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Pétrole : l’offensive américaine dans le schiste menace les efforts de l’Opep

Pétrole : l’offensive américaine dans le schiste menace les efforts de l’Opep

REUTERS/Sergei Karpukhin

Un an après l’adoption d’un accord de réduction de la production de pétrole, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) doit se prononcer jeudi 30 novembre à Vienne sur une nouvelle extension afin de soutenir les prix. Fin mai, le cartel s’était déjà entendu sur une prolongation de l’accord jusqu’à fin mars 2018.

Le baril de Brent à son plus haut depuis juin 2015

En novembre 2016, la chute des prix de l’or noir pousse les 13 pays membres de l’Opep, et 11 autres pays producteurs non membres (dont la Russie), à réduire leur production de 1,2 million de barils par jour (bpj) à 32,50 millions de bpj, et de 558 000 barils par jour pour les non membres, à compter de janvier 2017.

Les premiers mois, l’accord montre des résultats mitigés (plusieurs pays ne respectent pas les quotas) mais il va finalement prouver son efficacité et permettre une remontée des prix. Ainsi, depuis un mois, le baril de Brent (référence pour le pétrole algérien) s’échange à plus de 60 dollars le baril, soit son plus haut niveau depuis juin 2015.

Désaccords et suspens 

La réunion semestrielle du 30 novembre doit aboutir, selon les analystes, à une nouvelle prolongation de l’accord de réduction. En fait, l’interrogation ne porte plus sur une reconduction de l’accord mais sur la durée qui sera décidée par les membres du cartel.

Alors que l’Arabie saoudite demande une extension de l’accord de neuf mois, la Russie -pourtant initialement favorable à cette durée- plaiderait désormais pour une extension de six mois seulement. Khalid Al Falih, le ministre de l’Énergie saoudien a indiqué mardi, selon des propos rapportés par Bloomberg, qu’il était encore trop tôt pour parler de la durée de l’extension de l’accord.

Ce suspens autour de la durée de prolongation a un impact sur les marchés. Depuis le début de la semaine, les cours du pétrole sont repartis en légère baisse. À ce flou concernant la durée, s’ajoute le fait que les marchés ont d’ores et déjà intégré le scénario d’une prolongation de l’accord. Ils pourraient donc être déçus de l’absence d’annonces nouvelles pour doper les prix.

Ce scénario s’est d’ailleurs déjà produit il y a six mois à l’issue de la réunion Opep : les marchés avaient sanctionné l’absence d’initiatives en faveur de mesures supplémentaires (réduction plus importante des quotas de production).

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L’ombre américaine 

Mais un an après l’accord Opep, et malgré les efforts du cartel, la question de la production américaine continue de jeter une ombre sur le marché. L’accélération de l’activité des compagnies américaines, qui produisent du pétrole de schiste, reste l’un des principaux obstacles à un rééquilibrage de la production mondiale.

En effet, le rebond des prix a incité les producteurs de pétrole non conventionnel aux États-Unis à produire plus. Mi-novembre, la production américaine a atteint son plus haut niveau hebdomadaire (un niveau jamais atteint depuis le début de l’enregistrement de ces données en 1983).

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De plus, les dernières données du groupe de services pétroliers américain Baker Hugues indiquent une hausse du nombre de puits de forages en activité au mois de novembre. En outre, le nombre de « puits non complétés » (c’est-à-dire des sites provisoirement à l’arrêt faute d’équipes de fracking) doivent être surveillés de près. Pour le moment -selon les chiffres de l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA)- leur nombre continue d’augmenter. Mais une diminution serait le signe d’une hausse de la production américaine.

Bouleversement du paysage énergétique 

Cette situation pourrait bien réduire à néant « les efforts » du cartel pour rééquilibrer l’offre et la demande. D’autant plus que l’offensive américaine est partie pour durer, et bousculer le paysage énergétique. Un rapport du cartel publié début novembre indique que la production de pétrole de schiste atteindra 7,5 millions de barils par jour en 2021 contre 5,1 million de barils par jour actuellement.

De plus, en quelques années seulement, les États-Unis sont passés du statut d’importateur de brut à exportateur. D’ici à 2020, les exportations de brut américain pourraient atteindre 2,25 millions de barils chaque jour, contre seulement 520.000 aujourd’hui, indiquait en juillet une étude du cabinet de conseil américain Pire Energy.

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