L’avocat Mohcine Amara a été arrêté, vendredi 30 juin, par des policiers en civil devant sa maison à Alger. Interrogés, des membres de sa famille évoquent une dispute avec un avocat du bâtonnat. Mais que s’est-il exactement passé avec Me Mohcine Amara ? Qu’a-t-il commis pour être arrêté ? Que risque-t-il exactement ? Réponses avec le bâtonnier d’Alger, Abdelmadjid Sellini.

La veille de son arrestation, l’homme vêtu d’un qamis blanc assistait à une audience au tribunal de Bir Mourad Raïs, précise Me Sellini. Il interpelle un avocat avant d’être rappelé à l’ordre par la magistrate qui lui demande de sortir. Mohcine Amara sort, enfile sa robe d’avocat et retourne dans la salle. La magistrate le rappelle encore une fois à l’ordre. Elle lui demande de ne pas intervenir vu qu’il n’est pas constitué dans l’affaire.

Le ton monte entre les deux. Mohcine Amara lance à la magistrate : « Je ne travaille pas chez vous. Je ne travaille pas chez votre père ! », relate le bâtonnier. Après les faits, le bâtonnat est contacté par le parquet. « On nous a posé la question sur lui. Nous avons confirmé qu’il faisait l’objet de deux décisions de radiation », poursuit Me Sellini. La première est une décision de suspension de neuf mois. La seconde est une décision de radiation. Comprendre : Mohcine Amara n’avait pas le droit d’exercer le métier d’avocat en vertu de cette décision.

Le bâtonnier d’Alger rappelle que l’avocat a été condamné à sept reprises et faisait également l’objet de poursuites judiciaires.

Questionné sur son arrestation musclée par des policiers en civil, Me Abdelmadjid Sellini souligne que les officiers de la police judiciaire qui agissent sous l’autorité du procureur ne sont pas obligés d’être en tenue officielle lors d’une arrestation. Ils doivent par contre se présenter et montrer un mandat d’arrêt. Selon Me Sellini, Mohcine Amara est poursuivi pour « outrage à magistrat » et encourt jusqu’à deux ans de prison.