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Maroc : John Bolton accusé d’être à la solde de l’Algérie

Tirs croisés sur John Bolton au Maroc. L’ancien conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis a appelé Washington à soutenir l’option du référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Une sortie qui, visiblement, a fait très mal du côté de Rabat qui, comme d’habitude, y voit une énième “manœuvre” de l’Algérie.

La position exprimée mercredi 28 mai par Bolton dans le Washington Times ne passe pas inaperçue pour deux raisons. D’abord par la qualité de l’auteur de la tribune. Bolton était, jusqu’en 2019, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, un poste éminemment sensible à Washington.

Ensuite, elle a été dite sans ambiguïté : “La politique américaine concernant le Sahara occidental doit revenir à ses origines de 1991, en soutenant un référendum permettant aux Sahraouis de déterminer leur propre avenir”, a écrit l’ancien conseiller qui, en plus, a pointé les “aspirations territoriales du Maroc”, qui “incluent non seulement le Sahara occidental, mais aussi de vastes portions du nord de la Mauritanie et de l’ouest de l’Algérie”.

Des déclarations qui tombent comme un cheveu sur la soupe pour la propagande marocaine qui présente le soutien de Trump à la “marocanité” du Sahara occidental comme un acquis irréversible. La presse marocaine et autres relais du palais royal ont concentré leurs attaques sur l’Algérie plus que sur Bolton lui-même.

John Bolton et l’Algérie violemment attaqués au Maroc 

Pour Maroc hebdo, il s’agit d’une prise de position “alignée sur les thèses algériennes, en décalage avec les orientations récentes de Washington”, accusant l’Algérie de s’attacher les services d’un “avocat mandaté”.

Le 360.ma va plus loin et prétend qu’il s’agit d’une “trouvaille” de Sabri Boukadoum, ambassadeur d’Alger à Washington. Ce média croit même connaître le montant qu’a coûté à l’Algérie ce “lobbying”. Ce média ne mentionne pas que le Maroc dépense des sommes faramineuses pour influencer la politique étrangère des États-Unis. S’il n’a pas réussi à corrompre John Bolton, il l’a fait d’autres qui tentent d’inscrire le Polisario comme une organisation terroriste.

Hespress accuse pour sa part l’Algérie de tenter “une manœuvre inattendue” en réactivant John Bolton pour plaider la cause d’un référendum au Sahara occidental.

En évoquant une “trouvaille” ou encore une rémunération de l’Algérie, les médias marocains se discréditent, car dans les mêmes articles ils signalent eux-mêmes que Bolton est un vieux défenseur de la cause sahraouie.

“Bolton est connu pour soutenir avec véhémence et pendant longtemps la tenue du référendum d’autodétermination et avait même participé à l’élaboration du plan James Baker II en 2003”, rappelle par inadvertance Maroc hebdo.

“John Bolton limogé par Trump : le Maroc désormais soulagé”, titrait Le Desk.ma le 10 septembre 2019.

L’Algérie a-t-elle donc besoin de payer un homme pour qu’il exprime des convictions qu’il a chevillées au corps ? L’accusation est tout simplement ridicule. La presse marocaine se rappelle aussi comme par enchantement que Bolton est un pro-israélien. Venant du Maroc, la remarque prêterait à rire si ce n’est le génocide que font subir au peuple palestinien les nouveaux alliés du royaume.

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