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Nasser Al-Khelaïfi, patron du PSG, sous les feux croisés de la police italienne

Nasser Al-Khelaïfi, patron du PSG, sous les feux croisés de la police italienne

John Spencer / SIPA / 20minutes.fr

Nasser Al-Khelaïfi, PDG de beIN Media et patron du PSG, se retrouve sous les feux croisés de la police italienne, pour une villa en Sardaigne – moyen de corrompre Jérôme Valcke, ex-N.2 de la Fifa – et de la Fifa elle même, qui a ouvert une enquête visant le Qatari.

Le développement de vendredi prend donc les contours d’une villa à Porto Cervo, marina de carte postale, dont la valeur est estimée à sept millions d’euros. Cette résidence « constitue le +moyen de corruption+ utilisé par Nasser Al-Khelaïfi (…) à l’encontre (de Jérôme Valcke) pour acquérir les droits télévisés relatifs » à plusieurs Coupes du monde, selon un communiqué de la police italienne.

L’avocat de Valcke assure auprès de l’AFP que l’ex-N2 de la Fifa « a payé la location de la villa sarde ».

La « Villa Bianca » appartient à une société immobilière établie à l’international, mais était à la disposition de Valcke, selon la police italienne. L’opération policière de vendredi a été menée en présence d’un « représentant du ministère public de la Confédération helvétique ».

Car cet épisode n’est que le prolongement spectaculaire de l’affaire qui a éclaté jeudi quand la justice suisse a révélé l’ouverture d’une enquête pour « corruption privée » présumée dans l’attribution des droits médias de plusieurs Coupes du monde, visant Al-Khelaïfi, boss de beIN Media, corrupteur présumé, et Valcke, corrompu présumé.

Le ministère public de la Confédération (MPC) a en réalité lancé sa procédure en toute discrétion le 20 mars 2017, pour « soupçon de corruption privée, d’escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres ». Dès jeudi, le MPC évoquait une opération « coordonnée », menée simultanément en France, en Grèce, en Espagne et en Italie.

– « Jamais eu d’échange entre Nasser et moi » –

La police italienne précise encore que plusieurs personnes, « liées à divers titres à la société propriétaire de la villa » ont été interrogées. Des documents et du matériel informatique ont également été saisis.

Jeudi, les bureaux parisiens de la chaîne de télévision qatarie beIN Sports avaient été perquisitionnés, avait annoncé le parquet national financier (PNF) français.

Le groupe beIN Media avait réfuté « toutes les accusations portées » par la justice dès jeudi soir, ajoutant qu’il collaborerait « pleinement avec les autorités et attend sereinement les suites de l’enquête ».

Valcke, 57 ans, mis en examen, avait quitté libre jeudi soir les bureaux du MPC à Berne. Il déclare dans le quotidien français L’Equipe de vendredi n’avoir « rien reçu de Nasser »: « il n’y a jamais eu d’échange entre Nasser et moi. Jamais ».

L’épouse de Valcke, qui l’accompagnait en Suisse, « a également été entendue par les enquêteurs mais à Lausanne », avait-on appris d’une autre source judiciaire. Le couple Valcke devait ensuite rejoindre Barcelone dès jeudi soir où il est désormais domicilié, selon les conseils du couple.

Une troisième personne, active « dans le domaine des droits sportifs », est également visée mais le MPC n’a pas communiqué son identité. Selon Le Parisien il s’agit de l’homme d’affaires grec Konstantinos Nteris. La police grecque évoque juste des perquisitions jeudi, sans donner de nom.

Les ennuis s’accumulent pour Al-Khelaïfi, puisque le PSG, qu’il préside depuis le rachat du club par un fond souverain du Qatar en 2011, fait l’objet d’une enquête de l’UEFA. Le club est soupçonné d’avoir enfreint les règles du fair-play financier – ne pas dépenser plus qu’on ne gagne même en présence d’un actionnaire/mécène richissime – avec les acquisitions de Neymar (222 M EUR) et Mbappé (180 M EUR).

Al-Khelaïfi est actuellement à Doha selon les médias français.

– Droits média et Coupes du monde –

De son côté, Valcke est soupçonné d’avoir « accepté des avantages indus en lien avec l’octroi de droits média dans certains pays ». La Coupe du monde 2018 a été octroyée à la Russie et celle de 2022 au Qatar, dont est natif Al-Khelaïfi, proche de l’émir, lors d’un double vote de la Fifa en 2010. Les éditions 2026 et 2030, également au coeur de l’enquête, n’ont pas encore été attribuées.

Depuis 2015, la Fifa est frappée par le plus grand scandale de corruption de son histoire. La justice suisse avait ouvert dès cette année-là une enquête sur les conditions d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, sur lesquelles pèsent de forts soupçons de corruption. Le procès de plusieurs anciens dirigeants du football mondial doit s’ouvrir en novembre devant un tribunal de New York.

Mercredi en Suisse, Jérôme Valcke contestait devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne sa suspension de dix ans pour une affaire de revente de billets du Mondial-2014 qui lui avait valu sa destitution de la Fifa en septembre 2015. Pour ces faits, le MPC a rappelé que Valcke faisait l’objet d’une autre procédure pénale, séparée de celle qui a donc éclaté jeudi.

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