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Marche contre l’ingérence étrangère : entretien avec le SG de l’UGTA

Marche contre l’ingérence étrangère : entretien avec le SG de l’UGTA

Parlez-nous de la marche pour dénoncer l’ingérence étrangère et soutenir la présidentielle qui a été organisée aujourd’hui samedi 30 novembre à l’appel de l’UGTA ?

Salim Labatcha, SG de l’UGTA : Nous avons lancé un appel à l’organisation d’un rassemblement au siège de l’UGTA suivi d’une marche vers la Grande Poste. Tout d’abord, nous avons été interpellés par notre base qui demande à passer ce cap d’une manière pacifique, comme ça l’a été depuis le 22 février. Une révolution pacifique doit se terminer de manière pacifique dans l’intérêt du citoyen et du pays. Suite à cela, nous avons organisé des regroupements à l’Est et à l’Ouest, nous avons toujours eu la même demande. Nous avons alors décidé de passer à l’étape suivante : organiser un regroupement à Alger au siège de l’UGTA, suivi d’une marche. Notre appel ne peut pas être interprété comme étant le fruit de notre seule volonté, mais nous avons remarqué qu’il y a eu des associations, des unions… qui ont participé. Donc, la réussite de cet événement ne peut être le fruit du sens d’organisation de l’UGTA, c’est le sens patriotique des citoyens qui a triomphé aujourd’hui.

Pourquoi avez-vous appelé à cette marche ?

À travers cette marche, nous avons exprimé notre voix surtout par rapport à la volonté des ennemis d’hier de l’Algérie qui n’ont toujours pas consommé leur défaite et la leçon donnée par nos martyrs et nos moudjahidine. Ils continuent à faire de l’ingérence et cette marche est une réponse très claire de la part des travailleurs et des citoyens algériens pour dire non à l’ingérence. Ces députés élus par le peuple français n’ont qu’à aller s’occuper des gilets jaunes qui sont des situations critiques et chaque week-end, ils réclament leurs droits. Nous n’avons pas entendu ces élus défendre la cause des gilets jaunes. On a vu la gestion policière de ces marches en France. On a vu les exactions des services de sécurité français, il y a eu des blessés. Mais ces députés n’ont rien dit, ils ont préféré interpréter la question algérienne…

Pourquoi d’après vous ? Vous pensez que le timing n’est pas fortuit ?

Le timing est bien choisi parce qu’ils ont compris que l’Algérie s’achemine vers des élections, et qu’ils n’ont plus aucune occasion d’appliquer leur agenda. Ils ont profité de cette occasion pour provoquer une ingérence du Parlement européen pour traiter la question algérienne et pour essayer de brouiller les cartes en Algérie. Ils veulent faire la même chose que dans les pays voisins comme la Libye. C’est leur intérêt économique qui les intéresse. Et nous, nous leur dirons à travers cette marche, si les Algériens vous intéressent rendez-leur leur argent. Le meilleur soutien qu’ils puissent apporter au peuple algérien est qu’ils rendent l’argent détourné et qui est dans leurs banques. D’ailleurs, ce sont eux les protecteurs de la issaba (bande). Ils ont de tout temps été un soutien au pouvoir en place avant le 22 février. Aujourd’hui, s’ils veulent l’intérêt des Algériens, qu’ils nous aident à revoir l’Accord d’association qui n’est pas bénéfique à l’Algérie et qui n’apporte rien à l’économie algérienne. Malheureusement, ils ont peur pour leurs intérêts en Algérie. Ils ont eu des gens qui ont protégé leurs intérêts en Algérie pendant 20 ans et, aujourd’hui, ils veulent brouiller les cartes, éviter les élections et créer une autre situation qui va leur permettre d’installer une autre îssaba pour 20 ans encore.

Durant cette marche, il a été beaucoup question de la présidentielle du 12 décembre…

Écoutez, nous nous sommes inscrits dans la démarche constitutionnelle qui est celle d’aller vers les élections présidentielles. Ils y a eu des Algériens qui ont travaillé et qui ont donné lieu à une révision de la loi électorale. Celle-ci a crée une instance indépendante des élections formée de syndicalistes, de politiques, de membres de la société civile et de personnalités. Ce n’est plus le gouvernement qui gère les élections, et je pense que c’est un point positif pour la transparence des élections. D’un autre coté, la modernisation du fichier électoral et sa numérisation est une autre garantie. Maintenant qu’il y a une volonté d’aller vers une élection libre, nous nous sommes inscrits dans cette élection pour passer ce cap de manière pacifique.

Plus clairement, l’UGTA est en faveur de l’élection présidentielle…

Nous ne voulons pas aller vers l’inconnu. On a vu le sort des autres pays qui ont choisi la voie de l’inconnu. D’un autre coté, on a vu que l’instabilité politique a engendré des effets négatifs sur l’économie nationale. C’est vrai qu’il y a un gouvernement en place mais il gère les affaires courantes. Ils n’a pas de vision économique et n’a pas le pouvoir de prendre des mesures économiques. Ceci a influé sur la situation économique du pays.

D’un autre coté, cette instabilité politique a fait fuir les investisseurs. On commence à sentir ses effets négatifs au niveau de l’entreprise. Cela se traduit par des salaires impayés, par la peur de perdre l’emploi, etc. À l’UGTA on appelle à choisir l’option de l’élection comme seule forme de sortie de crise.

Contrairement à d’habitude, où l’UGTA était réduite à un comité de soutien, cette fois-ci c’est différent. Nous n’avons pas le droit d’influer le choix de nos travailleurs et nos syndicalistes. Notre organisation syndicale est traversée par plusieurs courants politiques et chacun a le droit et la liberté de choisir.

Donc l’UGTA ne soutient aucun candidat à la présidentielle du 12 décembre…

Jamais. On ne soutiendra aucun candidat. Nous soutenons la solution de sortie de crise qui doit passer par les urnes.

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