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Mouloud Hamrouche s’exprime sur le processus de révision de la Constitution

Mouloud Hamrouche s’exprime sur le processus de révision de la Constitution

Il ne s’est pas exprimé depuis le 5 octobre 2019. Ce jeudi, Mouloud Hamrouche a rompu le silence pour s’exprimer sur le processus de révision de la Constitution en cours en Algérie. Il livre sa vision de la Constitution, mais ne dit rien sur le contenu du projet qui sera soumis au référendum populaire le 1er novembre prochain.

Dans une longue contribution publiée dans El Watan ce jeudi 24 septembre, Mouloud Hamrouche exprime sa position sur le processus actuel lancé par le président Abdelmadjid Tebboune, portant sur la révision de la Constitution.

« Une Constitution est un document qui régit la vie de la société, des individus et des groupes, organise et protège les pouvoirs et le territoire, mais nullement un bail de pouvoir. Un pouvoir s’énonce et s’organise par la Constitution et s’exerce par mandat validé par scrutin inscrit dans un ordre institutionnel et électoral souverain pour tout dirigeant et tout élu. Si la Constitution représente la souveraineté constituante du peuple, la gouvernance, elle, est une volonté souveraine conjoncturelle des électeurs », écrit Hamrouche.

L’ex-chef du gouvernement ajoute que « notre peuple et son espace nécessitent une Constitution qui atteste de leur indéfectible lien, de leur souveraineté, de leurs attachements et de leurs aspirations. Une Constitution qui les libère et les protège de toute crainte, toute incertitude, de toute hypocrisie, de toute violence et de toute soumission. Une Constitution qui leur permet de défendre leurs libertés, de garantir leur souveraineté, d’assurer leur sécurité et leur droit à exister. Une Constitution dans laquelle le peuple se reconnaîtra et finira par l’adopter et la défendre. Une Constitution qui façonnera son vécu et balisera son futur ».

M. Hamrouche, qui a été reçu en janvier dernier par le président dans le cadre des consultations politiques en vue de réviser la Constitution, explique que « toute crise, quelles que soient sa nature et son ampleur, est une faille, une panne ou une imprévoyance de gouvernance, par-delà les personnes ».

Pour lui, « ce moment de questionnement, pour l’Algérie, est maintenant ».

« Même si derrière l’exploitation de certains principes, notions, affirmations, revendications, slogans et autres antagonismes hasardeux se cachent parfois de périlleuses méprises, de fatales erreurs, de dangereux mensonges ou de vraies/fausses impressions. Les libertés collectives, la démocratie politique et syndicale, les contre-pouvoirs et les contrôles sont frappés de terribles incompréhensions et malentendus », écrit Mouloud Hamrouche.

L’ex-chef du gouvernement, qui avait refusé de se présenter aux présidentielles du 12 décembre 2019, met en garde contre la persistance du statuquo.

« Continuer à vouloir agir en dehors de la conscience nationale algérienne, sans un engagement politique, hors tout processus et tout contrôle, hors toute implication et structuration de l’opinion publique c’est nourrir le statuquo et ses désastreux résultats, maintenir les fragilités, aggraver les fractures et retarder la réflexion sur les grandes questions nationales, leurs solutions et leurs résolutions », tranche l’ex-chef du gouvernement.

Pour lui, un processus politique est une « volonté, un choix et une finalité », et qu’ « une fois engagé, il vit de sa propre dynamique pour atteindre son but sans créer de vide d’autorité. Il permet de restaurer la confiance, de bénéficier d’apports et de soutiens nouveaux, de rendre les liens et rapports sociopolitiques plus évidents sans nier les divergences. »

« Un processus de consensus ou de compromis, une fois engagé, peut être suspendu, mais ne peut être inversé, même submergé par des déviations, des surenchères et des prétentions. Toute issue passe inéluctablement par ce processus », conclut l’ex-chef du gouvernement.

Pour Hamrouche, « aucune structure économique et financière non plus n’est capable d’impulser ou de peser de manière décisive sur le devenir économique du pays. »

Il estime que le pays a « ardemment besoin de mobilisations et de solidarités. Il a besoin d’un Etat fort et d’un Exécutif résilient. »

Abordant la place de l’armée, il explique : « L’armée nationale, à l’instar des armées qui comptent, a besoin de cohésion et d’harmonie dans ses seuls invincibles boucliers, le peuple et son espace. Peuple et espace l’avaient prouvé durant les mois du hirak. »

Hamrouche explique que « des émotionnels, des instinctifs et autres régionalistes, tribalistes ou des anti-gouvernance nationale voudront toujours faire croire que «l’Etat» n’a pas besoin de démocratie ou que le gouvernement peut se passer du respect du droit, de la liberté, de la loi et de forces politiques et sociales gouvernantes. »

Son constat n’est pas reluisant. Pour lui, « toute solution partielle, sectorielle ou ponctuelle non insérée dans un processus et une matrice globale de réformes ne sera pas opérante quelles que soient les ingénuités et les générosités de l’effort et du sacrifice. Pire, elle engendrera d’autres distorsions et accentuera notre impuissance, notre déception et notre aliénation. »

Mouloud Hamrouche exprime sa tristesse de voir que cette « conjoncture de questionnement n’ait pas provoqué de réponse forte ni déclenché de processus sociopolitique mobilisateur ni n’a donné de l’ambition aux élites nationales. »

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