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Maroc : un an après le début des événements d’Al Hoceïma, la situation reste toujours fragile

Maroc : un an après le début des événements d’Al Hoceïma, la situation reste toujours fragile

Au Maroc, l’onde de choc des incidents du Rif continuent de secouer le pays. Malgré le retour d’un calme relatif dans cette région berbère du nord du royaume, les répercussions des événements continuent de se faire sentir. Dernière répercussions en date : le grand ménage gouvernemental opéré par le roi Mohamed V.

Tout a commencé le 28 octobre 2016 quand Mouhcine Fikri, poissonnier à Al Hoceima qui protestait contre la saisie de sa marchandise, a été broyé par une benne à ordure sous le regard d’agents officiels de l’État. S’ensuit alors une vague de protestations et de manifestations gigantesques réclamant justice.

Au fil des semaines, ce mouvement, sous l’impulsion de Nasser Zefzafi, un chômeur de 39 ans, s’est organisé et a élargi le socle de ses revendications. On est passé de réclamer justice à réclamer travail et développement de la région.

En réponse, le Makhzen, dans un premier temps, a envoyé plusieurs ministres pour éteindre le feu de la contestation. Il a également sorti son carnet de chèque. En effet, l’État marocain s’est engagé à investir près d’un milliard de dollars pour relancer les projets à l’arrêt dans la province. Un engagement qui a eu peu d’effets : la grogne populaire rifaine ne s’est pas arrêtée.

Le 26 mai 2016, la crise rifaine a pris une autre tournure quand Nasser Zefzafi a interrompu la prière du vendredi pour protester contre un prêche orienté. Un mandat d’arrêt est lancé contre lui et le leader du Hirak sera arrêté trois jours plus tard. Les manifestations gagneront alors du terrain dans le Rif et même dans d’autres villes marocaines. De leur côté, les autorités marocaines ont lancé une véritable chasse à l’homme : les dirigeants du mouvement protestataire ont été arrêtés et le mouvement décapité.

Fin juillet, le souverain alaouite décide de gracier une quarantaine de détenus. Il pointera du doigt les partis politiques marocains qui ne « remplissent nullement leur mission », selon lui. Il critique également l’administration. À la mi-octobre, Mohamed VI ira plus loin en remettant en cause « le modèle du développement » du pays.

Mardi dernier, le procès de Nasser Zefzafi a débuté. Le même jour, Mohamed VI a limogé quatre ministres. « C’est la première fois que cela arrive en 18 ans de règne. Il y a déjà eu des limogeages, mais jamais de cette ampleur. Les sanctions ont concerné des responsables qui faisaient partie de l’establishment (…) c’est un signal politique fort », analyse le journaliste et chercheur Abdellah Tourabi cité par l’AFP.

« Cela montre une prise de conscience de la nécessité d’agir », estime Pierre Vermeren, chercheur spécialiste du Maroc. Mais selon lui, « les revendications sociales restent urgentes et ce n’est pas le changement de ministres qui va tout régler ». Surtout, « les manifestants ont d’autres revendications, ils demandent la libération des prisonniers », selon lui.

Le comité de soutien du « Hirak » a appelé à manifester samedi dans tout le pays pour commémorer la mort de Mouhcine Fikri et demander la libération des détenus.

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