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Première greffe rénale avec coelioscopie en Algérie : un espoir pour 30.000 malades

L’Algérie a franchi une étape majeure dans la transplantation d’organe avec une première greffe rénale avec coelioscopie réalisée au CHU de Bab el Oued.

Première greffe rénale avec coelioscopie en Algérie : un espoir pour 30.000 malades
Lynda Hanna
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L’Algérie enregistre une avancée majeure dans le domaine médical et des transplantations d’organes, avec la réalisation de la première greffe rénale donneur vivant avec prélèvement du rein par coelioscopie.

Cette opération de chirurgie mini-invasive a été effectuée avec succès au CHU de Bab El Oued à Alger, le dimanche 22 juin. Cette technique promet de révolutionner la transplantation rénale dans un pays où 30.000 personnes souffrent d’insuffisance rénale et attendent une greffe.

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L’intervention a été menée par l’équipe du CHU de Bab El Oued, du Professeur Achour et des deux chirurgiens chargés de la greffe rénale, le Pr Laribi et le Pr Saaoui, avec la participation du Dr Khelifa Aït Saïd, chirurgien urologue en France, spécialiste en chirurgie robotique et en coelioscopie, invité par la société Galientis, spécialisée dans les technologies médicales de pointe.

Greffe rénale : les trois avantages de la coelioscopie

La coelioscopie présente trois grands avantages par rapport à la technique classique, selon le Dr Aït Saïd :

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·       Durée d’hospitalisation réduite : passer de plus d’une semaine à 24-48 heures est un gain significatif, entraînant une réduction des coûts d’hospitalisation pour les systèmes de santé,

·       Moins de douleurs et de complications post-opératoires : cela améliore la qualité de vie des donneurs et des receveurs, favorisant ainsi le don d’organes.

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·       Approche moins invasive : cette technique peut encourager davantage de personnes à envisager le don, ce qui est essentiel compte tenu du nombre élevé de patients en attente de greffe.

Cette technique présente des gains économiques, poursuit le spécialiste. Il énumère :

·       Réduction des coûts de traitement : moins de temps d’hospitalisation et moins de complications pourraient diminuer les dépenses liées aux soins de santé associés aux complications post-opératoires.

·       Augmentation du nombre de greffes : si la coelioscopie est adoptée à grande échelle, cela pourrait réduire la pression sur les services d’hémodialyse et les coûts associés, notamment pour le traitement des patients en fin de vie rénale.

·       La formation des chirurgiens algériens à cette nouvelle technique pourrait stimuler l’emploi dans le secteur de la santé et renforcer les compétences locales.

·       Dynamisation de la recherche et de l’innovation : l’intégration de technologies robotiques à l’avenir peut positionner l’Algérie comme un acteur régional dans le domaine des transplantations, attirant ainsi des investissements dans le secteur médical.

La coelioscopie représente un saut qualitatif dans la transplantation rénale en Algérie, entraînant des bénéfices non seulement pour les patients et le système de santé, mais aussi en termes de gains économiques. La sensibilisation au don d’organes doit continuer pour maximiser ces avantages.

« Cela implique moins de douleurs post-opératoires, moins de risques d’infection et une durée d’hospitalisation réduite. Nous savons que le système de sécurité sociale algérien est parmi les plus généreux au monde, mais cela n’empêche qu’avec l’avènement et la généralisation de ces nouvelles techniques, des économies de ressources de l’État vont être réalisées et peuvent être affectées à d’autres volets », explique à TSA le Dr Aït Saïd.

Ce dernier a formé les équipes du CHU de Bab El Oued à la coelioscopie, qui fait son entrée en Algérie, pour le plus grand bonheur des malades qui sont sur les listes d’attente des hôpitaux pour une greffe rénale. Il se dit prêt à former d’autres chirurgiens urologues et vasculaires à cette méthode mini-invasive afin de généraliser son utilisation à travers toute l’Algérie.

Le Dr Khelifa Aït Saïd prêt à « transmettre son savoir-faire sur la greffe rénale par cœlioscopie, la greffe rénale chez les patients en mort encéphalique et initier les greffes d’autres organes : foie, poumons, pancréas, cœur, cornée, vaisseaux… »

Jusqu’à présent, le prélèvement rénal en Algérie se fait par lombotomie, une chirurgie lourde nécessitant une ouverture complète de l’abdomen, plus d’une semaine d’hospitalisation et souvent des douleurs ou complications post-opératoires. Cette méthode décourage de nombreux donneurs potentiels, ce qui explique le faible nombre de greffes réalisées dans le pays : seulement 200 greffes rénales par an, alors que 3.000 nouveaux patients intègrent chaque année les services d’hémodialyse des hôpitaux algériens.

« J’ai développé ma propre technique de coelioscopie, un mélange entre la méthode française et anglaise. Ma double formation dans ces deux pays m’a permis de créer cette approche. Je suis prêt à former les chirurgiens algériens pour la généraliser à tous les CHU du pays », souligne le Dr Aït Saïd. Il ne manque pas de remercier les ministres de la Santé Abdelhak Saihi, du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité Sociale Fayçal Bentaleb, le directeur général des services de Santé, le Pr Lyes Rahal, ainsi que le directeur général de la CNAS, Nadir Kouadria, pour leur soutien.

« Le but est de réveiller les consciences sur le don d’organes »

« L’objectif est de réveiller les consciences et de sensibiliser les Algériens au don d’organes, afin de sauver des vies. L’avenir ne repose pas uniquement sur les donneurs vivants, mais aussi sur les donneurs en état de mort cérébrale, notamment les victimes d’accidents de la route », insiste le Dr Aït Saïd.

Grâce à ce spécialiste, l’équipe pluridisciplinaire du service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire du CHU de Bab El Oued a réussi le prélèvement puis la transplantation rénale entre une mère de 46 ans et son enfant de 14 ans, qui viennent du CHU de Nafissa Hamoud où ils étaient suivis par le service de néphrologie du Pr Seba.

Le Pr Farid Haddoum, chef de service néphrologie au CHU Mustapha Pacha, a donné plus de détails sur cette prouesse chirurgicale.

Un espoir pour 30.000 malades

« La préparation du couple donneur-receveur pour ce type de chirurgie exige rigueur médicale et éthique. C’est l’un des rares domaines de la médecine où il y a obligation de résultat, en plus de l’obligation de moyens. L’objectif est zéro échec et zéro complication », explique le Pr Haddoum au journaliste spécialisé en santé, Ahcène Chemache.

Avant l’opération réalisée au CHU de Bab El Oued, les patients passent par une préparation multidisciplinaire au CHU Mustapha, impliquant immunologistes, radiologues, anesthésistes, et autres spécialistes.

« L’opération du 22 juin a permis de prélever un rein chez une maman et de le transplanter à son enfant, sans chirurgie d’ouverture, c’est-à-dire par coeliochirurgie. Les chirurgiens ont réalisé le prélèvement avec seulement deux petites incisions, dont la plus grande ne dépasse pas 8 cm. Cela signifie moins de douleurs post-opératoires, moins de risques d’infection et une hospitalisation plus courte. C’est ce que nous appelons un « saut qualitatif », détaille le Pr Haddoum.

La démocratisation de ces nouvelles méthodes de prélèvement et de transplantation rénale représente donc une avancée majeure pour la santé publique en Algérie, et surtout un immense espoir pour les milliers de malades en attente d’un donneur.

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