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Loi sur les hydrocarbures et LF2020 : la rue bouillonne, les candidats indifférents

Loi sur les hydrocarbures et LF2020 : la rue bouillonne, les candidats indifférents

C’est ce dimanche 13 octobre que le gouvernement devrait passer la vitesse supérieure dans son entreprise de doter le pays d’un nouveau cadre réglementaire pour le secteur qui le fait vivre. Le projet de loi sur les hydrocarbures est à l’ordre du jour du Conseil des ministres et, à moins d’un revirement spectaculaire, le texte sera adopté avec toutes ses clauses controversées, notamment celle relatives au partenariat et à l’exploitation du gaz de schiste.

A l’ordre du jour aussi, le projet de loi de finances pour 2020 qui contient également une disposition non moins avantageuse pour l’investissement étranger, soit la suppression de la règle 51/49, en vigueur depuis dix ans.

Le Conseil des ministres survient deux jours après un trente-quatrième vendredi marqué par une très forte mobilisation populaire et un intérêt particulier des manifestants pour ce qui ressemble à un « virage ultra-libéral » pris par le gouvernement Bedoui.

A côté des traditionnels slogans rejetant la présidentielle et appelant au départ des derniers symboles du système Bouteflika, on a entendu dans les rues d’Alger et des autres villes un net rejet des deux projets de loi, avec la promesse de se rendre en masse devant le siège du Parlement le jour de leur présentation.

Même si les manifestants ont unanimement crié au bradage de la richesse nationale, ils ont en fait exprimé plus le désaccord de la société avec la manière d’agir des autorités que leur avis proprement dit sur la nature des amendements.

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Le gouvernement actuel, qui traîne un immense déficit de popularité et de légitimité, est censé gérer les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau président de la République, rappelle-t-on. Décréter une nouvelle orientation pour l’économie nationale est de ce fait incompréhensible, de surcroît à deux mois du scrutin qui devait doter le pays d’une nouvelle équipe dirigeante. D’autant plus que tous les experts qui ont eu à s’exprimer sur la question ces dernières semaines ont avancé un argument infaillible pour expliquer qu’il n’y a aucunement urgence.

Si l’on prend la loi sur les hydrocarbures, elle vient officiellement en réponse à une « demande » de Sonatrach qui s’est plaint publiquement d’une baisse inquiétante des volumes d’hydrocarbures produits à cause, semble-t-il, du peu d’engouement du capital étranger, découragé par la législation en vigueur, par trop contraignante.

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Un lourd héritage pour le futur président

Or, comme l’a expliqué récemment sur TSA Abdelmadjid Attar, ancien PDG de la compagnie nationale, quand bien même seront positifs les effets de tels amendements, ils ne seront perceptibles, dans le meilleurs des cas, que dans cinq ans. Le prétexte de l’urgence est balayé d’un revers de main.

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Pour la rue, une seule explication tient encore la route : le pouvoir veut envoyer un signal rassurant aux puissances étrangères dont l’avis pourrait peser sur la suite des événements politiques en cours. Les manifestants qui l’ont crié vendredi en veulent pour preuve la déclaration, ou l’aveu, du ministre de l’Energie qui a reconnu que l’élaboration des amendements s’est faite après consultation des cinq grandes compagnies pétrolières mondiales.

Le gouvernement pourrait toujours se défendre en avançant l’impératif d’attirer un nouveau savoir-faire et de nouveaux capitaux, quitte à sonder et satisfaire les desideratas de leurs détenteurs, mais il reste que le timing est difficilement défendable.

Si l’élection présidentielle du 12 décembre a lieu, le pays aura dans quelques semaines un nouveau président qui devra assumer une lourde orientation qu’il n’aura pas décidée ou perdre de précieux mois dans l’abrogation de cet héritage et l’élaboration de nouveaux textes. Cela, si des partenariats de longue durée ne sont pas noués dans l’intervalle en vertu de la nouvelle loi, que ce soit pour les ressources conventionnelles ou le gaz de schiste.

Certes, l’éventualité est très peu probable, mais le futur chef de l’Etat est déjà certain d’hériter d’une foule d’autres décisions sur lesquelles il lui sera difficile de revenir, comme l’autorisation d’importer des véhicules usagés, les augmentations accordées à certaines franges et toutes les largesses décrétées dans un contexte politique et social bouillonnant.

Il est tout de même curieux que toutes les objections viennent de la rue et aucune des candidats déclarés.


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