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Participation de Gérard Depardieu au film sur Ahmed Bey : la productrice s’explique

Participation de Gérard Depardieu au film sur Ahmed Bey : la productrice s’explique

Depuis le samedi 1e septembre, le film « Ahmed Bey », consacré à la vie du dernier Bey de Constantine, est en tournage à Alger notamment à Sidi Fredj.

L’acteur français Gérard Depardieu interprète le rôle d’Hussein Dey dans ce long métrage dont la réalisation est confiée à l’iranien Jamal Shoorjeh.

La participation de Depardieu au film a donné lieu à des critiques sur les réseaux sociaux. Certains ont évoqué l’enquête engagée contre l’acteur à Paris pour « viol et agression sexuelle », d’autres ont reproché aux producteurs de n’avoir pas sollicité des comédiens algériens pour le rôle et d’autres encore ont soutenu que Hussein Dey, présenté comme « un symbole de l’Histoire de l’Algérie », ne devait pas être incarné par un acteur étranger.

« Ceux qui attaquent (le film) agissent pour des raisons personnelles. L’un d’eux nous critique parce que nous n’avons pas retenu sa copine dans le casting. D’autres sont actionnés pour nous critiquer et induire les gens en erreur. Nous avons fait le casting à Oran, lors du festival du film arabe, en présence de journalistes (en juillet 2018).  Je suis en train de travailler et j’assume mes choix. Je n’ai de compte à rendre à personne sauf à ceux avec qui j’ai signé le contrat, c’est-à-dire le ministère de la Culture. Certains parlent de transparence. À ce moment-là, il faut commencer à évoquer la transparence de 1962 à nos jours sur notamment les films réalisés pour le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie (2012) ou les soixante ans de la Déclaration du Premier novembre (2014). Je suis la seule productrice qui travaille dans la transparence. Je travaille sous le contrôle du CADC (Centre algérien pour le développement du cinéma) », se défend Samira Hadji Djilani, productrice du film « Ahmed Bey », dans une déclaration à TSA.

Selon elle, tous les contrats ont été signés en présence de responsables du ministère de la Culture. « Le contrat de Gérard Depardieu est pris en charge par un sponsor privé. Son cachet n’est rien, quelque chose de symbolique. J’en parlerai après. J’ai toujours été ouverte aux médias pour aborder les questions liées à la culture et au cinéma lorsqu’elles sont posées d’une manière objective », a-t-elle ajouté.

Gérard Depardieu invité en Corée du Nord

Le choix de Gérard Depardieu pour interpréter un rôle dans le film a été fait, selon elle, depuis six mois. « J’étais incapable de faire le plan du film parce qu’à chaque fois, Gérard Depardieu était pris ailleurs. Il vient de terminer un long métrage au Japon comme acteur principal. Il doit repartir aux États-Unis pour jouer dans un film sur Daesh. Je ne pouvais pas donc avoir une date fixe pour le début du tournage ni annoncer sa venue en Algérie. Mais, je peux vous montrer que le contrat avec Gérard Depardieu a été signé, il y a quatre mois avec le sponsor. Dans quelques jours, Depardieu repart en Corée du Nord où il est invité par le président pour les soixante-dix ans de l’indépendance du pays (le 9 septembre prochain) », a relevé Samira Hadj Djilani.

Sur les réseaux sociaux, certains ont évoqué les relations de l’acteur français avec Israël. « Ils ont même dit qu’il a un passeport israélien. C’est faux. Depardieu a eu des positions courageuses par rapport à l’Algérie que d’autres n’ont pas eu (sur la colonisation française, notamment). Depardieu est heureux d’être ici. Il s’est éclaté avec les comédiens sur le plateau. Mon bonheur est que le tournage du film sur Ahmed Bey a fait l’objet de plus de 125 articles dans la presse internationale grâce à la présence de Depardieu. C’est une belle campagne pour mon film. Avec tout l’argent du monde, je n’aurai pas assuré le travail que cet acteur m’a fait », se réjouit la productrice.

Des algériens formés par les Iraniens sur le terrain

En plus de Jamal Shoorjeh, une équipe iranienne travaille sur le film sur Ahmed Bey dans la direction photos, les effets spéciaux, les décors, les costumes et le maquillage.

« Qu’on le veuille ou non, le cinéma iranien est compétitif. Il faut venir au plateau pour voir combien d’Algériens ont été formés par les Iraniens sur le terrain. Dans l’équipe, il y a celui qui a assuré le maquillage du feuilleton sur Omar Ibn Khattab. Nous sommes 120 personnes à travailler sur le film dont une dizaine d’Iraniens. Tous ceux qui ont construit l’ancienne Médina (de Constantine) ou fabriqué les épées et les accessoires sont des Algériens, encadrés par les Iraniens. 22 couturières ont travaillé avec une iranienne pour concevoir des costumes pour le cinéma. Nous avons construit des décors d’extérieur comme le Fort de Constantine alors que les autres partent filmer dans des studios à l’étranger pour des scènes d’intérieur », poursuit-elle.

Les décors ont été construits à El Achour, à Alger, où se trouve le siège du CADC. Samira Hadj Djilani confie que, dès le début, le choix a été fait d’opter pour un réalisateur et comédien connus à l’international pour le long métrage sur Ahmed Bey.

« Certains nous parlent de mécanismes pour rendre un film international, qu’ils nous les montrent. L’Algérie a réalisé des dizaines de films qui sont restés dans les tiroirs. D’autres évoquent l’affaire de l’agression sexuelle (accusation portée contre Depardieu). J’aurai bien aimé que ces gens parlent, le reste de l’année, sur les dizaine de cas de filles violées et d’affaires de pédophilie en Algérie, passés sous silence », dénonce-t-elle.

Le film va restituer les trois grandes batailles d’Ahmed Bey

Le film est, selon elle, financé à 50% par le ministère de la Culture. « Pour le reste, je dois trouver les sponsors. Le budget d’« Ahmed Bey » ne représente que 40% de ceux des autres films déjà réalisés », relève-t-elle.

Trois grandes batailles, livrées par Ahmed Bey contre les colonisateurs français, seront montrées dans le film dont celles de 1830 ( à Staouéli) et 1837 (à Constantine). « Il s’agit de raconter la vie d’Ahmed Bey et d’évoquer la résistance populaire aux Français », précise Samira Hadj Djilani.

Mohamed Zaoui va incarner le personnage d’Ahmed Bey (il a joué le rôle du père dans le film «Ibn Badis » du syrien Bassil Al Khatib).

Dans la distribution, figurent, entre autres, Rym Ghezali, Imène Noel, Khaled Benaissa, Abdelbacet Benkhelifa et Youcefi Tewfik. « 99 % des acteurs sont algériens. Il n’y a qu’un seul comédien étranger. On en a fait tout un tapage », regrette-t-elle.

Selon la productrice, seize semaines sont retenues pour le tournage du film qui, en plus d’Alger, aura lieu à Boussâada, Constantine et Tipaza. La sortie du long métrage est prévue l’été 2019. Écrit par Rabah Drif, le film aura une durée de 2h05 avec des dialogues en arabe dialectal amélioré (troisième langue).

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