Un dernier sanctuaire au Maroc est atteint par la normalisation avec Israël. Après la défense et quasiment tous les secteurs, l’université n’est plus épargnée par le rapprochement avec Israël. L’invitation de professeurs israéliens à une rencontre à l’université de Rabat fait réagir le monde académique, dans un contexte de génocide de la population civile palestinienne de Gaza.
Le Maroc et Israël ont normalisé leurs relations en décembre 2020 sous l’égide du président américain Donald Trump qui a reconnu la marocanité du Sahara occidental. Depuis, ils ont franchi plusieurs étapes dans leur rapprochement, multipliant notamment les initiatives et les accords dans le domaine militaire et sécuritaire. La guerre menée par l’armée israélienne à Gaza depuis octobre 2023 n’ont pas enrayé cette dynamique. Mais dans la société marocaine, résolument opposée à la normalisation, la colère ne s’est jamais estompée.
Depuis quelques jours, les organisations opposées à la normalisation et le monde universitaire sont montés au créneau après l’annonce de la participation de chercheurs israéliens au Forum mondial de sociologie prévu du 6 au 11 juillet à l’Université Mohammed V de Rabat.
C’est le pas de trop dans la compromission, alors que le monde entier est horrifié par ce que subit la population de Gaza depuis 20 mois. En plus des bombardements qui ont fait plus de 56.000 morts, le gouvernement israélien impose un blocus inhumain à l’enclave palestinienne, empêchant l’entrée de l’aide humanitaire internationale.
Dans ce contexte, la Campagne marocaine pour le boycott académique et culturel (MACBI), qui œuvre au sein de la branche locale du mouvement international BDS (Boycott désinvestissement, sanctions), a appelé à l’annulation de la participation de ces universitaires israéliens, car ils sont issus d’institutions « complices de l’occupation israélienne ».
Maroc : appel au boycott d’une rencontre avec la participation de chercheurs israéliens
Ce qui a exacerbé la colère au Maroc, c’est que les universitaires en question ne viendront pas pour parler que de sociologie. Ils comptent mettre à profit la tribune pour défendre Israël contre les accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dont elle fait l’objet de la part de l’ONU, de la Cour pénale internationale et de nombreux pays.
Selon le programme divulgué, il est prévu que l’un d’entre eux présente un exposé où il qualifie le Hamas palestinien d’ « organisation terroriste ».
Suite à l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) qui a jugé en 2024 que l’occupation israélienne de Gaza et de la Cisjordanie était illégale et constituait un apartheid, « les experts des droits humains de l’ONU ont appelé à mettre fin aux liens universitaires qui soutiennent la présence illégale et le régime d’apartheid israéliens dans les territoires palestiniens occupés », rappelle le collectif marocain.
Saisie, l’association internationale de sociologie (ISA) a refusé d’annuler la participation des Israéliens, au nom de ce qu’elle a appelé « la liberté académique ».
« Les universités de l’entité sioniste sont des partenaires et des acteurs stratégiques dans l’occupation et l’institutionnalisation de l’apartheid » et justifient « les crimes contre l’humanité, notamment la famine, les massacres et le génocide perpétrés à Gaza », ont fustigé pour leur part des chercheurs du Syndicat marocain de l’enseignement supérieur (SNE-Sup).
La participation des Israéliens constitue une « atteinte à l’image de l’université marocaine, à sa crédibilité morale et académique », ont-ils estimé, appelant à un boycott si les invitations aux chercheurs israéliens ne sont pas annulées et retirées.
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