Politique

Neuvième vendredi : l’heure de vérité pour le mouvement populaire

À la veille du neuvième vendredi, toute l’Algérie retient son souffle. Ce week-end de contestation diffère des précédents à cause de ce qui s’est passé la semaine écoulée avec la dérive répressive des forces de l’ordre.

Vendredi 12 avril, la police a violemment chargé les manifestants au centre d’Alger et justifié son geste par l’infiltration de casseurs. Le but évident était de dissuader les manifestants, du moins certaines franges comme les femmes et les enfants, de continuer à sortir dans la rue.

La principale interrogation concerne donc la capacité du mouvement à continuer à mobiliser de grandes masses avec cette nouvelle donne qu’est la répression et l’intrusion d’individus malveillants.

Sur les réseaux sociaux, la détermination ne semble pas entamée mais la bonne réponse on l’aura dans les rues d’Alger et des autres villes du pays. Durant toute la semaine, les étudiants ont donné une première réponse, en manifestant en masse, notamment mardi, contre le régime.

L’autre appréhension concerne l’attitude qu’adopteront cette fois les forces de l’ordre. De leur comportement, on saisira mieux le sens du discours prononcé par le chef d’état-major de l’ANP mardi 16 avril.

A priori, les propos tenus par Ahmed Gaïd-Salah à Ouargla constituent un franc désaveu du recours à la répression. Ils ont été salués en tant que tels par des personnalités de l’opposition et les internautes, mais l’incident survenu dès le lendemain, mercredi, à la fac de droit de Said Hamdine à Alger a de nouveau jeté le flou sur les intentions des uns et des autres.

Les hommes armés qui ont investi le campus de Saïd-Hamdine sont-ils des policiers de la BRI ou de l’ex-DRS, qui est désormais sous l’autorité direct du chef d’état-major ? Aucune partie n’a voulu assumer cette violation de la franchise universitaire et le mystère demeure entier.

Sur le plan politique, la semaine qui s’achève a, comme les précédentes, apporté son lot de développements et de petites concessions. Il y a eu déjà le départ du plus fidèle de Bouteflika des ‘trois B’, Tayeb Belaïz, remplacé au Conseil constitutionnel par un illustre inconnu, Kamel Feniche.

Aussi, pour la première fois, le chef de l’armée a lâché du lest dans son attachement à la solution constitutionnelle en concédant que « toutes les perspectives possibles restent ouvertes ».

Mais comme pour le volet sécuritaire, les propos de Gaïd-Salah, du moins l’interprétation qui en est faite, ne cadrent pas toujours avec les actes. Ce jeudi, le pouvoir a signifié qu’aucune autre solution que celle déjà proposée et rejetée par le peuple n’est envisageable. Des invitations ont été envoyées par le chef de l’État par intérim à des personnalités nationales pour des consultations en vue de la présidentielle du 4 juillet.

Par cet entêtement qui frise la provocation, le pouvoir a réitéré sa résolution à imposer sa solution contre l’avis de la rue, quitte à aller vers le pourrissement. Les marches de ce vendredi s’annoncent par conséquence comme un référendum au verdict connu d’avance : le peuple devrait dire lui aussi sa détermination à ne pas se laisser berner.

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