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Marine Le Pen : une haine anti-algérienne

Marine Le Pen : une haine anti-algérienne

Sa réponse à son rival Emmanuel Macron, qui a évoqué des « crimes contre l’humanité » durant la colonisation, est significative de la position de Marine Le Pen à l’égard de l’Algérie. Par ses propos tenus lors de son déplacement à Alger mi-février, Macron aurait, selon elle, « insulté » la France. « Y a-t-il quelque chose de plus grave, quand on veut être président de la République, que d’aller à l’étranger pour accuser le pays qu’on veut diriger de crime contre l’humanité ? », a demandé Marine Le Pen, en réponse à des questions sur sa page Facebook. « En utilisant cette argumentation probablement pour des raisons bassement électoralistes, le crime, c’est Monsieur Macron qui le commet ».

La candidate de l’extrême droite continue, elle, de défendre les « bienfaits » de la colonisation.  « Moi je pense – et chacun d’ailleurs qui est de bonne foi admet – que la colonisation a beaucoup apporté, notamment, puisqu’on parle de l’Algérie, à l’Algérie : des hôpitaux, des routes, des écoles… Même des Algériens qui sont de bonne foi l’admettent », a récemment plaidé la dirigeante du Front national, le parti qui a prospéré dans les milieux des « rapatriés » nostalgiques de l’Algérie française.

Né en 1972,  le FN rassemble entre autres sensibilités des anciens de l’OAS, bénéficiaires de l’amnistie qui leur a permis de rentrer d’exil ou de sortir de prison, comme Roger Holeindre ou Pierre Sergent.

Jean-Marie Le Pen, père de Marine et fondateur du FN, ne fut pas membre de l’OAS mais défenseur acharné de cette « Algérie française ». Engagé volontaire pendant la guerre, il n’a eu de cesse d’affronter des accusations de participation directe aux séances de torture des combattants et militants du FLN. Les témoignages se sont multipliés ces dernières années et lui-même aurait revendiqué ces actes. À la naissance du Front national, l’abrogation des accords d’Evian figurait même à son programme.

« Il y a un garçon que je ne connais pas, que je n’ai jamais rencontré, qui s’appelle Florian Philippot, qui dit que le FN est le vrai parti gaulliste. Mais enfin, le parti de Jean-Marie Le Pen, c’était des anciens de la Collaboration, de Vichy, des anciens de l’OAS… Je ne sais pas par quelle transmutation ils sont devenus le vrai parti gaulliste ! Tout cela, c’est un pot de peinture », s’est indigné Jean-Pierre Chevènement.

Yves de Gaulle, petit-fils du général, a déploré qu’on « insulte sa mémoire comme son héritage en les rabaissant au niveau de soi-disant disciples qui ont commis toutes les erreurs, accepté toutes les compromissions pourvu qu’elles les servent et qui cachent leurs petites médiocrités sous l’étendard du gaullisme« .

Celle qui porte aujourd’hui les couleurs du parti à l’élection présidentielle n’est pas de la génération de la guerre d’Algérie. Mais la filiation idéologique avec son géniteur est pleinement assumée.  « Quoi qu’il arrive, tu es mon père », lui avait-elle dit après une violente brouille en 2005.

Sur l’Algérie, l’héritage est totalement revendiqué. Le discours de la fille transpire à la fois la nostalgie des anciens pieds-noirs que la haine de la République indépendante, dont les ressortissants installés dans l’Hexagone sont le réceptacle. Marine Le Pen aura beau lisser son image, vouloir y mettre des couleurs pour en atténuer le caractère raciste, elle ne réussit pas à étouffer ses remugles anti-Algérie.

Sa politique de « priorité nationale » vise avant tout, les Algériens, qui forment la plus forte communauté étrangère en France. En sabrant dans les aides sociales aux immigrés, en voulant le retour au contrôle des frontières nationales et la maîtrise des flux migratoires, ce sont les Algériens qui représentent sa principale cible.

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