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Libye : la Turquie maintient la pression sur Haftar et critique la France

La Turquie a annoncé, ce samedi 20 juin, qu’elle ne validerait un cessez-le-feu qu’à la condition que les troupes du maréchal Khalifa Haftar se retirent de la ville stratégique de Syrte et de la région Al Djoufrah, rapporte l’agence AFP.

« Un cessez-le-feu doit être viable, ce qui veut dire que l’autre partie, la LNA (l’Armée nationale libyenne) de Haftar ne doit plus se trouver dans une position lui permettant de lancer quand elle veut une nouvelle attaque contre le gouvernement légitime », a estimé Ibrahim Kalin, porte-parole de la présidence turque.

« À ce stade, le gouvernement d’Union nationale (GNA) estime, et nous le soutenons en cela, que toutes les parties doivent retourner à leurs positions de 2015 lorsque l’accord politique libyen de Skhirat (au Maroc) a été signé, ce qui veut dire que les forces de Haftar doivent se retirer de Syrte et d’al-Joufra », a fait savoir le porte-parole.

La Turquie apporte un soutien militaire actif depuis le début de l’année au GNA, qui subissait depuis avril 2019 une offensive de la part de l’armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le maréchal Haftar, avec comme objectif de faire tomber la capitale Tripoli. Le soutien de la Turquie a permis aux forces du GNA de repousser les forces de Haftar et lancer une contre-offensive pour reprendre la ville de Syrte, contrôlée par l’ANL depuis janvier 2019.

En parallèle, le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, a laissé entendre ce samedi qu’une solution politique en Libye ne pourrait se faire sans le retrait du maréchal Khalifa Haftar du pouvoir, rapporte TRT.

« Il perd. Il est condamné à perdre. Il avait une opportunité pour le processus politique, mais il l’a perdu. Un tel putschiste ne doit pas prendre part dans l’administration d’un pays. La meilleure solution pour la Libye est une solution politique », a estimé M. Mevlut Cavusoglu.

La Turquie critique à nouveau la France

Le porte-parole de la présidence turque a par ailleurs critiqué la position de la France vis-à-vis du conflit en Libye, affirmant que le soutien apporté par le gouvernement du président Emmanuel Macron a mis en danger la sécurité de la région et la stabilité de la Libye.

« En Libye nous soutenons le gouvernement légitime et le gouvernement français soutient un chef de guerre illégitime et met ainsi en danger la sécurité de l’Otan, la sécurité en Méditerranée, la sécurité en Afrique du nord et la stabilité en Libye », a dénoncé M. Kalin.

« Malgré tout cela, les responsables français continuent de nous critiquer. Mais nous travaillons avec les acteurs légitimes et c’est la France qui travaille avec les mauvais acteurs et les éléments illégitimes tout en nous pointant du doigt. Cela n’a aucun sens », a-t-il déploré.

Les critiques du porte-parole de la présidence interviennent dans un contexte de tensions entre la Turquie et la France. Cette dernière a dénoncé ce mercredi une affaire « très grave » impliquant un partenaire de l’Otan, en l’occurrence la Turquie.

Des navires de guerre français et turcs seraient notamment passés près d’un accrochage militaire en mer Méditerranée lorsqu’un navire de guerre français a tenté d’identifier un bateau cargo suspecté de livrer des armes depuis la Turquie vers la Libye sous embargo.

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