Direct Live Search
Search

L’UE relance le libre-échange euro-méditerranéen : quels enjeux pour l’Algérie ?

L’Union européenne veut démanteler les barrières tarifaires avec les pays de la Méditerranée. Quels sont les enjeux pour l’Algérie ?

L’UE relance le libre-échange euro-méditerranéen : quels enjeux pour l’Algérie ?
Drapeau de l'Union Européenne. | Par Corri Seizinger / Adobe Stock
Ali Idir
Durée de lecture 3 minutes de lecture
Suivez nous sur Google News
Suivez nous Google News
Temps de lecture 3 minutes de lecture

Pour se rapprocher des pays du sud de la Méditerranée, dont l’Algérie, l’Union européenne veut relancer un vieux de projet de démantèlement des barrières douanières.

Dans cet entretien à TSA, l’économiste Brahim Guendouzi décrypte les contours de ce projet, ses raisons et l’intérêt de l’Algérie à y adhérer.

A lire aussi : Air Algérie casse les prix avec une nouvelle promotion

Selon Euronews, l’Union européenne veut démanteler les barrières commerciales avec les pays de la Méditerranée, dont l’Algérie. Pourquoi une telle initiative ?

Selon une note préparée par la Commission européenne avant avril 2025, dont le contenu est révélé par Euronews, plusieurs pays de l’UE sont favorables à la suppression des barrières commerciales avec certains États d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et ce, dans le cadre du programme stratégique pour la Méditerranée.

Ce projet vise à transformer l’espace méditerranéen en une zone de coopération économique plus intégrée, à condition que les pays partenaires soient prêts à s’aligner sur les standards européens.

A lire aussi : Algérie : la galère des importateurs de véhicules

Il est à rappeler qu’en novembre 1995, à l’époque où l’UE comptait 15 États membres, la Déclaration de Barcelone posait les bases d’un partenariat euro-méditerranéen avec 12 pays du Sud de la Méditerranée, dont l’Algérie.

Les objectifs étaient de créer une zone de paix et de stabilité, le renforcement du dialogue politique et sécuritaire, la coopération économique avec à terme une zone de libre-échange, ainsi que la promotion des échanges culturels et humains.

A lire aussi : La France s’intéresse à la pomme de terre algérienne 

Aussi, le programme stratégique actuel cherche à concrétiser, avec des outils plus précis et une volonté politique renouvelée, ce que la Déclaration de Barcelone a déjà énoncé.

Aujourd’hui, c’est la réévaluation dans le cadre du programme stratégique pour la Méditerranée, qui cherche à les moderniser et à les adapter aux enjeux actuels : sécurité énergétique, chaînes de valeur, climat, numérique, etc.

S’agit-il alors de la redéfinition des relations entre l’UE et ses voisins du sud, en passant d’une logique d’aide et de coopération à une véritable intégration économique régionale ?

Est-ce que ce n’est pas trop tard ?

La proposition d’abolir les barrières commerciales avec les pays du Sud    de la Méditerranée, en les alignant sur les règles du marché unique européen, va dans le sens de la volonté de modernisation des accords bilatéraux existants.

Aussi, il est question de dépasser les accords d’association actuels, jugés parfois obsolètes, pour créer un cadre plus dynamique et cohérent. La nouvelle vision vise à renforcer la coopération dans des domaines clés comme le numérique, l’énergie, les services financiers et la logistique, l’environnement et les normes du travail.

Est-ce que c’est pour barrer la route à la Chine qui prend des positions notamment en Afrique du Nord ?

En alignant ses partenaires méditerranéens sur ses normes économiques, l’UE veut créer un bloc plus cohérent et potentiellement moins perméable aux interventions chinoise et russe.

L’accent est mis sur la diversification des échanges commerciaux pour réduire la dépendance vis-à-vis de la Russie et de la Chine. C’est aussi, une tentative de rééquilibrage stratégique de l’UE face aux incertitudes des relations transatlantiques (voir avec les États-Unis). C’est une façon pour l’UE de marquer véritablement sa zone d’influence.

Le démantèlement des barrières douanières entre l’UE et les pays de la Méditerranée, est-il dans l’intérêt de l’Algérie ?

Tout d’abord, l’’Algérie estime que l’accord d’association de l’UE actuel ne reflète plus la réalité de son économie, désormais plus diversifiée.

Elle souhaite un cadre plus équilibré, fondé sur le principe du gagnant-gagnant. Aussi, elle demande à ce que ses produits hors hydrocarbures (agricoles, minerais, ciment, acier, produits agroalimentaires, etc.) puissent accéder au marché européen sans quotas ni restrictions.

Elle veut également attirer davantage d’investissements européens dans les secteurs stratégiques, notamment l’énergie, l’industrie, les infrastructures et le numérique.

En second lieu, l’Algérie reste vigilante par rapport au programme stratégique pour la Méditerranée, car refusant tout cadre qui favoriserait uniquement les intérêts européens.

Au vu de l’évolution géopolitique actuelle, particulièrement la crise au Moyen-Orient, l’Algérie pourrait être sceptique à adhérer à ce pacte euro-méditerranéen, du fait même de la position de certains pays européens vis-à-vis de ce qui se passe à Gaza et aussi par rapport à la gestion du dossier ukrainien.

A maintes reprises, l’Algérie a insisté sur une approche équilibrée et multilatérale dans les conflits régionaux. Elle pourrait percevoir le pacte euro-méditerranéen comme un outil d’alignement politique, plutôt qu’un simple cadre économique.

En définitive, l’Algérie reste vigilante sur les implications politiques et géostratégiques, surtout dans un contexte où les fractures internationales sont de plus en plus visibles.

Lien permanent : https://tsadz.co/ca23i

TSA +