 500 grandes surfaces à travers le pays.
Avec 214 millions de dollars, les Saoudiens sont le troisième investisseur du Golfe en Algérie, avec notamment des investissements dans le secteur de la production pharmaceutique et agroalimentaire (huiles de table).
Viennent ensuite les investisseurs du Koweït (317 millions de dollars), du Sultanat d’Oman (221 millions USD) et de Bahreïn (220 millions). Les investisseurs de ces trois pays sont présents en Algérie dans les secteurs des banques, des assurances et de la pétrochimie.