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Mohcine Belabbas évoque un « scénario qui se prépare pour l’après-Bouteflika »

Mohcine Belabbas évoque un « scénario qui se prépare pour l’après-Bouteflika »

« On est face à un pourrissement de la situation politique. Les choses commencent à échapper au contrôle. La crise est beaucoup plus profonde que celle que connaît le Parlement qui est créée de toute pièce par des partis au pouvoir présidés par le chef de l’Etat et le Premier ministre ». Le constat effectué, ce vendredi 12 octobre, par le président du RCDMohcine Belabbas, est des plus inquiétants. 

Pour le président du RCD, qui s’exprimait lors d’un point de presse animé en marge du Congrès des élus locaux de son parti, le pays est exposé à « un risque grave » qui peut survenir « dans les prochaines semaines ». Quels sont les éléments ayant sous-tendu cette analyse quelque peu alarmiste du président du RCD connu pourtant pour sa pondération et sa lucidité ? Il cite les « dépassements graves enregistrés au Parlement durant les deux dernières semaines » mais aussi l’ « enregistrement du président de l’APN à son insu et diffusé sur les réseaux sociaux ». « C’est illégal et la justice n’a pas bougé », a-t-il déploré. M.Belabbas cite aussi l’enregistrement fait par le patron du groupe Ennahar, Anis Rahmani, de sa discussion avec un haut responsable de l’ex-DRS. « On se demande quels sont les messages que les tenants du pouvoir veulent délivrer à l’opinion publique nationale et aux observateurs étrangers. On a donné une très mauvaise image de l’Algérie. Celle d’un pays où il y a des centres de décision qui travaillent en dehors de la loi », a dénoncé le président du RCD. 

Une commission d’enquête parlementaire exigée

Mohcine Belabbes estime que la crise que vit l’APN constitue un « précédent grave pour l’action politique en Algérie ». « Nous avons assisté à une guerre par procuration menée par les premiers responsables du pouvoir exécutif contre le premier responsable du pouvoir législatif en dehors des codifications constitutionnelles clairement établies (…) », a-t-il expliqué. Avant d’ajouter : « Le message délivré, à cette occasion, aux assemblées élues, peut être ravageur : toute assemblée pourra être bloquée si des forces de l’ombre tapies dans les rouages de l’Etat estiment que cette structure ne rentre plus dans leurs visées ou dans leurs plans ».

Pour Mohcine Belabbas, les députés de la majorité sont en infraction avec loi. « Ils n’ont pas le droit de demander la démission du président de l’APN. Mais il y a un autre problème. On a entendu des accusations graves portées à l’encontre du président de l’APN, mais aussi du SG de cette institution. Beaucoup de rumeurs circulent à l’Assemblée comme par exemple l’existence de députés qui ont trois à cinq chauffeurs, des dépenses faramineuses en euros dans des missions à l’étranger. Les députés doivent utiliser des instruments légaux. Ils auraient pu demander une commission d’enquête parlementaire qui auditionnera tout le monde ( le président de l’APN, les présidents des commissions, les présidents des groupes parlementaires, le SG de l’APNetc », explique le chef du RCD qui considère que s’« il y a volonté politique de la part des acteurs influents qui appartiennent à la même famille politique, ils auraient réglé le problème ».

Un scénario en préparation pour l’après Bouteflika

Autrement dit, Mohcine Belabbes suggère l’existence d’un dessein caché derrière cette ‘’crise’’ au sein de la chambre basse. Lequel ? M. Belabbas n’a pas exclu l’existence « d’un scénario » qui se prépare pour l’après Bouteflika. « Il est difficile d’avoir une lecture politique en Algérie. Les tenants du système n’arrivent plus à bâtir un consensus entre eux sur la gestion de la prochaine étape », a-t-il soutenu. Avant d’enchaîner : « Il se peut aussi qu’on ait préparé un scénario pour l’après-Bouteflika. Cela explique peut-être la situation que connaît actuellement l’APN. Il y a une volonté d’affaiblir un acteur important du régime pour le moment venu, peser sur la succession de l’actuel chef de l’Etat ». 

Toutefois, Mohcine Belabbas n’accorde pas beaucoup de crédit à l’hypothèse des législatives anticipées. « Bouteflika qui assure que le pays est stable, ne peut pas aller vers des élections anticipées, car dans ce cas, le pays n’est pas stable », analyse-t-il. En outre, « les députés de la majorité ont peur de la dissolution de l’APN, car ils ne sont pas sûrs d’être réélus ». Le rejet de cette hypothèse par le Premier ministre Ahmed Ouyahia, lors de sa dernière conférence de presse, vise justement à « rassurer ses députés », estime le président du RCD .

Pour ce qui est de la prochaine présidentielle, le président du RCD a exclu toute participation de son parti, sous une forme ou une autre, si elles sont organisées dans les mêmes conditions que les précédentes, réitérant la revendication d’une commission indépendante pour gérer le scrutin. 

Le président du RCD a aussi exclu toute alliance avec de « petits partis sans ancrage populaire ou avec des acteurs qui s’autoproclament personnalité nationale ». « Oui pour la réunion des forces patriotiques et vrais acteurs qui ont un poids sur la scène et un capital. Mais personne ne peut se prévaloir du soutien du RCD s’il n’a pas la même vision », a-t-il dit. 

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