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Main tendue de Tebboune au Hirak : « Négocier avec le pouvoir n’est pas chose facile »

Main tendue de Tebboune au Hirak : « Négocier avec le pouvoir n’est pas chose facile »

L’offre de dialogue et la « main tendue » du président Abdelmadjid Tebboune au Hirak est accueillie avec beaucoup de prudence, voire avec de la méfiance de la part d’activistes du Hirak et autres observateurs.

Pour Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, cet appel « est une reconnaissance de l’échec du dialogue initié par Karim Younès », tout en se demandant si Tebboune est en train de rééditer le même scénario. « Il faudra des signaux forts du système, des garanties sérieuses pour une solution politique à la hauteur des aspirations du peuple », plaide ce militant des droits de l’Homme pour qui « appeler le Hirak au dialogue au moment où la répression s’abat sur les activistes et la population, notamment à l’ouest dans l’Oranie, est un non-sens ».

Le vice-président de la LADDH invite « le système » à montrer sa bonne volonté, « à travers des mesures en gage de bonne foi : libération des détenus, du champ politique et médiatique et l’arrêt de la répression et de toutes les contraintes contre le Hirak ».

L’offre de dialogue et la main tendue au Hirak est perçue par certains observateurs comme une manière de diviser le Hirak. Pour Chérif Dris, politologue, « le penser est compréhensible considérant les expériences passées ». Et de faire remarquer qu’il existe « une crise de confiance entre le pouvoir et le peuple ». « Les citoyens ont le droit de se poser des questions et d’être méfiants », ajoute-il.

Pour le politologue, le nouveau président commettrait une « erreur » s’il venait à opter pour une stratégie consistant à « noyer » le Hirak avec des éléments non représentatifs dans le but de le diviser. « Ce serait une stratégie contre-productive, risquée et qui pourrait avoir des conséquences politiques très dommageables ».

« Lorsque M. Abdelmadjid Tebboune tend la main au Hirak, c’est une chose positive en soi, mais faut-il encore définir ce qu’il entend par dialogue. Si c’est comme cela a toujours été le cas, je ne pense pas que cela puisse déboucher sur des résultats palpables. D’autant plus que M. Tebboune aura affaire à une multitude de défis. Le premier est le fait qu’il traîne un handicap majeur : il a servi sous l’ère de (l’ex-président) Bouteflika et le fait aussi qu’il ait soutenu le 5e mandat. Ce que les millions d’Algériens qui sortent tous les mardis et vendredis n’ont pas oublié eux qui se posent des questions légitimes du type : quelqu’un qui a servi sous les ordres de l’ancien président et qui a soutenu le 5e mandat, pourrait-il être l’homme de la rupture ? », souligne-t-il.

Le politologue estime que le nouveau président pourrait faire « des gestes forts comme par exemple libérer les détenus d’opinion et les détenus politiques ».

« Le temps du changement est arrivé »

Pour Smail Lalmas, « négocier avec le pouvoir algérien n’est pas chose facile, surtout qu’il est question d’une rupture radicale avec ce dernier ».

« Le temps du changement est arrivé, et le peuple exige de ce même pouvoir de partir sans condition ni préalable. Mais avant de parler de négociations, si le peuple accepte de négocier bien sûr, il est question de mettre en place des mesures d’apaisement en commençant par libérer les détenus d’opinions, ouvrir le champ médiatique à la parole libre, arrêter de matraquer et d’insulter les manifestants, élaborer une feuille de route pour des négociations afin d’aboutir à l’ultime revendication de notre peuple qui est le changement de ce système », relève M. Lalmas.

« En attendant, la pression doit continuer afin de contraindre le pouvoir à renoncer définitivement avec des pratiques d’un autre âge et le faire céder », préconise-t-il.

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