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Lutte anti-Covid en Algérie : ces ennemis multiples du personnel médical

Lutte anti-Covid en Algérie : ces ennemis multiples du personnel médical

Pas facile d’être médecin en Algérie, a fortiori dans un contexte de crise sanitaire et de forte pression sur les structures de santé.

Mobilisation permanente, longues heures de garde, manque de moyens, angoisse de contracter le virus et, enfin, risque de se faire agresser à tout moment, le corps médical subit le poids de la crise et ses retombées.

Sans oublier l’inévitable bureaucratie qui peut s’avérer aussi mortelle que le virus. En mai dernier, une femme médecin est morte de Covid avec son fœtus, car privée de congé.

En première ligne face à la pandémie du nouveau coronavirus, les médecins, infirmiers et autres personnels ont payé et continuent à payer un lourd tribut au virus.

2 300 d’entre eux l’ont contracté et 44 en sont morts. Les chiffres sont ce qu’il y a de plus officiel, ayant été dévoilés mardi 21 juillet par le ministre de la Santé qui n’a pas du reste manqué de rendre hommage à la compétence et à la bravoure de ceux qui font face à la crise sur le terrain.

D’autres sources avancent des chiffres différents (le président du Syndicat des praticiens parle de 3 000 cas et 50 décès, le porte-parole du comité scientifique de 2600 professionnels de la santé contaminés), mais cela ne change rien au fait que le personnel médical est le premier à faire les frais de la dégradation de la situation sanitaire.

Le bilan macabre risque, hélas, d’augmenter si la situation épidémiologique ne s’améliore pas, c’est-à-dire si des records quotidiens de nouvelles contaminations continuent à être enregistrés.

Et ce n’est que la face visible du drame. Dans les hôpitaux, particulièrement dans les services dits Covid, le personnel travaille dans des conditions plus que difficiles depuis maintenant plus de quatre mois à cause de la forte affluence et de l’incompréhension de certains accompagnateurs de malades. Et à mesure que monte la courbe des contaminations, leur situation devient de plus en plus intenable.

Et personne ne sait quand tout cela sera terminé. Signe de la saturation des structures et du personnel de santé depuis la recrudescence entamée fin juin, dans certaines wilayas, comme à Biskra, un appel au secours du personnel médical privé a été lancé.

Au début de la crise, c’étaient les médecins de la Cnas et de la Casnos qui ont été mobilisés et mis à la disposition du système national de santé.

Aux premières lignes même dans la sensibilisation

Ce n’est pas un hasard si les médecins se sont aussi retrouvés aux premières lignes de la campagne de sensibilisation pour le respect des mesures barrières.

Ils sont les mieux placés pour mesurer les conséquences d’une croissance exponentielle de l’épidémie. Les insuffisances du système de santé, ils ne les connaissent que trop bien.

Avant même le Covid, les structures hospitalières des grands centres urbains frisaient la saturation et leur personnel faisait quotidiennement face à l’incompréhension d’une frange de citoyens qui se traduisait dans certains cas par une violence physique ou verbale.

Le phénomène s’est accentué ces quatre derniers mois jusqu’à soulever l’indignation de l’opinion publique et susciter une réaction ferme du gouvernement, avec la promesse de protéger désormais le médecin par la force d’une loi plus ferme.

Il était temps, car la situation devenait intenable. Un médecin ou un infirmier qui fait une longue garde dans des conditions difficiles, loin de sa famille, exténué, au bout du rouleau, qui fait de son mieux pour sauver des vies ou soulager des souffrances, ne peut être insulté en fin de journée, encore moins agressé.

Cela ne signifie néanmoins pas la fin du calvaire du personnel médical. Il faut pour cela la contribution de tous, à commencer par ceux qui continuent à ignorer les consignes de prévention, ou à passer leur temps à contredire les médecins, dans des contre-campagnes de sensibilisation.

Suivre les recommandations des médecins, c’est le meilleur moyen de les aider dans cette passe difficile et de leur rendre hommage.

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