Politique

« Non, Saïd Bouteflika n’a pas enfoncé son frère »

Est-il vrai que Saïd Bouteflika a enfoncé devant le juge son frère, l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika ? L’information qui a été rapportée par des médias algériens et qui circule depuis quelque temps, s’est propagée sur les réseaux sociaux, donnant lieu à diverses interprétations.

Certains sont allés jusqu’à y voir une porte ouverte pour le jugement de l’ex-chef de l’État, qui a été empêché de briguer un 5e mandat en avril 2019, sous la pression du Hirak populaire.

Saïd Bouteflika, ancien conseiller du président de la République, a été acquitté début janvier par le tribunal militaire de Blida de l’accusation de « complot contre l’autorité de l’État et de l’armée » pour laquelle il a été incarcéré en mai 2019 et condamné en septembre de la même année puis en février 2020 à 15 ans de prison ferme.

Mais il a été transféré dans une prison civile suite à cet acquittement, car entretemps poursuivi dans deux autres affaires, celle de l’ancien ministre de la Justice Tayeb Louh et surtout celle de la chaîne Istimriaria TV, dans laquelle il a été placé sous mandat de dépôt en décembre dernier.

C’est dans le cadre de l’instruction de la première affaire qu’il aurait tenu les prétendus propos enfonçant son frère. Ce que démentent formellement ses avocats.

La déclaration de Saïd Bouteflika ayant été interprétée comme une manière d’enfoncer son frère, c’est celle qu’il avait faite devant le juge conseiller de la Cour suprême en juin 2020, lors de l’ouverture d’une information judiciaire sur l’affaire Tayeb Louh, explique Me Salim Hadjouti, avocat du conseiller de l’ancien président.

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Ce qu’a dit Saïd Bouteflika au juge, selon son avocat

« M. Saïd Bouteflika a déclaré devant le juge que l’annulation du mandat d’arrêt à l’encontre de l’ancien ministre Chakib Khellil relevait de la présidence de la République en tant institution et non de personnes, expliquant que la décision a été prise suite à des vices de forme dus à des failles dans la procédure », indique Me Hadjouti à TSA.

« Saïd Bouteflika n’a jamais enfoncé l’ancien président. D’ailleurs, lors de l’audience en appel devant la chambre d’accusation de la Cour d’Alger à l’issue de laquelle le mandat de dépôt a été confirmé dans le cadre de l’affaire Istimraria TV, il a refusé de parler pour cause de l’absence de ses avocats », indique pour sa part Me Khaled Bourayou, autre avocat de Saïd.

Il avait seulement déclaré au cours d’une précédente audience qu’il n’était, en sa qualité de conseiller, « responsable que devant le président de la République », rappelle Me Bourayou.

Dans l’affaire Tayeb Louh, Saïd Bouteflika est soupçonné d’avoir tenté de faire pression sur la justice. Des traces d’échanges entre lui et l’ancien ministre de la Justice ont été retrouvées.

Concernant le SMS évoqué par certains médias, Me Hadjouti assure qu’il a été envoyé par son client pour obtenir des informations concernant une affaire opposant une chaîne de télévision privée et Institut de propriété industrielle (INAPI).

Le numéro de cette affaire figurait dans le SMS, selon Me Hadjouti qui en veut pour preuve que Saïd Bouteflika n’avait pas tenté d’influencer le jugement, le fait que la décision rendue par la suite par la justice a été en faveur de l’organisme public.

De nombreux observateurs sont peut-être allés vite en besogne en s’interrogeant sur de possibles poursuites contre Abdelaziz Bouteflika suite à l’interprétation des propos de son jeune frère.

Le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait exclu une telle éventualité en juillet 2020. « Je pense que la justice s’est prononcée. Si la justice le demande c’est son affaire mais pour le moment il n’en n’est pas question », avait déclaré Abdelmadjid Tebboune à France 24.

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