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Louisa Hanoune : « Nous sommes terrifiés …»

Louisa Hanoune : « Nous sommes terrifiés …»

Sans être surprise par l’annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un nouveau mandat, Louisa Hanoune ne comprend pas ce qui s’est passé pour que le président sortant, dont la candidature était exclue tout au long de l’année passée, change subitement d’avis.

« Durant toute l’année passée et avant qu’on ne commence à parler de conférence nationale, il était évident que le président n’allait pas être candidat. Je ne sais ce qui s’est passé par la suite », a assuré la secrétaire générale du Parti des travailleurs lors de son passage sur TSA-direct ce lundi 11 février.

Même si elle ne dit pas clairement que la décision n’émane pas de la volonté du premier concerné, elle émet néanmoins des doutes sur la paternité de la lettre-programme par laquelle Bouteflika a annoncé sa candidature dimanche 10 février. Elle ne le cite pas, mais elle fait clairement allusion à Ahmed Ouyahia.

« La lettre lui a été attribuée, c’est mon avis. C’est vrai, il y a des expressions qui rappellent la façon de penser de Abdelaziz Bouteflika, mais d’autres passages, non. Comme lorsqu’il parle de dogmatisme. Nous savons qui a l’habitude d’utiliser ce terme et tout le monde le connait ».

Revenant sur le bilan de Bouteflika, la SG du PT ne nie pas qu’il y a eu des aspects positifs lors des mandats précédents, mais elle est sans concession avec celui qui s’achève, marqué par « une dégringolade sur tous les plans ». « Le quatrième mandat fut comme une rupture avec les précédents », assène-t-elle.

Pour l’invitée de TSA, l’annonce officielle de la candidature de Bouteflika « n’enlève rien l’opacité de la situation » et démontre l’impasse dans laquelle se trouve le système, « incapable de se régénérer et d’ouvrir des perspectives pour la Nation ».

« Le système ne possède plus de ressorts et ses partisans savent que s’ils font bouger quoi que ce soit, tout l’édifice va s’effondrer. Ils n’ont pas eu d’autre choix », analyse-t-elle. Bouteflika n’est donc pas le problème, mais tout le système dont « la date de péremption a expiré en 1988 mais prolongé plusieurs fois depuis ».

« Même si le système avait présenté un autre candidat, le danger serait le même, avec le trucage du scrutin pour le faire passer en force. On est pour le départ de tout le système et on se bat pour l’élection d’une assemblée constituante », rappelle-t-elle. À propos de fraude, Mme Hanoune ne l’exclut pas et met en garde contre ses conséquences.

« S’il y a fraude, et elle a déjà commencé avec la collecte des signatures, les puissances étrangères vont l’utiliser comme carte de pression pour dicter leurs conditions. La situation de notre pays est plus grave que celle du Venezuela car le président Maduro est démocratiquement élu dans des élections supervisées par des observateurs internationaux », dit-elle.

« Ce ne sont pas de simples élections, c’est un rendez-vous avec notre destin. Nous sommes terrifiés. On ne sait pas ce qui va se passer d’ici là, qu’elle sera la réaction des citoyens. Notre crainte c’est qu’il y est des provocations. Tous les citoyens se demandent ce qui va se passer. Le terrain des élections et très mouvant. Aujourd’hui, il apparaît que la majorité a une défiance vis-à-vis du vote. Mais si les avis changent et les citoyens investissent les bureaux de vote et tentent d’empêcher la fraude, qu’est-ce qui va se passer ? On sait que les prédateurs et l’oligarchie vont avoir recours à la violence et ils en ont les moyens. Et si une personnalité faisait comme Gaiado au Venezuela ? »

Ali Ghediri par exemple qui proclame déjà qu’il ira déjà aux élections pour gagner ? « Il n’est pas le seul à tenir un tel discours, mais c’est juste une stratégie électorale », répond Mme Hanoune qui, au passage, trace une ligne rouge au général à la retraite et aux autres candidats : « Que ce soit pour les institutions de l’État, les partis ou les candidats, pour nous, la position vis-à-vis de la crise au Venezuela, c’est la ligne de démarcation. Celui qui se tait devant ce qui se passe au Venezuela, soit il veut éviter d’irriter les Américains ou il est en train de proposer ses services. Il ne peut pas me convaincre que demain, il défendra la souveraineté nationale ».

Le PT n’a pour l’instant rien décidé quant à la position à prendre par rapport à l’élection. « On ne sait pas si on va participer ou pas, c’est le comité central qui va trancher. Qu’on participe ou pas, on sera en campagne pour l’élection d’une assemblée constituante », répète la SG du parti.

Enfin, concernant la proposition de conférence nationale annoncée dans la lettre-programme du président, Louisa Hanoune la trouve « étrange », soulignant qu’en tant que candidat, le président aurait dû présenter un programme et rappelant les précédentes promesses de réformes politiques mais jamais tenues.

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