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Mohamed VI ignore les griefs de l’Algérie, tend la main à Israël

Mohamed VI ignore les griefs de l’Algérie, tend la main à Israël

Le discours du roi du Maroc à l’occasion de la commémoration de la Révolution du roi et du peuple était très attendu car survenant au lendemain d’une énième dégradation des relations du royaume avec l’Algérie.

Réuni mercredi 18 août, le Haut conseil de sécurité (HCS) a directement accusé le Maroc d’avoir soutenu le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et imputé à ce dernier et au mouvement Rachad les incendies qui ont embrasé le pays il y a quelques jours ainsi que l’assassinat du jeune Djamel Bensmaïl. Le HCS a aussi annoncé que ces actes hostiles « ont nécessité la révision » des relations avec le Maroc.

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Le roi Mohamed VI s’est exprimé deux jours après et, curieusement, il n’a pas répondu aux accusations de l’Algérie ni à l’annonce de la révision des relations. Plus curieux encore, il a évité de citer l’Algérie dans son discours, sinon par quelques brèves insinuations.

Le 31 juillet, à l’occasion d’un discours prononcé pour la fête du trône, Mohamed VI avait consacré l’essentiel de son allocution à l’Algérie, appelant à la réouverture des frontières entre les deux pays et invitant le président algérien à « œuvrer de concert » et « sans conditions » à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage.

Dans son discours du 20 août, il a dénoncé des « attaques méthodiques » « de la part de certains pays et d’organisations notoirement hostiles à notre nation », qui lui en voudraient, selon lui « pour sa sécurité et sa stabilité, ces biens particulièrement précieux en ces temps de convulsions et de soubresauts qui agitent le monde ».

Mais il a indirectement réitéré son appel à l’Algérie en indiquant que son pays « s’attache à fonder des relations solides, constructives et équilibrées, notamment avec les pays voisins ».

Une manière de continuer à souffler le chaud et le froid. Le royaume avait déjà ignoré les protestations d’Alger suite au soutien exprimé par sa diplomatie au MAK, alors que son souverain s’est fondu d’un discours mielleux à l’égard d’Alger.

« Main tendue » à l’Espagne et à la France

Le roi a cette fois tendu la main à l’Espagne après la récente crise entre les deux pays : « Avec un optimisme sincère, nous formons le souhait de continuer à œuvrer » avec le gouvernement espagnol et son président, Pedro Sanchez, afin d’ « inaugurer une étape inédite dans les relations entre nos deux pays ».

« Désormais, celles-ci devront reposer sur la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements », a-t-il dit.  À la France aussi : « Le même esprit sous-tend les relations de partenariat et de solidarité entre le Maroc et la France, étayées par les solides relations d’amitié et d’estime mutuelle qui m’unissent à son président Emmanuel Macron ».

C’est en revanche avec l’Allemagne que l’embrouille ne semble pas se dissiper. « Plutôt que d’appuyer les efforts du Maroc dans le cadre d’un équilibre souhaité entre les pays de la région, des rapports ont franchi toutes les limites de l’acceptable, allant jusqu’à recommander que soit freinée la dynamique de développement de notre pays, au motif captieux qu’elle crée une dissymétrie entre les États maghrébins », dénonce le roi.

L’allusion est à la récente note d’un institut allemand qui a appelé l’Union européenne à équilibrer son soutien pour freiner « les tentations hégémoniques du Maroc » au détriment des autres États du Maghreb.

Dans le discours royal, il est même insinué que « certains pays du Maghreb » (qu’il ne cite pas), doivent faire front commun à l’ « agression délibérée et préméditée » de pays européens dont les dirigeants « ne saisissent pas encore que le problème ne réside pas dans les régimes des pays du grand Maghreb, mais bien dans les leurs, toujours teintés d’un passéisme désespérément rétif aux évolutions du temps ».

Le récent scandale d’espionnage « Pegasus » qui a éclaboussé le Maroc est, selon le roi, le résultat du « travail de sape » de ces pays. Pour lui, ils ont « orchestré une vaste campagne de dénigrement à l’encontre de nos institutions sécuritaires » pour tenter de porter « un coup à leur niveau de maîtrise élevé et à leur efficacité à préserver la sécurité et la stabilité du Maroc ».

Enfin, Mohamed VI assume pleinement le rétablissement des relations avec Israël, reconnaissant que « effectivement », le Maroc « a changé parce qu’il n’accepte pas que ses intérêts supérieurs soient malmenés ».

« Je suis satisfait des mesures prises pour renouveler les liens entre nos pays. Je crois que nous allons maintenir cet élan pour faire avancer les perspectives de paix pour tous les peuples de la région« , a écrit hier vendredi 20 août Mohammed VI dans une lettre adressé au président israélien Isaac Herzog.

En visite il y a une semaine à Rabat, le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid a confié à la presse avoir évoqué avec son homologue marocain Nasser Bourita, les « inquiétudes » de leur pays au « sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine« .

Une déclaration qui a fait réagir l’Algérie. Dans un communiqué publié dimanche 15 août, le ministère des Affaires étrangères a mis en garde son voisin de l’Ouest : « Cette sortie intempestive, dont le véritable instigateur n’est autre que Nasser Bourita en sa qualité de ministre des Affaires étrangères du royaume du Maroc, traduit une sourde volonté d’entraîner son nouvel allié moyen oriental dans une aventure hasardeuse dirigée contre l’Algérie, ses valeurs et ses positions de principe ».

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