Société

Pourquoi les prix du poulet baissent et ceux des œufs restent élevés en Algérie

En Algérie, les prix des œufs se maintiennent à des niveaux élevés à 22 dinars l’unité tandis que ceux du poulet connaissent une baisse sur le marché après le pic de 600 dinars le kilo atteint il y a quelques jours.

Le maintien des prix élevés des œufs s’explique en grande partie par un problème de planification du marché et par la désorganisation de la filière avicole en Algérie, selon Ali Benchaiba, président de la fédération nationale des aviculteurs.

« Il y a un déficit important dans la poule reproductrice pondeuse. Ce qu’on appelle la poule repro-ponte manque chez les éleveurs. L’importation de cette catégorie est ouverte mais les quantités existantes sur le marché sont insuffisantes pour répondre aux besoins des éleveurs », explique Ali Benchaiba.

Le président de la fédération nationale des aviculteurs a également évoqué une épidémie de grippe aviaire qui a décimé une partie de la population de poules pondeuses, ce qui a impacté la production des œufs.  De plus, la moitié des éleveurs sont totalement à l’arrêt, a-t-il indiqué.

Au-delà des problèmes conjoncturels, Ali Benchaiba pointe un manque d’anticipation et de planification dans la production des œufs en Algérie.

« Le processus de production des œufs est plus long que celui de la poule. Il faut y procéder une année auparavant pour arriver à avoir une quantité suffisante sur le marché. Comme l’année dernière les dispositions n’ont pas été prises par les autorités malgré nos mises en garde, on en arrive à la situation actuelle avec un manque de la poule repro-ponte et une hausse des prix des œufs », a-t-il expliqué.

Pour le président de la fédération nationale des aviculteurs, la filière avicole en Algérie est capable de produire le double de ce dont a besoin le marché national et même d’exporter.

Ali Benchaiba a rappelé que durant la période de la crise sanitaire, la production était telle que les prix du poulet et des œufs étaient bas et l’Algérie avait pu exporter vers des pays voisins.

« Durant la période du coronavirus, des opérateurs ont exporté du poulet et des œufs vers la Mauritanie et la Libye. Quand on s’y met en amont, on est capable d’assurer les besoins locaux et même d’exporter », a-t-il ajouté.

Filière avicole en Algérie : l’importation n’est pas une solution durable

L’ouverture de l’importation pour réguler le marché de la volaille en Algérie demeure une solution d’urgence qui ne réglera pas le problème, selon le président de la fédération nationale des aviculteurs.

Le représentant des aviculteurs indique avoir proposé une feuille de route globale pour ne pas avoir à procéder par des solutions d’urgence à l’avenir.

« Il faut travailler pour régulariser les 80% de producteurs non identifiés dans la filière. Il est également urgent de subventionner l’aliment comme le maïs et le soja, ce qui permettrait aux producteurs locaux de baisser les prix au lieu d’importer le poulet directement et enrichir le producteur étranger au Brésil ou ailleurs », argumente Ali Benchaiba.

Après le record historique atteint fin septembre avec un poulet à 600 dinars le kilo, le président de la fédération nationale des aviculteurs note un recul des prix de la viande blanche en Algérie. Une baisse de 20% a été enregistrée en un mois, selon lui. Les prix des oeufs connaîtront également une baisse dans quelques mois quand les éleveurs auront terminé le processus de production, a-t-il précisé.

Algérie : les prix du poulet en baisse

Le ministère de l’Agriculture et du développement rural a confirmé ce dimanche 22 octobre la baisse des prix du poulet vif sur le marché du gros dans plusieurs régions du pays.

Ainsi, depuis jeudi 19 octobre dernier, le ministère de l’agriculture a constaté que les prix du poulet chez les producteurs ont varié entre 320 et 325 dinars le kilogramme dans les différentes régions est d’Algérie.

Dans le centre du pays (Boudouaou, Boughezoul, Djelfa, Tizi Ouzou, Ain Bessam et Béjaïa), le prix du poulet chez les éleveurs s’est situé entre 330 et 340 dinars contre 320 à 340 dinars le kilogramme dans les régions ouest du pays. A Alger, le poulet complet nettoyé est cédé à 490 dinars dans certaines boucheries, contre 650 dinars fin septembre.

Le ministère explique cette baisse des prix du poulet chez les éleveurs par la quantité de poussins injectés durant le mois d’août dernier qui sont entrés en production cette semaine.

Le ministère a rappelé la série de mesures qui a été prise en août dernier ; à savoir l’approvisionnement à des prix plafonnés de l’aliment de volaille via l’Office nationale des aliments du bétail (ONAB). L’importation de l’œuf à couver est entre autres citée parmi les mesures qui ont été prises pour la stabilité du marché.

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