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Lutte anti-Covid en Algérie : « On utilise de moins en moins la chloroquine »

Lutte anti-Covid en Algérie : « On utilise de moins en moins la chloroquine »

L’Algérie fait face depuis fin octobre à une flambé des cas de Covid-19. Le bilan quotidien des contaminations a quasiment triplé et la barre des 800 cas a été franchie et un nouveau record a été enregistré ce vendredi avec 867 nouveaux cas.

Cette recrudescence est accompagnée d’une hausse du nombre de décès : 14 décès déplorés ce vendredi (+867 cas), : 18 décès (+851 nouveaux cas) hier jeudi, 16 morts (+811 nouveaux cas) mercredi, 15 décès (+753 nouveaux cas confirmés) mardi 10 novembre, 14 morts lundi 9 novembre (+642 nouveaux cas) et 12 morts (+ 670 nouveaux cas confirmés) dimanche 8 novembre.

« Il y a une corrélation : quand le nombre de cas augmente, il y a plus de décès. Il y aura le nombre de décès en fonction des cas contaminés », explique à TSA, le Pr Noureddine Zidouni, chef du service de pneumo-phtisiologie au CHU Béni Messous sur les hauteurs d’Alger.

Mais cela n’a pas toujours été le cas, puisque alors que le pays recensait entre 200 et 300 cas le nombre de décès ne dépassait pas les 10 cas. « Il est possible que les notifications se soient améliorées », estime le Pr Zidouni qui certifie que la virulence du virus n’a pas diminué contrairement aux affirmations de certains spécialistes.

« Il y a des formes graves et sévères, le virus a subi des variations et des mutations mais c’est le même virus, sa virulence n’a pas été atténuée. Il ne s’agit pas d’une deuxième vague. Nous sommes dans la même vague qui n’a pas été bien contrôlée », avance le pneumologue.

Le Pr Zidouni pointe du doigt les regroupements, tous types confondus, dans des salles fermées, comme une cause principale de la progression de l’épidémie. « Il ne s’agit pas seulement des regroupements politiques pour la campagne référendaire (référendum du 1er novembre dernier). Tous les rassemblements qu’ils soient festifs, culturels ou politiques ont été la cause principale de la recrudescence du nombre de cas positifs. À côté, le virus n’a pas perdu de sa virulence et on se retrouve avec 853 cas (jeudi) qu’on n’a jamais eus (depuis le début de l’épidémie) », assène notre interlocuteur qui déplore le « déni » dont fait preuve la population face à la dangerosité de la situation.

« On utilise de moins en moins la chloroquine »

 Le Pr Zidouni regrette un recul par rapport à l’utilisation du traitement à base de chloroquine qui a donné des résultats probants de l’avis de la communauté scientifique. « On utilise de moins en moins la chloroquine, ça il faut le signaler », tonne le Pr Zidouni qui plaide pour que cet antipaludéen soit disponible pour les malades qui ne peuvent pas accéder à l’hôpital.

« On donne de l’azithromycine, oui, mais c’est un antiviral mineur, c’est surtout un anti-inflammatoire. L’activité antivirale est plus importante et est liée à l’hydroxychloroquine », ajoute-t-il. « Il paraît que dans certains  hôpitaux, on ne distribue pas (chloroquine). On donne des antibiotiques comme s’ils avaient une activité antivirale », déplore le Pr Zidouni.

Le chef du service de la réanimation au CHU de Blida, le Pr Abderrazak Bouamra est lui aussi d’avis que rien ne prouve que le Covid-19 ait perdu de sa virulence, contredisant les déclarations du Pr Kamel Senhadji, président nationale de sécurité sanitaire.

« On a gardé la chloroquine pour les formes sévères »

Le Pr Bouamra confirme le recul enregistré au sujet de l’utilisation de la chloroquine dans le traitement des patients Covid-19, expliquant qu’il y a d’autres médicaments qui donnent de bons résultats.

« On a gardé la chloroquine pour les formes sévères », précise-t-il, ajoutant que le protocole thérapeutique adopté depuis le début de l’épidémie par l’Algérie et basé sur l’association azithromycine + hydroxychloroquine s’expliquait par la « situation d’urgence » à ce moment.

« La chloroquine a donné de bons résultats pour les malades en particulier ceux qui présentaient des formes sévères », explique le Pr Bouamra en soulignant qu’en l’absence d’un traitement, il faut respecter les mesures de prévention qui ont donné leurs résultats dans d’autres pays. Ce n’est qu’à cette condition qu’on va infléchir la courbe des contaminations, ajoute notre interlocuteur. Le Pr Zidouni insiste lui aussi sur les mesures barrières et l’obligation de les appliquer concrètement sur le terrain.

Le recul de l’utilisation de la chloroquine, un médicament qui a été vanté à maintes reprises par les responsables algériens, intervient alors qu’en France, le Pr Didier Raoult, l’un des principaux promoteurs de ce médicament, est poursuivi en justice pour charlatanisme par l’Ordre des médecins.

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