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Liban : le président Aoun dit craindre une catastrophe, un manifestant tué

Liban : le président Aoun dit craindre une catastrophe, un manifestant tué

Le président Michel Aoun a déclaré mardi que le Liban serait confronté à une catastrophe si les contestataires ne rentraient pas chez eux, provoquant une nouvelle vague de manifestations antigouvernementales lors desquelles une personne a été tuée par balle après une altercation avec des soldats près de Beyrouth.

La fusillade à Khaldeh, au sud de la capitale, est un incident inédit depuis le début du mouvement de contestation au Liban il y a près de quatre semaines, accentuant les tensions dans un pays en pleine crise politique et économique.

Ce mouvement, né en réaction au projet gouvernemental de taxer les appels téléphoniques passés depuis l’application WhatsApp, a conduit le mois dernier à la démission du Premier ministre Saad Hariri. Les manifestants exigent le départ de l’ensemble de la classe politique actuellement au pouvoir.

L’homme tué mardi par les forces de sécurité libanaises était un membre du parti politique dirigé par le druze Walid Jumblatt, un opposant de l’actuel président Michel Aoun lors de la guerre civile. Jumblatt a appelé ses partisans au calme.

Dans un communiqué, l’armée a déclaré qu’un soldat avait ouvert le feu pour disperser les manifestants qui bloquaient une route à Khaldeh, faisant un blessé. Ce soldat a été placé en détention et une enquête a été ouverte.

Un regain des tensions a été constaté à Beyrouth jusque tard dans la soirée.

Le Liban connaît sa pire crise économique depuis la guerre civile des années 1975-1990, et la situation a empiré depuis que la contestation a éclaté le 17 octobre.

Michel Aoun a indiqué dans un entretien télévisé diffusé à heure de grande écoute qu’il n’y avait aucune avancée majeure dans les discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement, suite au départ du cabinet de Saad Hariri le 29 octobre.

Le président libanais a déclaré qu’un gouvernement purement technocrate, que de nombreux manifestants appellent de leurs voeux, ne serait pas en mesure de gouverner le pays et devait inclure aussi des politiciens.

S’adressant directement aux manifestants lors de l’entretien, Aoun a dit : « Si vous continuez de la sorte, vous allez heurter le Liban et vos intérêts ».

« Nous travaillons jour et nuit pour rétablir la situation », a-t-il poursuivi. « S’ils continuent ainsi, il y aura une catastrophe. S’ils arrêtent, il y a encore la possibilité (pour nous) de réparer les choses ».

Alors que prenait fin l’entretien d’Aoun à la télévision, des manifestants ont bloqué des routes en différents points du pays, certains d’entre eux incendiant des pneus.

Une manifestante du nord de Beyrouth a déclaré que l’interview donnée par Aoun l’avait poussée à redescendre dans la rue. « Nous sommes fatigués des autorités qui agissent en permanence comme si nous ne faisions rien. Le président s’exprime en direct et nous parle comme si nous étions des enfants (… ) Respectez-nous un peu », a dit Linda Boulos Mikari.

Fermées durant une quinzaine de jours en octobre du fait des manifestations, les banques ont de nouveau baissé rideau mardi dans le cadre d’une grève de leurs employés qui se disent inquiets des risques sécuritaires liés aux clients demandant à récupérer leur argent et aux manifestants. La grève se poursuivra mercredi.


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