Économie

Pétrole : des appels à la prudence dans un contexte d’« exubérance irrationnelle »

La récente hausse des cours du pétrole n’a pas convaincu tout le monde, et nombreux sont ceux qui appellent à la prudence face à une éventuelle reprise soutenue du pétrole en 2021 compte tenu des nombreuses incertitudes.

Ce dimanche, le média américain Bloomberg a mis en garde contre ce qu’il qualifie d’« exubérance irrationnelle » sur la reprise des cours du pétrole, affirmant qu’il y a de « nombreuses raisons de rester prudent face à une reprise de la demande de pétrole, et la Covid-19 n’est que l’une d’entre elles. »

« Une exubérance irrationnelle »

Le brut Brent, référence pour le pétrole algérien, a atteint 50 dollars le baril la semaine dernière, « son plus haut niveau depuis mars, avant que la pandémie de Covid-19 ne commence vraiment à affecter profondément dans la vie des gens et que les confinements aient frappé la consommation de pétrole. Cela ressemble à une exubérance irrationnelle étant donné qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir avant que les marchés du pétrole brut ne reviennent à la normale, » estime Bloomberg.

Pour le média américain, bien que la perspective de vaccins soit une bonne nouvelle, il faudra compter plusieurs mois avant qu’une proportion significative de personnes en bénéficie, insistant par conséquent qu’il soit « plus probable que de nombreux pays imposent d’abord plus de mesures de confinement. »

« La reprise après l’énorme impact du virus sur l’activité économique ne se fera pas du jour au lendemain, » prévient en outre Bloomberg, prenant comme exemple les vols internationaux qui ont été frappés de plein fouet par la pandémie. « La rapidité avec laquelle ces vols reviendront dépendra de la confiance des gouvernements dans les programmes de vaccination des autres pays. Si le déploiement est lent ou si la prise en charge est faible, les couloirs aériens vitaux peuvent rester fermés, » met en garde la même source.

Bloomberg prévient également que la pandémie du coronavirus n’est pas le seul élément pouvant jouer les trouble-fêtes. « La Covid n’est pas la seule chose à regarder. La hausse des droits de douanes sur le commerce, une fin potentiellement chaotique de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union européenne et la possibilité qu’un nouveau président américain soit entravé par un Sénat hostile peuvent tous ralentir le rythme de la reprise économique, » soutient le média américain.

« Les perspectives de la demande mondiale de pétrole restent précaires »

Les appels à la prudence de Bloomberg trouvent écho aux prévisions d’un panel d’experts interrogés par l’agence Reuters. Un sondage de 40 économistes et analystes effectué par Reuters anticipe en effet un cours du Brent moyen à 49,35 dollars le baril l’an prochain.

« Les perspectives de la demande mondiale de pétrole restent précaires compte tenu de la résurgence de la pandémie et des mesures de confinement qui en résultent en Europe et aux États-Unis, » déclarait dans ce cadre Marshall Steeves, analyste des marchés de l’énergie chez IEG Vantage.

D’ores et déjà, des premiers signes de ralentissement de la reprise de pétrole ont pu être observés sur le marché en fin de semaine dernière, rapporte le site spécialisé World Oil. Le pétrole Brent a en effet légèrement reculé ce vendredi, glissant du sommet de neuf mois atteint et jetant de l’eau froide sur une reprise ayant ajouté plus de 40 % aux prix du brut depuis début novembre.

« À court terme, les perspectives du marché s’améliorent. La demande mondiale d’essence et de diesel a atteint un sommet de deux mois la semaine dernière, selon un indice compilé par Bloomberg, suggérant que l’impact de la dernière vague de confinements diminue, » estime World Oil, ajoutant que « les récents achats des raffineurs chinois et indiens indiquent que la demande physique asiatique restera probablement soutenue pendant un mois. »

« Le fait même que les prix aient dépassé le plafond de 50 dollars cette semaine est positif pour le marché, » a affirmé dans ce contexte Bjornar Tonhaugen, responsable des marchés pétroliers chez Rystad Energy, cité par la même source. « Une correction pourrait être imminente une fois que les conséquences du confinement hivernal seront plus évidentes, » anticipe-t-il cependant.

Le baril de Brent a clôturé la séance du vendredi à 49,9 dollars, en baisse de 0,91 % à son prix à l’ouverture des marchés, selon les données des Echos, après avoir franchi jeudi la barre de 50 dollars (50,36 dollars), pour la première depuis neuf mois.

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