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Maroc : la crise sociale continue de s’aggraver, le chômage en hausse en 2023

Où va le Maroc ? Confronté à une grave crise économique et des taux d’inflation et de chômage record, le royaume doit en plus faire face aux retombées d’une sécheresse aiguë qui frappe de plein fouet le secteur agricole, contributeur à hauteur de 12 % du PIB.

Les difficultés de la filière agricole ont aggravé le taux de chômage, comme l’indiquent les derniers chiffres officiels.

Selon le Haut-commissariat au Plan, le taux de chômage au Maroc a progressé de plus d’un point en une année, passant de 11,8 % en 2022 à 13 % en 2023, proche de son niveau historique atteint au troisième trimestre de l’année passée (13,5 %).

Au total, le nombre de Marocains sans emploi a atteint officiellement 1,58 million pendant la même année. Le chômage est tiré vers le haut par les pertes d’emplois dans le secteur agricole, estimées en 2023 à 202 000 postes.

L’agriculture marocaine, qui emploie 31 % de la population active et fait vivre 70 % de la population rurale, fait face à une grave sécheresse qui dure depuis six ans. La position du royaume comme grand fournisseur de l’Union européenne en fruits et légumes s’en trouve logiquement menacée.

Selon les chiffres détaillés du Haut-commissariat au Plan marocain, le chômage touche particulièrement les jeunes, dont 35,8 % sont sans emploi, les nouveaux diplômés (19,7 %) et les femmes (18,3 %).

Maroc : la sécheresse aggrave le chômage, la pauvreté et les inégalités

Dans la foulée, l’Office des changes a rendu publics des chiffres liés à certains indicateurs de l’économie marocaine. Malgré un rétrécissement de 7,3 % par rapport à 2022, le déficit de la balance commerciale reste abyssal, avec 286,4 milliards de dirhams (28,6 milliards de dollars) à fin décembre 2023.

Le Maroc est l’un des pays les plus touchés par les retombées de la crise sanitaire de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, enregistrant un fort taux d’inflation qui a affecté particulièrement les prix des produits alimentaires et des carburants, donnant lieu à un fort mécontentement social qui s’est traduit par des actions de rue sporadiques.

La sécheresse qui dure pour la sixième année consécutive a déjà des répercussions dramatiques pour l’agriculture et l’approvisionnement en eau potable de la population marocaine.

Le taux de remplissage des 150 grands barrages du royaume est au plus bas et certains sont à sec. Selon les autorités marocaines, la part d’eau par habitant est passée de 2.500 mètres cubes par habitant en 1960 à 650 M3 actuellement et devrait encore baisser à l’horizon 2030 à 500 M3.

Début janvier, l’organisation syndicale CDT (Confédération générale du travail), a révélé que le taux de pauvreté s’est aggravé ces deux dernières années au Maroc, affectant 3,2 millions de personnes mais épargnant toutefois la classe privilégiée.

Nommé en septembre 2021, le gouvernement de Aziz Akhannouch n’a pas tenu sa promesse de réduire les inégalités qui se sont au contraire aggravées.

En mars 2023, le rapport sur les inégalités dans le monde (Inequality World Report) a classé le royaume parmi les États les plus inégalitaires, 10 % de la population s’accaparant la moitié des revenus du pays

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