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L’Islam toujours mal perçu en France

L’Islam toujours mal perçu en France

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La Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a rendu public ce jeudi 30 mars son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie en France.

Les actes et menaces racistes, antisémites et anti-musulmans, ont diminué de 44,7 % en 2016 par rapport à 2015. Et ce « malgré un contexte d’apparence propice au rejet de l’autre », indique l’institution administrative indépendante. Selon ces chiffres, basés sur les données des ministères de l’Intérieur et de la Justice, 1125 actes et menaces ont été recensés en 2016 contre 2032 en 2015.

Dans le détail, les actes antisémites ont reculé de 58,5 % en 2016 (335 actes contre 808 en 2015).  Une baisse « notamment due aux dispositifs de protection mis en place par les pouvoirs publics dans le cadre du plan Vigipirate », indique la CNCDH.

Les actes anti-musulmans ont diminué de 57,6 % en 2016 (182 actes) par rapport à 2015 (429 actes). Toutefois cette évolution « doit être mise en perspective avec le niveau particulièrement élevé d’actes recensés en 2015 », dans un contexte post-attentats, note le rapport intégralement consulté par TSA.

Ces chiffres officiels pourraient toutefois être sous-estimés, avertit la CNCDH puisque « seuls 6 % des injures racistes seraient signalées aux autorités, et 3 % seulement seraient enregistrés au titre de plaintes ».

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L’Islam toujours mal perçu en France

Ces données doivent aussi être nuancées. En effet, le « baromètre du racisme » de la CNCDH, réalisé avec l’institut de sondage Ipsos du 17 au 24 octobre 2016, note qu’une très nette majorité des Français (89 %), interrogés dans le cadre de cette étude, estime que le racisme est aujourd’hui répandu dans notre pays. Un tiers (32 %) le juge même « très répandu ». De plus, Un Français sur deux (49 %) cite spontanément comme premières victimes du racisme, « des groupes sociaux liés à l’Afrique du Nord et/ou à la religion musulmane ».

Selon ce même baromètre annuel qui s’intéresse à l’évolution des préjugés dans la société française et qui « inclut une quinzaine de questions sur l’islam, ses fidèles et ses pratiques », cette religion reste toujours mal perçue en France. « Les débats autour du voile et des signes religieux dans l’espace public, ont progressivement mis l’islam au cœur du débat politique », rappelle toutefois l’étude. Un phénomène de focalisation politique et médiatique qui pourrait précisément expliquer une telle crispation de l’opinion.

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Certes, « l’évolution récente de l’opinion à l’égard tant de l’islam que des musulmans va dans le sens d’un moindre rejet » puisque seuls 38 % des Français pensent que « les musulmans » forment « un groupe à part » (– 2 points, et – 18 points en quatre ans) selon la CNCDH. Mais, poursuit le rapport, « les musulmans restent cependant la minorité la moins acceptée, le rejet s’étendant de la religion musulmane à ceux qui la pratiquent. Ce dernier est fortement corrélé sans se réduire toutefois au racisme anti-immigré traditionnel. Il est également lié à un conflit supposé de valeurs et à l’expression d’une gêne vis-à-vis des pratiques religieuses les plus visibles dans l’espace public ».

Pour exemple, l’Islam continue d’être perçue comme une religion conquérante. 46% des sondés (contre 50%) pensent  que « l’islam est une menace pour l’identité de la France ». Une opinion majoritaire chez les sympathisants du Front national (85%), de la droite (63%) et dans une proportion significative chez les sympathisants qui se disent de gauche (34%).

Sujet électrique et tabou

En outre, bien que les chiffres soient en recul, certaines pratiques propres à la religion musulmane -les plus visibles dans l’espace public- sont toujours perçues comme « difficilement compatibles avec la société française ». 57,9% citent le port du voile, 85,9% le port du voile intégral, 58,7% pour le burkini. En revanche, 73,9% des sondés estiment que la pratique du jeûne pendant le ramadan n’est pas un obstacle.

Ce sondage montre également que « l’islam est un sujet éminemment clivant et perçu comme un tabou », indique le rapport. En effet, les données  de l’enquête montrent « un écart significatif de résultats entre les sondages en face-à-face et en ligne, sur les questions relatives à la religion musulmane et à ceux qui la pratiquent ». Ainsi à la question « Que vous évoque la religion musulmane ? », 1% répondra « Quelque chose de très positif » pour un sondage en ligne contre 10% lors d’un questionnaire en face-à-face.

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