Économie

Nuages sombres au-dessus de la filière algérienne des dattes

Les nuages sombres s’accumulent au-dessus de la filière algérienne des dattes. Pour la deuxième fois en moins de deux mois, des dattes de la variété Deglet Nour d’Algérie ont fait l’objet d’une procédure de rappel de produits en France.

La dernière en date a été signalée le mardi 23 août sur le site du gouvernement français « Rappel conso »  qui a indiqué que ces dattes sont rappelées au motif qu’elles contiennent du diflubenzuron, un pesticide interdit par l’Union Européenne pour le traitement des dattes. Ce pesticide est autorisé en Algérie pour le traitement des palmiers contre le boufaroua.

Appel au sauvetage de la filière

Pour l’Association nationale des exportateurs de dattes, cette deuxième ampagne de rappel de produits porte un nouveau coup dur à la réputation de la Deglet Nour d’Algérie. Elle appelle au sauvetage de la filière et à l’arrêt « immédiat » de l’utilisation de substances chimiques dans le traitement des dattes.

Dans un entretien au journal  Echourouk, Messaoud Bousnina, le coordinateur national des exportateurs algériens de dattes a estimé bien que les producteurs locaux vont subir de « lourdes pertes » suite à la décision du gouvernement français de retirer les dattes algériennes du marché en France. « Ils paient là le prix de leur utilisation anarchique de substances chimiques« , a-t-il dit.

M. Bousnina, a indiqué avoir alerté les différents acteurs de la branche agricole, à commencer par le ministère de l’Agriculture, sur les risques liés à l’utilisation de certains produits chimiques, dans l’agriculture. Selon lui, des analyses effectuées sur des dattes destinées à l’export « ont indiqué la présence de résidus chimiques toxiques à 400 % »

« Ces analyses ont été effectuées aux frais des exportateurs en Europe pour un coût de 80 000 euros, et toutes ont prouvé que les substances utilisées pour le traitement des dattes contiennent des résidus toxiques interdits« , a-t-il dit.

Selon le coordinateur national des exportateurs algériens de dattes, l’utilisation de produits chimiques toxiques dans la filière des dattes en Algérie est « une réalité que les autorités refusent d’accepter et de changer« .

« Le pays manque de laboratoires pour surveiller les conséquences de la présence de résidus de pesticides sur les fruits et légumes« , a-t-il regretté.

 Des campagnes de rappel en Europe, au Canada et aux États-Unis

M. Bousnina a indiqué que depuis le mois de mai 2021, de nombreux lots de dattes Deglet Nour d’Algérie ont fait l’objet de campagne de rappel, aussi bien en Europe, qu’au Canada et aux États-Unis.

Toujours en cause ? L’utilisation de certains produits chimiques, notamment le diflubenzuron. Un pesticide qui, selon lui, « peut être utilisé pour le traitement des fruits et légumes mais qui ne convient pas du tout au traitement des dattes« .

Le coordinateur national des exportateurs algériens de dattes, qui insiste une nouvelle fois sur la nécessité d’arrêter « immédiatement » l’utilisation de produits chimiques dans le traitement des dattes, appelle à remplacer ces derniers par des produits biologiques.

Des produits qui, selon lui, en plus d’être moins chers, et d’apporter une protection naturelle aux dattes, ne sont pas interdits d’utilisation en Amérique et dans les pays européens, contrairement aux produits chimiques. « Cela permettra aux producteurs locaux d’exporter leurs dattes dans de nombreux pays« , a-t-il affirmé.

Pour M. Bousnina, il est important de contrôler périodiquement les produits utilisés dans le traitement des dattes, ainsi que des fruits et légumes, avant leur récolte, afin que tout résidu toxique soit éliminé avant la commercialisation de ces produits, et préserver ainsi la santé des consommateurs d’une part, et d’autre part, s’assurer que les produits puissent être exportés.

Des exportateurs algériens de dattes sur liste noire

Un exportateur algérien de dattes, Lakhdar Razak Barra, a de son côté affirmé que de nombreux exportateurs de la filière ont été mis sur liste noire dans des pays étrangers. Selon lui, l’utilisation en Algérie de produits chimiques « cancérigènes » fera perdre à la datte algérienne sa place sur les marchés internationaux,

Il appelle le ministère de l’Agriculture à interdire l’utilisation de ces produits dans le traitement des dattes.

« Les plus hautes autorités du pays doivent intervenir, et une enquête approfondie doit être ouverte pour déterminer les responsabilités et sanctionner les responsables, car ce qui se passe peut être qualifié de crime économique« , a-t-il dit.

Contactés par le Journal Echourouk, les services du ministère de l’Agriculture ont assurés que les produits utilisés dans le traitement des dattes sont « contrôlées, ne présentent aucun danger, et que l’action chimique des substances utilisées se termine avant la récolte des produits ».

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