Économie

Pour les patrons français, « le temps des importateurs est terminé » en Algérie

La Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF) à un nouveau président. Michel Bisac, qui prendra officiellement ses fonctions dans les prochains jours, remplace Jean-Marie Pinel, qui était en poste depuis février 2011. Michel Bisac, installé en Algérie depuis 13 ans, dirige Les Pages Maghreb, un annuaire professionnel.

Une situation « un peu compliquée »

La CCIAF a atteint le seuil symbolique de 2000 membres cette année, dont 205 entrepreneurs français et 1795 entrepreneurs algériens. « Nous nous inscrivons dans la durée. Depuis 13 ans que je suis ici, j’ai connu des hauts et des bas », a expliqué Michel Bisac à propos du climat des affaires en Algérie. La situation actuelle est « un peu compliquée » à cause d’un manque de visibilité et des lois qui « ont beaucoup évolué depuis 2013 avec la baisse des prix des hydrocarbures », a-t-il ajouté.

Toutefois, le nouveau président de la CCIAF reste optimiste. « Ce n’est pas parce que les lois changent que les opportunités disparaissent », a-t-il affirmé. « Aujourd’hui, moins de gens viennent peut-être en Algérie pour investir mais c’est le moment de venir parce que c’est maintenant qu’il y a des opportunités, qu’on trouve de bons partenaires et qu’on prépare l’avenir », a affirmé M. Bisac pour qui le marché algérien est comparable au marché français.

La taille du marché algérien qui est de « 45 millions de consommateurs », le pouvoir d’achat et la consommation interne « extrêmement dense et importante » sont, pour le nouveau président de la CCIAF, autant d’arguments en faveur des investissements étrangers en Algérie.

La limitation des importations découle d’une préoccupation « juste » des pouvoirs publics sur la balance des paiements, pour M. Bisac qui voit en la restriction sur les importations imposées par l’Algérie et la prochaine sur-taxation des produits importés, non pas des entraves aux affaires mais une opportunité pour les investisseurs étrangers.

« On comprend bien que si on doit payer des taxes de 200%, il vaut mieux trouver ici des partenaires pour investir ici et fabriquer ici en apportant son savoir-faire et en le partageant avec les entrepreneurs algériens », a affirmé Michel Bisac, en donnant comme exemple l’entreprise Lesieur qui a lancé récemment une activité de production en Algérie après l’interdiction de l’importation de mayonnaise.

« Quel que soit le secteur dans lequel vous êtes, si vous faites bien votre travail, si vous vous intégrez correctement, vous gagnez de l’argent. Tout le monde se plaint mais tout le monde gagne de l’argent en Algérie », a également affirmé à ce sujet Jean-Marie Pinel.

Fini le temps des importateurs

Sous ce nouveau contexte marqué par les restrictions imposées par l’Algérie sur les importations, les entrepreneurs français qui souhaitent investir en Algérie doivent changer d’approche et se concentrer plus sur « la co-localisation et la fabrication » et oublier l’importation. C’est du moins ce qui ressort des déclarations des deux dirigeants de la CCIAF.

« Aujourd’hui, nous sommes moins sur l’importation et plus sur la co-localisation et la fabrication sur place », a expliqué M. Pinel qui a révélé avoir adressé le même message à des entrepreneurs français qui étaient en visite récemment en Algérie. « J’ai dit arrêtez, le temps des importateurs est terminé. Si vous voulez travailler avec l’Algérie, ramenez votre savoir-faire, trouvez des partenaires ici, construisez vos usines et là, vous gagnerez beaucoup d’argent », a-t-il déclaré.

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