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Maintien de Bouteflika sans élections : le soutien précipité de Paris

Maintien de Bouteflika sans élections : le soutien précipité de Paris

Jean-Yves Le Drian risque d’être au président Macron ce que fut Michèle Aliot-Marie pour Sarkozy. Alors que poussaient les graines de la révolution du jasmin la ministre avait proposé au président Bénali les matraques utiles pour dompter les manifestants. La suite on la connaît et Aliot-Marie traînera toute sa vie cette bourde diplomatique, preuve de son manque d’anticipation et de sa méconnaissance du terrain tunisien qui ne se trouve pas dans l’aire d’influence de la France.

Huit ans après Aliot-Marie, c’est Le Drian qui se précipite pour saluer les annonces du président Bouteflika pour répondre aux manifestants demandant le départ du système » incluant son renoncement à un cinquième mandat.

Invariablement depuis l’annonce de la candidature du président Bouteflika, Paris a apporté sa caution à la tenue du scrutin, tout en faisant mine de s’abriter derrière le principe de la non-ingérence. Soutenir un projet de Bouteflika c’est le soutenir en personne puisqu’il ne prend pas le risque d’une défaite.

À peine a-t-il changé de braquet que Paris est dans son sillage. « Je salue la décision du président Buteflika par laquelle il a annoncé ne pas solliciter un cinquième mandat et prendre des mesures pour rénover le système politique algérien », a déclaré le chef de la diplomatie française. « La France exprime l’espoir qu’une nouvelle dynamique à même de répondre aux aspirations profondes du peuple algérien puisse s’engager rapidement », a-t-il ajouté.

M. Le Drian s’est précipité avant même de connaître l’environnement juridique des propositions du président Bouteflika. Ce serait le moindre pour la diplomatie française. Sinon elle passerait pour le soutien d’un coup de force contre la Constitution qui prévoit un seul cas de report d’une élection présidentielle : l’état de guerre.

Le quatrième mandat de M. Bouteflika s’achève le 28 avril. Or il a annoncé son intention de rester en poste au-delà de cette date, sans s’engager en outre sur un quelconque délai de remise du pouvoir. C’est un scénario qui n’est pas prévu par la Constitution.

À partir de cette date, M. Bouteflika n’aura pas non plus la légitimité électorale acquise en 2014, même dans des conditions contestables. Il a beau s’engager à réformer le système politique dont il est l’un des principaux architectes et à ne pas briguer de nouveau mandat, il n’empêche : il n’a aucune légitimité pour conduire ce chantier fut-il celui de conduire l’Algérie au paradis. C’est donc un régime illégitime que Jean-Yves Le Drian a décidé de soutenir. En a-t-il seulement conscience ?

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