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Polémique Serrar-Mellal ou le symptôme de la maladie du football algérien

Polémique Serrar-Mellal ou le symptôme de la maladie du football algérien

C’est un échange au ras de pâquerettes qui renseigne, on ne peut mieux, sur l’état de décrépitude atteint par le football national, par la faute de dirigeants qui ne semblent pas mesurer à sa juste valeur la mission dont ils sont investis.

Abdelhakim Serrar, directeur général de l’USMA, une des plus prestigieuses écuries du football national qui a eu l’insigne honneur de remporter le premier championnat de l’Algérie indépendante, et Cherif Mellal, président de la JSK, le club le plus titré du pays et l’unique à ne pas connaitre les affres de la relégation depuis son accession en division 1, se sont donnés, ces jours-ci, à un affligeant spectacle au grand dam des supporters des deux clubs et des amateurs de la balle ronde en général.

A la question « Est-ce que vous avez pris un café avec Mellal ? » posée par le journaliste Maamar Djabour, lors d’une émission de la chaine III, Abdelhakim Serrar a répliqué : « Moi et Mellal ne nous prenons pas la même boisson ».

Façon pas du tout adroite mais fort vicieuse pour suggérer que le président de la JSK prenait de l’alcool avec une intention de saper l’image de Mellal dans un pays où, pour des considérations religieuses et sociales, l’alcool n’a pas du tout bonne presse.

Mais quand bien même le président de la JSK prenait autre chose que du café, cela reste du domaine privé pour peu, bien entendu, que cela ne porte pas atteinte à son image et par ricochet à celle de son club.

C’est sur son action depuis son intronisation à la tête de la JSK et ses déclarations publiques qui, on peut bien le concéder, ne sont pas indemnes de tout reproche, qu’il faut attaquer Cherif Mellal.

Piqué au vif par le lourd sous-entendu de Serrar, le patron de la JSK ne s’est pas fait prier pour sortir la grosse artillerie en traitant son contradicteur de tous les noms d’oiseaux. « Il y’a un DG d’un club algérois (Serrar, NDLR), il ne mérite même pas d’être à la tête de ce club, il est le mal du football algérien dans le passé et à l’avenir. Il ne vit que dans les coulisses et dans les magouilles, je vais le dénoncer », a-t-il vociféré.

Ne s’arrêtant pas là, il assène : « Il a peur du retour à la JSK au premier plan avec ces jeunes joueurs. Il est en train de tripler les salaires de ses joueurs, ce n’est pas correct. Il voulait nous casser indirectement ».

Passons sur la réponse pas très inspirée de Mellal qui n’a pas à donner un avis sur la nomination d’un dirigeant à la tête d’un autre club ou à contester sa politique salariale politique même s’il peut militer pour le fair-play financier comme cela se fait sous d’autres cieux.

Et comme pour jouer sur les nerfs de son nouveau tête de Turc, l’ancien défenseur international s’est fondu d’une nouvelle déclaration toute d’ironie et de sarcasme : « (3ammi) Chérif ? Normal, quand il s’énerve il commence à insulter. Je n’aurais pas dû faire cette déclaration parce qu’il l’a interprété (Mellal, NDLR) comme il a compris. Je le connais, je n’ai pas entendu ses propos, mais je suis sûr qu’il m’a de nouveau accusé d’être un magouilleur et un corrupteur».

Autrement dit, Serrar qui «connait » bien la nervosité de son collègue de la JSK s’adonne à dessein à ce petit jeu, malsain à bien des égards, oubliant qu’il représente les couleurs d’un club aussi prestigieux que l’USMA qui a enfanté les Keddou, Guédioura, Soumatia. C’est de son droit de défendre crânement les intérêts de son club et de répliquer aux attaques contre sa personne mais pas au point de tomber si bas. D’autant qu’il a un statut à défendre : il est un ex-international et président de deux clubs légendaires, l’ESS et l’USMA.

Et en essayant de ridiculiser le ‘’novice’’ Mellal à qui, dans cette affaire, l’on peut bien trouver des excuses lui qui vient tout juste de faire son entrée dans cette jungle du football algérien, il porte, indirectement, atteinte à l’image de la grande JSK. Ceci dit, le président de ce club mythique et identitaire se doit de rectifier le tir, de se montrer un plus pondéré et de cesser de frapper dans le tas comme il l’a fait jusqu’ici, même si personne ne lui enlèveras le mérite d’avoir su redonner une âme à une JSK bien moribonde avant son arrivée à la tête du club.

Et avec ce débat de caniveau qui vient d’opposer deux dirigeants de grands clubs comme la JSK et l’USMA, l’on comprend pourquoi le football algérien est si malade. Il a besoin d’une thérapie de choc à même de le sauver d’une mort inexorable. Ou les responsables des clubs comme ceux des instances dirigeantes comme la FAF et la LFP élèvent le niveau ou ils s’éloignent de la gestion du sport roi qui, il ne faut pas l’oublier, passionne des millions d’Algériens, et épargner au pays bien des catastrophes. La violence dans les stades n’est pas tombée du ciel mais plutôt la conséquence d’une gestion aléatoire, voire irresponsable du football nationale.

Combien il est loin le temps des dirigeants-gentlemans de la trempe de Abdelkader Khalef, Abdelkader Drif ou encore Boussad Benkaci.

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