Économie

Médicament en Algérie : Ali Aoun dénonce des « lobbys sans pitié »

Ali Aoun a tancé ce lundi des groupes pharmaceutiques étrangers installés en Algérie comme Novo Nordisk et Sanofi et a reconnu l’existence de ruptures de certains médicaments comme les collyres sur le marché.

Ali Aoun est connu pour ne pas avoir la langue dans sa poche. Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a encore poussé des coups de gueule à l’occasion d’une conférence organisée ce lundi 6 mars à l’hôtel Aurassi d’Alger par le Syndicat national des pharmaciens d’officine (SNAPO).

On ne peut pas dire que Ali Aoun ne connaît pas son secteur. Ancien PDG du groupe pharmaceutique public Saidal, il a réussi dans les années 1990 à faire du groupe public voué à la liquidation, un fleuron de l’industrie pharmaceutique algérienne.

Poursuivi et incarcéré dans le cadre de l’affaire Khalifa Bank qui a éclaté au début des années 2000, il finira par être totalement blanchi par la justice.

Après une longue traversée du désert, il a été rappelé aux affaires en mars 2022, d’abord comme directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) puis comme ministre de l’Industrie pharmaceutique en septembre de la même année.

Son intervention à l’ouverture de la conférence du SNAPO a pourtant commencé sur une note de satisfaction quant aux performances du secteur et notamment des pharmaciens d’officine, qu’il a salués pour avoir relevé le défi de la disponibilité des médicaments, particulièrement pendant la crise sanitaire de Covid-19.

Mais très vite, Ali Aoun indique que « le défi se pose toujours » en matière de disponibilité des médicaments, reconnaissant que « le marché du médicament en Algérie est en recul ».

« Les efforts de tous permettront de relever le défi d’assurer la disponibilité des médicaments dans toutes les pharmacies », a-t-il dit.

Toutefois, il souligne que « le secteur n’est pas facile », pointant du doigt directement l’existence de « lobbys sans pitié ».

Vis-à-vis de ces « lobbys », Ali Aoun s’est de nouveau montré ferme, promettant de prendre ses « responsabilités ».

« Avec la volonté de tous et les instructions du président de la République, nous prendrons nos responsabilités et nous parviendrons à maîtriser le secteur et à assurer la disponibilité des médicaments dans toutes les pharmacies », a-t-il promis.

Disponibilité des médicaments en Algérie : Ali Aoun en colère

Ce n’est pas la première fois que Ali Aoun tient un tel discours à l’adresse des groupes d’intérêt dans le secteur du médicament en Algérie.

Dans un entretien au quotidien El Massa alors qu’il était directeur général de la PCH, il avait fait état de manœuvres malsaines qui causent sciemment des pénuries de certains médicaments dans les officines, citant le cas des coagulants. Il avait promis à la même occasion de ne pas céder aux « pressions » des groupes d’intérêt.

Sa tournée ce lundi 6 mars sur les stands des grands groupes pharmaceutiques installés en marge de la conférence du SNAPO a été l’occasion pour lui de multiplier les mises en garde à l’égard de ceux qui, à ses yeux, ne remplissent pas leur part du marché.

Aux responsables du géant pharmaceutique danois Novo Nordisk, il a reproché des arrêts dans le projet de production d’insuline en Algérie. « Ce n’est pas sérieux. Je me suis engagé avec vous et vous n’avez pas respecté la cadence normale », leur a-t-il dit.

Au stand de Biothera, il relève des ruptures de stock depuis quatre mois sur certains produits, comme les collyres.

« 90 % des collyres sont en rupture sur le marché », a-t-il dit, reconnaissant l’existence de pénuries de médicaments en Algérie, alors qu’en décembre dernier, il niait leur existence, allant jusqu’à menacer de poursuites ceux qui disaient le contraire.

Avec le groupe français Sanofi, Ali Aoun a utilisé des termes crus. Selon lui, le groupe français n’a pas exécuté les programmes d’importation dont il a bénéficié.

« Vous faites tout pour avoir des programmes d’importation, et quand vous les obtenez, vous ne faites rien pour respecter vos engagements. Je vous le dis pour la dernière fois. Ce n’est pas parce que vous êtes Sanofi qu’on va vous laisser tout faire. Et vous le dites à vos responsables », a lancé le ministre de l’Industrie pharmaceutique au représentant de la société.

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