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Meurtre d’un adolescent en France : l’extrême-droite souffle sur les braises

Meurtre d’un adolescent en France : l’extrême-droite souffle sur les braises

Les milieux d’extrême-droite en France mettent à profit le meurtre d’un adolescent lors d’une fête de village pour souffler sur les braises et pousser à la confrontation. Une action de rue a été menée samedi soir par des groupuscules de l’ultra-droite, faisant craindre une évolution vers des affrontements entre communautés.

Ce n’est pas tant la victime qui semble intéresser ceux qui poussent au pourrissement mais l’identité des présumés meurtriers.

Le jeune Thomas, 16 ans, a trouvé la mort samedi 19 novembre à Crépol, dans la Drôme, lorsqu’un groupe de jeunes a pris d’assaut une salle où se tenait une fête. Une bagarre a éclaté avec les participants à la fête et le service d’ordre et s’est soldée par la mort du jeune lycéen, qui a reçu un coup de couteau. Huit personnes ont par ailleurs été blessées, également au couteau.

La mort d’un adolescent, quelle que soit son origine ou celle de son meurtrier, est inacceptable et ne doit pas laisser indifférent. Mais ce n’est qu’après que l’identité des assaillants ait commencé à fuiter que l’extrême-droite s’est mise à s’émouvoir dans une tentative manifeste de récupérer le drame pour en faire un motif supplémentaire pour crier à l’insécurité, voire à l’ « invasion » et au « grand remplacement ».

Cette affaire survient quelques jours après l’agression ouvertement xénophobe dont a été victime un jardinier d’origine algérienne dans le Val-de-Marne, et qui n’a pas suscité des réactions de condamnation de la part de l’extrême droite.

Le jeune Mourad, 29 ans, a frôlé la mort lorsqu’un septuagénaire lui a asséné un coup de couteau à la gorge en proférant des insultes racistes. « Bougnoules », « rentrez chez vous », a notamment crié l’agresseur avant de frapper. Ses propos sont très audibles sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et le site Mediapart.

Le meurtre du jeune Thomas, survenu deux jours après cette agression, est tombé à pic pour les milieux xénophobes pour souffler sur les braises. Comme si la violence doit rester l’apanage des seuls étrangers ou français d’origine étrangère.

Meurtre d’un adolescent en France : la dangereuse dérive des extrémistes

« Trop c’est trop, Thomas 16 ans assassiné par des racailles », s’est empressé de tweeter le président des Républicains, Éric Ciotti.

« Leurs martyres sont des délinquants multirécidivistes. Nos martyres sont des victimes innocentes de la guerre de civilisation », a écrit pour sa part Éric Zemmour.

Les services de sécurité ont fait leur travail et ont pu identifier et arrêter les suspects, au nombre de neuf, à Toulouse et Romans-sur-Isère.

Alors que ces derniers étaient en garde à vue, et à la veille de leur présentation devant la justice, des membres de groupuscules de l’ultra-droite, soit environ 80 personnes, se sont réunies samedi soir au quartier où habite le principal suspect à Romans-sur-Isère.

Ils ont renversé des poubelles, mis le feu à des containers et ont affronté les forces de l’ordre. Vingt d’entre eux ont été interpellés. Les habitants du quartier n’ont pas répondu à la provocation et le pire a été évité.

Les suspects du meurtre de Thomas ont été inculpés ce dimanche de « meurtre en bande organisée », « tentatives de meurtre » ou « violences volontaires commises en réunion ». Six d’entre eux ont été placés en détention provisoire.

L’enquête n’a pas pu établir que les victimes ont été attaquées pour leur appartenance à une « prétendue race, une ethnie, une nation ou une religion déterminée », et ce chef d’inculpation n’a pas été retenu, a expliqué le procureur de Valence.

Même la responsabilité de celui qui était présenté comme l’auteur du coup de couteau mortel, et qui porte un prénom à connotation maghrébine, Chaid A., n’a pas été établie, les témoins ne l’ayant pas formellement reconnu, a encore révélé le magistrat qui a mis en garde contre les « spéculations » et les « interprétations hâtives ».

L’extrême-droite est peut-être allée vite en besogne et a failli mettre le feu aux poudres dans un contexte explosif, avec les divisions en lien avec la guerre à Gaza et les débats sur la loi sur l’immigration.

Le pire a été évité samedi soir à Romans-sur-Isère, mais ce n’est peut-être que partie remise tant une grande partie de la classe politique française tient à pousser à l’affrontement et au pourrissement.

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