Politique

Ne pas abîmer l’image de la police

La scène est désastreuse pour l’image du GOSP, l’unité d’élite de la police nationale. Vendredi en fin de journée, après la marche pacifique, des 4X4 noirs et des véhicules banalisés investissent de manière spectaculaire le centre d’Alger. Des hommes armés, cagoulés, sortent des véhicules puis se déploient face à des jeunes, des femmes et des enfants. Le GOSP, et à travers lui, la police venaient de se tirer une balle dans le pied.

Toutes les polices modernes possèdent des unités d’élite. Dans les pays démocratiques, ces éléments bien entraînés bien équipés jouissent d’un grand respect de la part des populations. Et pour cause. Ils n’interviennent que pour mettre fin à des situations de grand danger pour ces populations : attaque terroriste, prise d’otages, détournement d’avion…Dans les pays développés, quand on évoque l’intervention des unités d’élite, c’est pour envoyer un message rassurant à la population : « les choses sont prises en charge par des professionnels ».

Ce vendredi, les éléments du GOSP auraient dû rester sagement dans leur caserne. L’État ne les a pas formés et armés pour intervenir contre le peuple mais pour le protéger. Ceux qui ont pris la décision de les déployer n’ont pas été bien inspirés.

Ce sont sans doute les mêmes responsables qui ont également ordonné à la police de tirer des bombes de gaz lacrymogène sur une foule compacte à Alger-centre, d’utiliser le canon à son contre les manifestants ou de déshabiller de jeunes militantes dans un commissariat. La police a tenté de défendre son action mais elle n’a toujours pas apporté la moindre preuve qu’elle a agi dans l’intérêt de la population et du pays.

La police avait pourtant bien commencé son travail durant les premières semaines de manifestations. Les policiers algériens avaient forcé l’admiration en Algérie et ailleurs. Nous l’écrivions dès le 9 mars : « S’il est une leçon à retenir de ce troisième acte de la mobilisation contre le projet de cinquième mandat de Bouteflika c’est le comportement de la police. Déployés en nombre, ses effectifs n’ont jamais autant mérité leur nom de « forces de l’ordre ». On les connaissait sous leur seule expression de « forces de la répression », ils se sont révélés sous la belle lumière d’un printemps précoce ».

Aujourd’hui, alors que tout le monde, à commencer par le général Gaïd-Salah, dénonce « la bande » au pouvoir, la police est en train d’abîmer son image en réprimant et en humiliant des manifestants pacifiques. Dans la rue, les scènes de fraternisation sont de plus en plus rares. Sur les réseaux sociaux, les messages de fraternité en direction des forces de l’ordre sont désormais remplacés par des écrits hostiles.

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