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Pelouse du stade Tchaker : chronique d’un scandale qui n’en finit pas

Sans altérer la belle performance des Verts face au Niger (6-1), la poursuite de leur série d’invincibilité (30 matchs) ou encore le record d’Islam Slimani, la pelouse du stade Mustapha-Tchaker aura été la fausse note de ce 3e match de l’Algérie dans les éliminatoires pour le Mondial 2022 vendredi.

On croyait le dossier définitivement clos après le coup de gueule du sélectionneur Djamel Belmadi le 1er septembre dernier.

A la veille de recevoir Djibouti pour le compte de la première journée de ces éliminatoires, Belmadi avait dénoncé en conférence de presse l’état « calamiteux » du terrain et exhorté chacun à faire son travail et à assumer ses responsabilités.

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Il avait même crié au « sabotage », expliquant qu’une telle pelouse était plus adaptée au jeu de l’adversaire. Poussant le bouchon plus loin, Belmadi avait indiqué qu’il n’y avait pas de possibilité de délocaliser le match dans une autre ville puisque tous les terrains d’Algérie sont dans un état identique.

Les responsables locaux avaient tenté dans un premier temps de jouer la carte de la dénégation, multipliant les sorties dans les médias officiels pour défendre la qualité de la pelouse stade de Blida qui accueille les matchs à domicile des Verts depuis plus d’une décennie. Le directeur local de la jeunesse et des sports a été néanmoins relevé de son poste.

La veille de ce troisième match des éliminatoires, le deuxième à domicile pour l’Algérie, les mêmes autorités ont pris leurs devants, non pas en restaurant la pelouse, mais en anticipant les critiques.

Dans un reportage de la télévision publique, le directeur du stade a affirmé que la pelouse est en parfait état, et donc prête à accueillir le match Algérie-Niger.

Ses propos ont été confortés par les images diffusées dans le reportage et le commentaire de son auteur.

Simultanément, Belmadi était interrogé en conférence de presse. Plutôt que de dire lui-même ce qu’il pense de la pelouse de Tchaker, il a invité le joueur Abdelkader Bedrane, présent à ses côtés, à éclairer la lanterne des journalistes.

 « Je suis de Blida, j’ai joué dans ce stade depuis que je suis petit, la pelouse n’a jamais été aussi mauvaise », répond le défenseur de l’Espérance de Tunis.

Après le match, le sujet est abordé dans les mêmes termes par d’autres joueurs.  « C’est une honte », lâche Islam Slimani, qui devait pourtant jubiler après son doublé qui fait de lui désormais le buteur historique de la sélection avec 37 buts.

« On vient une fois par mois pour représenter un pays comme l’Algérie, pour trouver un terrain comme celui-ci, je crois que c’est grave », dit-il. « Une équipe comme la nôtre qui produit du jeu, on n’a pas le droit de trouver des terrains comme ça. Pour aller au Mondial, il faut mettre tous les atouts de notre côté », ajoute-t-il, répétant ce qu’a dit son coach il y a un mois, à savoir que ce terrain avantage les adversaires de l’équipe nationale.

Un bond de géant en arrière

Si le constat de Slimani ne suffit pas, le capitaine Ryad Mahrez est là pour confirmer.

« Le terrain ne nous a pas aidés. Il est très très très abîmé. De la tribune ou de la télé, il peut paraître beau, voire très beau, mais il est presque injouable. Il y a du sable. Je ne comprends pas comment un pays comme nous et une équipe nationale comme la nôtre, avec tout ce qu’on a fait, ce qu’on a ramené comme émotions pour ce peuple, qu’on puisse avoir un terrain de la sorte, c’est incompréhensible », a enfoncé le joueur de Manchester City.

D’autres joueurs, comme Youcef Belaili et Djamel Benlamri y sont allés de leurs commentaires ironiques sur les réseaux sociaux.

Tout cela signifie que le coup de gueule de Djamel Belmadi en septembre dernier n’aura servi à rien. Le terrain n’a pas fait peau neuve et le directeur du stade est toujours en place et c’est encore lui qui est venu faire dans la dénégation au micro de la télévision publique.

Sans doute qu’il ne faut pas l’accabler personnellement puisque le stade Tchaker de Blida n’est pas le seul en Algérie à ne pas disposer d’une pelouse en bon état.

Si on en parle, c’est parce que le stade abrite les matchs des Verts. Djamel Belmadi l’a dit et tout le monde peut le constater, l’Algérie ne dispose pas d’un seul terrain répondant aux normes internationales.

Cette histoire du stade de Blida est peut-être même en train un plus gros scandale, celui du stade d’Oran dont la pelouse a été abîmée et refaite avant même son inauguration.

Le stade du 5-Juillet d’Alger a été refait à plusieurs reprises sans grand résultat. Le pays a fait un énorme bond en arrière en la matière puisque plusieurs stades construits dans les années 1980, ont vu leurs terrains en gazon naturel convertis en pelouse synthétique.

Le problème a sans doute besoin d’une solution structurelle élaborée au niveau central, et non pas des rafistolages de circonstance auxquels on assiste ici et là.

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