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Liens entre le Polisario et le terrorisme : que cache l’insistance marocaine ?

Liens entre le Polisario et le terrorisme : que cache l’insistance marocaine ?

Qui veut noyer son chien l’accuse de rage. En politique et géostratégie, il y a plus abject et plus condamnable : le terrorisme. Dans son conflit avec le Front Polisario, le Maroc use et abuse de ce grief, jusqu’à friser le ridicule.

Bien que ne reposant sur aucun fait tangible, cette insistance à désigner le Polisario comme une organisation ayant des affinités avec le terrorisme international cache sans doute d’autres desseins.

Détourner le débat sur le problème de fond, qui est la décolonisation du territoire, et peut-être justifier d’éventuelles actions contre les résistants sahraouis, comme celle qui vient de viser le chef de la gendarmerie de la RASD.

La dernière assertion en date vient du directeur du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), Cherkaoui Habboub. Selon lui, l’actuel dirigeant de l’État islamique dans le Grand Sahara, Adnane Abou Al Walid Al Sahraoui, est « originaire de la ville de Laâyoune et est membre du Front Polisario ».

C’est encore le même Adnane qui « dirige les camps de réfugiés de Tindouf ». Non seulement le terroriste est membre du Polisario, il est plus sur le territoire algérien. L’accusation est grotesque. Elle l’est d’autant plus qu’elle est avancée comme argument pour convaincre les autorités algériennes de « coopérer » avec le Maroc dans la lutte contre le « terrorisme ».

« L’État islamique cherche à étendre sa propagation dans la région du Maghreb, la région du Sahel et en Afrique. […] Il doit y avoir une coopération étroite entre les pays, car il n’est pas possible de lutter contre le terrorisme sans intensifier la coopération entre tous les pays. […] Tous les pays coopèrent avec nous à l’exception de l’Algérie voisine », déclare le responsable de la police marocaine à la chaîne de télévision Al Shark.

« Le Polisario a des liens avec des organisations terroristes, tant qu’il y a Adnane Abou Al Walid qui y est affilié et tant qu’il y a une centaine de ses membres qui ont précédemment rejoint et sont impliqués avec Al-Qaida au Maghreb », insiste Cherkaoui Habboub, qui s’enfonce dans ses contradictions.

Sa main tendue enveloppée de poison pour la coopération sécuritaire avec le voisin de l’est cache mal sa volonté de faire mal, et de diffuser de fausses informations sur la situation dans les camps de réfugiés sahraouis.

Sauf que le leurre n’est pas nouveau et personne n’y a jamais mordu. Mis devant ses responsabilités de puissance occupante d’un territoire reconnu comme tel par la communauté internationale, le Maroc a eu recours ces dernières années au subterfuge d’inventer des accointances avec le terrorisme à son adversaire qui, lui, a la légalité internationale de son côté.

| Lire aussi : Sahara occidental : l’Algérie appelle à des négociations directes entre le Maroc et le RASD

Priver le Polisario de soutien international

Le 10 mars dernier, le même Cherkaoui assurait à Jeune Afrique qu’il « est établi qu’il y a un encadrement dans les camps de Tindouf et un endoctrinement assuré par les imams des camps », qualifiant cela comme « un facteur qui a fait de la région du Sahel ce qu’elle est aujourd’hui, une menace aussi bien pour le Maroc que pour les autres pays ».

« Ce constat établi nous renvoie à l’implication des éléments du Front Polisario dans les groupuscules terroristes, soit au sein d’Aqmi, soit de l’État islamique au Grand-Sahara », avait-il soutenu, estimant à « plus de 100 séparatistes du Polisario » qui s’activent au sein d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

Ce à quoi les autorités de la RASD avaient répliqué en avançant des chiffres que même les Marocains ne nient pas : « La vérité que nul ne peut nier est que l’État d’occupation marocain n’est pas seulement le premier exportateur de cannabis, il est aussi le premier exportateur de terrorisme dans notre région et même au-delà (…) plus de 2 500 Marocains, dont des Européens d’origine marocaine, ont rejoint, ces dernières années, des mouvements terroristes dans plusieurs régions, de l’aveu même de l’État d’occupation ».

Ces accusations marocaines sont aussi indirectement destinées à l’Algérie puisque les camps de Tindouf qui sont supposés abriter des « terroristes » se trouvent sur le territoire algérien.

Cela pourrait s’apparenter à une contre-attaque aux plaintes répétées de l’Algérie quant aux « facilités » que trouvent les narcotrafiquants marocains pour inonder le territoire national de stupéfiants, auxquelles les autorités marocaines n’ont jamais donné de réponse, tant les accusations algériennes sont fondées et indéniables.

Mais il reste que le souci majeur des Marocains est de priver la RASD de davantage de soutiens internationaux. Surtout de faire en sorte que la nouvelle administration américaine ne revienne pas sur la décision de Donald Trump de reconnaitre la « marocanité » des territoires sahraouis.

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