Société

Polémique autour de la mixité à l’université de Bouira

C’est une décision tout à fait insolite qui a été prise à l’université de Bouira, donnant lieu à une nouvelle polémique sur la mixité en milieu universitaire algérien.

Dans une note affichée dans l’établissement, la responsable (c’est une femme) de la sécurité de la faculté des sciences de la nature et de la vie et des sciences de la terre de l’université Akli-Mohand Oulhadj, a décrété l’interdiction de toute « rencontre » entre étudiants de sexe différent.

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Mais la mesure était destinée spécifiquement à la gent féminine, à l’égard de laquelle un ton ouvertement menaçant est utilisé. « Il est porté à la connaissance des étudiantes qu’il sera procédé à la convocation des parents de toute étudiante qui serait surprise avec une autre personne, même s’il s’agit d’un étudiant, dans les salles, les amphithéâtres, les couloirs ou tout autre endroit dans l’enceinte de la faculté ».

Une enseignante scandalisée

La responsable a ajouté une autre menace explicite : toute étudiante qui serait surprise dans une telle posture verra son nom affiché publiquement dans la faculté.

La note, qui porte l’entête de l’université et le cachet du bureau de sécurité, a scandalisé les réseaux sociaux, faisant réagir la direction de la faculté.

Celle-ci s’est excusée et a tenu à remettre à sa place le responsable de la sécurité par le biais d’un communiqué, qualifiant la décision d’ « étrange » et « improvisée ».

« La responsable de la sécurité a agi sans se référer au rectorat, la seule habilité à prendre ce genre de décisions et à élaborer toutes les annonces de la faculté », écrit le rectorat qui, sur ce, « présente ses excuses aux étudiants pour la teneur de l’affiche et dénonce fermement ce genre de comportement irresponsable ».

Une enquête est ouverte en coordination avec le rectorat de l’université afin de tirer au clair cette affaire et infliger les sanctions adéquates aux responsables de cet acte, conclut la direction.

Cette affaire a aussi fait réagir des enseignants de la même université. Akache Khelidja, enseignante, a dénoncé sur les réseaux sociaux un acte de « misogynie » et de « violence psychologique » à l’égard des étudiantes, considérées comme « mineures » et « irresponsables ».

L’affichage des noms des étudiantes est en lui-même un délit réprimé par la loi, dénonce-t-elle. Il s’agit aussi d’un acte en porte-à-faux avec la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, ajoute l’enseignante.    

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