Politique

Pour Alger, l’heure d’une « explication franche » avec Paris a sonné

Entre Alger et Paris, c’est la crise. Rappelé hier par le ministère des Affaires étrangères, l’ambassadeur d’Algérie à Paris est attendu ce jeudi 28 mai à Alger.

Les liaisons aériennes étant suspendues depuis la mi-mars pour cause d’épidémie du coronavirus, c’est à bord d’un vol spécial que Salah Lebdioui va regagner Alger.

Salah Lebdioui a été rappelé en « consultations » au lendemain de la diffusion par deux chaînes publiques françaises de documentaires sur l’Algérie.

« Le caractère récurrent de programmes diffusés par des chaines de télévision publiques françaises, dont les derniers en date sur France 5 et la Chaine Parlementaire, le 26 mai 2020, en apparence spontanés et sous le prétexte de la liberté d’expression, sont en fait des attaques contre le peuple Algérien et ses institutions ; dont l’ANP et sa composante, la digne héritière de l’Armée de Libération Nationale (ALN) », a écrit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le rappel d’ambassadeur se situe un cran au-dessus de la convocation de l’ambassadeur du pays. La dernière fois que l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris c’était en 1995. Le rappel intervenait après une initiative du président François Mitterrand d’organiser une conférence sur l’Algérie sous l’égide de l’Union européenne. À l’époque, les relations entre Alger et Paris étaient difficiles. La France était accusée d’ingérence directe dans les affaires internes de l’Algérie et de soutien aux islamistes de l’ex-FIS.

Depuis, les relations entre Alger et Paris se sont améliorées, surtout sous Jacques Chirac. Elles ont connu des moments de tensions sous Nicolas Sarkozy mais aucun des deux pays n’a rappelé son ambassadeur. Et rien ne laissaient penser que les relations étaient tendues ces derniers mois.

La diffusion d’un documentaire sur une chaîne de télévision est-elle la seule raison de cette nouvelle dégradation des relations bilatérales ? Le communiqué du ministère des Affaires étrangères semble suggérer l’existence de divergences et de problèmes plus profonds entre les deux pays.

Pour les Algériens, il y a clairement « une escalade des tensions entretenue côté français ». « Une explication franche » est désormais nécessaire entre les deux pays, estiment-ils. « Cette fois, une explication franche est nécessaire pour préserver les intérêts de chacun des deux pays. Le reset se fera à cette condition », explique à TSA une source proche du dossier.

Les sujets de tensions connus entre les deux pays sont nombreux : Sahara occidental, circulation des personnes, investissements… Mais d’autres dossiers devraient être au menu de l’« explication franche » attendue.

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