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Palestine : les critiques américaines contre l’Algérie sont-elles fondées ?

Palestine : les critiques américaines contre l’Algérie sont-elles fondées ?

L’ambassadrice US aux Nations Unies Nicky Haley s’en est pris violemment aux pays musulmans, les accusant de ne pas aider le peuple palestinien, lors de la rencontre mensuelle du Conseil de sécurité de l’ONU au sujet du Proche-Orient qui s’est tenue mardi.

« Le moment est venu pour les pays de la région de réellement aider le peuple Palestinien au lieu de faire des discours à des milliers de kilomètres », a notamment déclaré l’ambassadrice US à l’ONU avant de rappeler qu’en 2017, « la contribution de l’Iran à l’UNRWA était de zéro, la contribution de l’Algérie était de zéro, la contribution de la Tunisie était de 0 ».

Près d’un milliard de dollars depuis 2002

Même si les chiffres données par l’ambassadrice US sont justes, ses propos peuvent prêter à confusion car contribuer à l’UNRWA, organe onusien chargé de venir en aide aux Palestiniens à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine, n’est pas la seule façon qu’ont les États d’aider financièrement les Palestiniens, beaucoup de pays préférant contribuer directement au budget de l’Autorité palestinienne.

Contrairement aux USA ou aux pays de l’Union Européenne, l’Algérie n’est pas un contributeur traditionnel à l’UNRWA. Lors des dernières années, elle n’a contribué au fonds de cet organisme onusien qu’une seule fois, en 2012, avec une somme de 25 000 dollars.

Mais l’Algérie contribue directement au budget de l’Autorité palestinienne et ce, depuis l’adoption lors du sommet de Beyrouth de 2002 de la décision 224 appelant les pays de la région à soutenir le budget de l’Autorité palestinienne avec une aide de 330 millions de dollars tous les six mois.

Depuis ce sommet, le Conseil de la ligue arabe a mis en place un système de calcul des montants par lesquels doivent contribuer les pays et selon ce système, l’Algérie contribue de 8% du total de l’aide apportée dans ce cadre, ce qui équivaut à 52,8 millions de dollars par an. Cette somme est versée en deux fois chaque année par l’Algérie qui s’est illustrée par sa régularité dans le versement de cette aide, contrairement à la plupart des autres contributeurs.

De 2002 à 2018, cette contribution représente 844,8 millions de dollars.

Polémique sur l’utilisation du budget

Si la plupart des pays de la région MENA, comme l’Algérie, préfèrent contribuer directement au budget de l’Autorité palestinienne plutôt qu’au fonds de l’UNRWA, sur le contrôle duquel le gouvernement palestinien n’a pas de droit de regard, c’est sans doute pour des considérations politiques car ils souhaitent concrétiser la souveraineté de l’Autorité palestinienne en lui confiant la gestion de cette aide.

La contribution de l’Algérie au budget de l’Autorité palestinienne est donc un soutien politique à celle-ci alors que les contributions à l’UNRWA sont des aides humanitaires.

Toutefois, ces aides versées directement au gouvernement palestinien peuvent ne pas profiter à toute la population car la gestion et la distribution du budget est soumise à des calculs politiciens, surtout avec l’intensification du conflit qui oppose le Hamas qui tient la bande de Gaza et le Fatah, faction du président Abbas à Ramallah.

En juin, des manifestations avaient éclaté à Ramallah pour dénoncer des retards dans le versement des salaires des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne à Gaza, des retards provoqués par les sanctions, surtout financières, prononcées par le président Abbas contre Gaza tenu par le Hamas qu’il souhaite ainsi affaiblir.

Diminution de la contribution US à l’UNRWA

Les USA ont été le premier contributeur au fonds de l’UNRWA depuis sa création. En 2017, la contribution américaine à ce fonds a été de plus de 364 millions de dollars, la classant première, loin devant l’Union Européenne, deuxième contributeur avec 142 millions de dollars.

Mais depuis la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capital d’Israël provoquant une rupture totale de ses relations avec l’Autorité palestinienne, le président Donald Trump a annoncé, fin janvier, que le versement de certaines aides aux Palestiniens allait être conditionné par leur retour à la table des négociations.

L’UNRWA n’a reçu cette année que 60 millions de dollars de la part des États-Unis. Cette réduction drastique de la contribution américaine n’est pas été sans conséquence sur les habitants de la bande de Gaza qui ont été des centaines à manifester devant les bureaux de l’agence à Gaza pour dénoncer le licenciement de 154 employés de l’agence en Cisjordanie et 113 dans la bande et la conversion de 500 autres contrats de travail à temps plein en contrats de travail à temps partiel, selon l’AFP.

Les dégâts de la réduction de la contribution américaine à l’UNRWA ne se cantonneront pas qu’à l’emploi à Gaza et en Cisjordanie mais également à l’éducation. Plus de 500 000 enfants sont scolarisés dans les écoles de l’agence qui reçoivent 54% du budget de celle-ci.

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