Économie

Plafonnement des prix des hôtels : « Nos tarifs sont étudiés »

Les prix jugés excessifs pratiqués par les hôteliers algériens constituent un frein au développement du tourisme en Algérie.

Faute d’offres intéressantes, de nombreux vacanciers algériens préfèrent chaque année aller à l’étranger notamment en Tunisie où les tarifs sont plus abordables comparativement aux prestations fournies par rapport à l’Algérie.

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Les prix élevés des hébergements en Algérie découlent surtout d’un manque d’infrastructures hôtelières susceptibles d’absorber l’importante demande notamment durant les vacances estivales.

Une situation qui permet à certains hôteliers de pratiquer des prix astronomiques inversement proportionnels à la qualité de service qu’ils fournissent à leurs clients.

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Pour mettre un terme à ces pratiques, le gouvernement a décidé de sévir. Il veut plafonner les prix des hôtels.

Un projet de décret exécutif a été présenté par le ministre du commerce lors de la réunion du gouvernement présidée mercredi 21 septembre par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane.

 Cette annonce est saluée par l’Association de protection du consommateur (APOCE) qui n’a pas cessé de dénoncer les prix dans les hôtels algériens.

« Nous saluons et nous y adhérons complètement. Nous sommes prêts à siéger dans cette commission qui va plafonner (les prix). Il faut savoir que les prix dans les hôtels sont extrêmement excessifs. Pour le prix d’une nuitée dans un hôtel ou dans un complexe touristique en Algérie, on peut passer une semaine dans un hôtel de meilleure qualité dans un pays voisin », affirme à TSA, le président de l’Apoce, Mustapha Zebdi.

« C’est inadmissible. Il y a une situation dont profite certains hôteliers : le manque d’infrastructures », dénonce-t-il.

Du fait de ce manque, « ils sont en train d’imposer des prix excessifs », poursuit-il. « Comment se fait-il qu’un séjour dans un bungalow soit de 27 000 DA la nuitée, alors que l’endroit est sale ? ».

« Les prix sont extrêmement excessifs »

Le président de l’Apoce dénonce aussi le fait que certains opérateurs profitent de la forte demande pour pratiquer des prix excessifs, estimant que face à cette « spéculation » les services de l’Etat doivent intervenir.

« Nous souhaitons que le ministère du Tourisme s’implique en révisant les critères d’octroi des étoiles aux hôtels. Nous l’avons encore sollicité mais nous n’avons pas eu de suite », regrette-t-il.

Mustapha Zebdi déplore aussi que des hôtels classés 3, 4 et 5 étoiles soient « indignes » de leur classement qui ne vaut pas plus que celui d’un hôtel classé 1 ou 2 étoiles. « Sur quelle base ces hôtels bénéficient-ils de cette reconnaissance qu’ils ne méritent pas ? », s’interroge-t-il.

Comment cette mesure peut-elle être mise en œuvre sur le terrain, sachant que nombre d’établissements ne facturent pas leurs prestations ou bien ils sont rares à le faire ?

Pour M. Zebdi, il suffit d’appliquer la même méthode que pour les prix de large consommation et les services dont les prix sont plafonnés.

« Le plafonnement du prix signifie qu’il va être réglementé. Le prix du pain est plafonné et pourtant le boulanger ne facture rien. C’est la même chose pour les produits et les services dont les prix sont réglementés. N’importe quel agent de contrôle ou bien un consommateur peut signaler des pratiques vérifiables et contrôlables », explique notre interlocuteur.

La fédération des hôteliers pour une « étude globale »

Le président de la Fédération nationale des hôteliers et du tourisme (FNHT), Abdelouhab Boulefkhed, explique que les tarifs des hôtels obéissent à une étude.

 « Nos tarifs sont étudiés. Les hôteliers ont une compétence dans ce domaine. Avant de fixer un prix, on calcule le prix d’achat et le prix de revient. Le tarif de vente vient en dernier », explique-t-il.

Le président de la FNHT estime qu’il faut une « étude globale » pour plafonner les prix, tout en se disant ne pas être contre une telle mesure tant qu’elle est dans l’intérêt des consommateurs.

Boulefkhed estime qu’il est important que les acteurs du secteur expriment leurs préoccupations. Les adhérents de la FNHT ont tenu une réunion, ce jeudi, et ont convenu d’étudier le contenu du projet de loi.

« Il importe que nous puissions exprimer notre avis et présenter nos arguments. Nous comptons beaucoup sur ce secteur. Nous voulons le développer et œuvrons à améliorer nos prestations », explique le président de la FNHT.      

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