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Moh Chérif Hannachi : le dernier d’une lignée de grands présidents

Moh Chérif Hannachi : le dernier d’une lignée de grands présidents

Même ses nombreux détracteurs lui reconnaissaient qu’il ne pouvait pas vivre loin de la JS Kabylie. Trois ans seulement après avoir quitté la présidence du club le plus titré d’Algérie, Mohand Chérif Hannachi tire sa révérence.

Il est mort ce vendredi 13 novembre, emporté par le Covid-19. Destitué en 2017, après plusieurs années de « résistance », il a néanmoins continué à faire sporadiquement l’actualité du club par ses interventions médiatiques. Tourner une page de plus d’un demi-siècle est plus facile à dire qu’à faire.

Formé à la JSK, Hannachi a rejoint l’équipe sénior  à l’âge de 19 ans, en 1969, l’année où le club mythique a accédé parmi l’élite du football algérien pour ne plus la quitter. La JSK demeure à ce jour l’unique club algérien à ne pas connaitre la relégation. Lorsque, dans les dernières années du règne de Hannachi, l’équipe jouait le bas du tableau, il répétait, sûr de lui, que la JSK ne descendra pas. En tout cas pas avec lui.

Le natif de Larbaâ Nath Irathen a porté les couleurs du club pendant 14 ans (1969-1983), comme défenseur central. Il fut aussi son capitaine pendant de nombreuses saisons, remportant neuf titres majeurs dont une Coupe d’Afrique des clubs champions. Il a donc vécu une partie de l’épopée de la grande JSK, présidée par Boussad Benkaci et entraînée par le duo Khalef-Ziwotko. Les anciens se souviennent de la classe de Hannachi, de sa rudesse et de son intransigeance en défense, un rôle immortalisé par un poème de Matoub Lounès à la fin des années 1970. Issu d’une famille aisée, la légende raconte qu’il cédait aux moins nantis de ses coéquipiers la maigre prime de match qu’on accordait aux joueurs à cette époque où l’argent ne coulait pas à flots dans le football.

« J’ai 51 ans dans le football »

Hannachi a pris sa retraite de joueur relativement tôt, à 33 ans. Mais c’était pour mieux revenir. Trésorier puis vice-président au début des années 1990, il finit par devenir président du club en 1993.

Il y restera 24 ans pendant lesquels il gagnera dix titres majeurs. Avec les neuf autres remportés en tant que joueur, il est le footballeur algérien le plus titré. Son plus grand exploit est d’avoir permis à la JSK de gagner trois fois de suite la coupe de la CAF au début des années 2000.

Bien qu’il ait remporté aussi quatre championnats, deux coupes d’Algérie et une coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, son bilan est quelque peu nuancé par sa longévité et par la comparaison avec celui du fameux Jumbo-Jet de Boussad Benkaci et Mahieddine Khalef (dix championnats, deux coupes d’Afrique des clubs champions et deux coupes d’Algérie en seulement 14 ans).

Mais Mohand Chérif n’en restera pas moins un dirigeant emblématique. Il est de cette lignée de présidents charismatiques qui ont marqué l’histoire de leurs clubs respectifs et du football algérien, comme Saïd Allik (USMA), Abdelhakim Serrar (MCA), Hamid Aït Igrine (CRB), Kacem Elimam (MCO), Mohamed Laïb (USMH), Abdelmadjid Yahi (USC)…

Des dirigeants écoutés et redoutés, qui savaient faire gagner leur équipe et n’hésitaient pas à monter au créneau pour la défendre. Hannachi était un brin au-dessus de tous par ses répliques, ses coup de gueule, sa ténacité à la limite de l’entêtement. Il est d’ailleurs le dernier d’entre eux à céder à l’assaut de la nouvelle génération de présidents, issus pour la plupart du milieu des affaires.

Moh Chérif tirait sa légitimité de son passé de footballeur et il n’hésitait pas à le rappeler.  « Moi, j’ai 51 ans dans le football. Lui, en revanche, il n’a jamais joué au football. Le comble, il s’est permis de me critiquer. Je lui recommande de ne plus parler de Hannachi », a-t-il répliqué en 2014 à Rebouh Haddad, alors président de l’USMA. Ajoutant même cette pique dans le style qui lui est propre : « Qu’il s’occupe de son goudron qui n’est même pas bien fait !».

En 2013, il promet de lâcher « une bombe » à la face du président de la fédération et il le fait, révélant publiquement que Mohamed Raouraoua lui a demandé d’arranger un match de son équipe face aux Égyptiens du Ahly du Caire.

Hannachi ne bluffait jamais. Ou presque. Car quand il promettait de partir « à la fin de la saison », il ne tenait jamais parole. Il est resté indéboulonnable, résistant pendant  plusieurs années à la pression des nouveaux prétendants, des anciens joueurs et même de la rue. Cela tient aussi de son attachement au club, diront ses soutiens.

 

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