Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a détaillé ce mardi l’approche algérienne concernant le Niger, les Brics, le Mali…
Situation au Niger, rejet de la candidature algérienne aux Brics, les réponses d’Ahmed Attaf étaient très attendues.
Il s’est exprimé au cours d’une conférence de presse à Alger.
Le chef de la diplomatie algérienne a défendu l’approche algérienne pour résoudre la crise au Niger.
Opposée à l’intervention armée, l’Algérie propose une solution politique pour mettre fin à la crise nigérienne.
Une médiation entre les parties en conflit a été entamée par l’Algérie mercredi 23 août avec la visite d’Ahmed Attaf dans trois pays de la Cedeao, le bloc ouest africain qui menace d’utiliser la force pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger après le coup d’État du 26 juillet dernier.
Ahmed Attaf a révélé que les émissaires algériens ont discuté de la situation avec toutes les parties prenantes dans la crise au Niger y compris les putschistes que l’ambassadeur algérien à Niamey a rencontré à trois reprises, a-t-il indiqué.
Attaf explique la démarche algérienne sur le Niger
Le MAE algérien est revenu sur sa tournée qu’il à effectuée ces derniers jours au Nigeria, au Ghana et au Bénin justifiant le choix de ces trois pays de la CEDEAO en particulier.
Ainsi, le choix s’est porté sur le Nigeria qui assure la présidence tournante du bloc ouest africain.
Le Bénin quant à lui a fait le premier pas par le biais de son président de la République.
Quant à la Guinée, le choix s’est fait naturellement au vu des relations historiques entre les deux pays.
Les discussions avec les pays de la Cedeao ont pris une tournure positive, assure Ahmed Attaf.
« Les pays frères de la CEDEAO nous ont assuré qu’ils n’étaient pas des va-t-en guerre et que la solution politique à la crise au Niger reste leur priorité également. L’Algérie a eu à expliquer sa démarche pour une résolution pacifique de la crise », a-t-il détaillé.
Le ministre algérien des affaires étrangères a exposé les raisons pour lesquelles une intervention militaire serait un danger pour le Niger comme pour tous les pays de la région.
Ahmed Attaf a donné les exemples de l’Irak, de la Syrie, de la Somalie et du Mali qui n’ont plus retrouvé de stabilité depuis les interventions étrangères.
Il a d’ailleurs cité un récent rapport du conseil de sécurité de l’ONU publié sur la situation au Mali et qui confirme que les groupes terroristes gagnent du terrain dans ce pays.
« Les groupes terroristes ont multiplié leur assise territoriale au Mali selon un rapport du conseil de sécurité de l’ONU, voici entre autres les résultats des interventions militaires. Qu’on me cite un seul exemple d’intervention militaire réussie », explique-t-il.
Échanges diplomatiques avec la France sur le Niger
Concernant le Mali, justement, Ahmed Attaf a évoqué « la recherche d’une alternative à la Minusma, (mission onusienne au Mali, ndlr) » dans le cadre de l’accord d’Alger entre les différentes parties maliennes.
Ahmed Attaf reconnaît des divergences entre l’Algérie et la France concernant les solutions à adopter pour la résolution de la crise au Niger.
Néanmoins, la porte des discussions reste ouverte avec Paris notamment dans le domaine de la diplomatie.
Dans ce registre, Ahmed Attaf a annoncé « des rencontres avec des hauts responsables du ministère français des Affaires étrangères à partir de la semaine prochaine durant lesquelles il sera question du Niger comme d’autres sujets ».
Le ministre algérien des affaires étrangères a précisé que la conférence internationale sur le développement au Niger qui fait partie des six axes de la médiation algérienne sera organisée « sous l’égide des Nations-Unies ».
« L’approche basée sur une logique de développement économique à travers l’organisation de la conférence internationale sous l’égide des Nations-Unies est intégrée, globale et cohérente pour prémunir la région contre l’instabilité à long terme », argumente le MAE algérien.
Brics : « Ce n’est pas une défaite pour l’Algérie »
Dans sa conférence de presse, Ahmed Attaf a abordé le rejet de la candidature algérienne aux Brics.
Tout en disant refuser le terme « échec », Ahmed Attaf reconnaît que l’Algérie « aurait aimé ajouter les Brics comme un cadre supplémentaire à l’exercice des fondements qui forment le socle de sa diplomatie depuis l’indépendance à ce jour et qui font partie des principes défendus par les pays des Brics ».
Ahmed Attaf a qualifié les pays des Brics comme « amis » et « alliés » avec lesquels l’Algérie continuera à coopérer dans le cadre du « conseil de sécurité de l’ONU », du « groupe des 77 » et du « mouvement des non-alignés ».
Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que l’Algérie disposait de tous les atouts et continuera à défendre ses principes.
« L’échec d’entrée aux Brics ne change rien. Nous continuerons à défendre les intérêts politiques, économiques et diplomatiques de notre pays. Nous n’avons aucun problème avec les Brics », a-t-il tenu à préciser.