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Présidentielle : le silence énigmatique de Tebboune et Benflis

Présidentielle : le silence énigmatique de Tebboune et Benflis

À huit semaines de la date prévue pour la tenue de l’élection présidentielle, la scène politique devait logiquement s’emballer. Mais ce n’est pas à quoi on assiste, notamment du côté des candidats considérés comme des « poids lourds », ceux ayant en tout cas le plus de chance de gagner.

On pense particulièrement à Ali Benflis et Abelmadjid Tebboune qui ont retiré, jeudi 26 septembre, les formulaires de candidature. Benflis avait prononcé le jour même une allocution devant le comité central de son parti et Tebboune s’est contenté d’une déclaration à la presse dans laquelle il s’est défendu de faire partie de la désormais infréquentable Issaba.

Depuis, plus rien, ou presque. Même si le parti de Benflis a dénoncé ce qu’il a qualifié d’ « ingérence » du Parlement européen et lancé une sorte de clip de pré-campagne, il reste que les deux hommes brillent par leur absence sur le terrain et dans les médias et ce n’est sans doute pas faute de sollicitations.

Les plateaux des chaînes de télé privées doivent se contenter des seconds couteaux, parfois des candidats loufoques qui amusent la galerie plus qu’ils n’enrichissent le débat.

L’inaction de Tebboune est la plus incompréhensible. L’homme n’a ni parti ni troupes et on ne l’a pas entendu depuis son limogeage brutal de son poste de Premier ministre en août 2017. Soit une éclipse totale de plus de deux ans et une longueur de retard qui lui imposent au moins de mettre les bouchées doubles dès lors qu’il a décidé de briguer la présidence de la République.

Ce dimanche 6 octobre, sa permanence de campagne a daigné communiquer, mais pas sur l’aspect que l’on attendait. Une brève déclaration pour calmer les ardeurs des opportunistes qui se bousculeraient dans les wilayas pour être les représentants de celui qui est présenté, à tort ou à raison, comme le candidat des « décideurs ».

À deux mois du scrutin, aucune formation politique ou organisation de la société civile n’a franchement apporté son soutien à l’ancien ministre de l’Habitat. Plus énigmatique encore, il n’a sollicité l’aide de personne, du moins pas publiquement. Il est vrai qu’il n’a pas l’embarras du choix.

Les formations de l’opposition ont presque toutes annoncé le boycott du scrutin, et celles qui ne l’ont pas fait, comme le mouvement el Bina et Talai el Houriat, ont présenté leur propre candidat.

Il reste les partis de l’ex-Alliance présidentielle, moins le RND qui a son propre candidat. Le FLN, TAJ, le MPA et les micro-partis qui n’ont existé que par leur zèle à applaudir les mandats successifs de Bouteflika, lui apporteront volontiers leur appui s’ils en sont instruits ou s’ils captent le moindre signe qu’Abdlemadjid Tebboune est réellement adoubé en haut lieu.

Sauf que leur soutien, et il le sait, sera plus un boulet qu’un atout. Le hirak, donc le peuple, les rejette et réclame même leur disparition du paysage politique. Cette impopularité leur a d’ailleurs valu leur exclusion du dialogue qui a eu lieu durant l’été.

Sur quelles forces pourra donc compter Tebboune pour gagner une élection dans laquelle, jure le président de l’autorité qui l’organise, aucune fraude ne sera possible ? Comment compte-t-il gagner alors qu’à deux mois du scrutin, ni lui ni ses collaborateurs n’ont encore investi l’espace public ?

Pour Ali Benflis, qui dispose certes d’une formation politique et qui n’a pas déserté le terrain depuis son échec à l’élection de 2014, son silence n’est pas moins énigmatique, pas seulement devant les graves atteintes aux libertés.

Après une présence publique et médiatique marquée dans les dernières semaines de l’été, il s’est subitement tu au moment précis où, au contraire, il devait redoubler d’activité, c’est-à-dire juste après l’annonce de sa candidature.

L’éclipse des deux candidats à quelques semaines du scrutin n’obéit à aucune stratégie connue des campagnes électorales. Elle ajoute de l’épaisseur au brouillard qui enveloppe la scène politique et soulève moult interrogations.

Hésitent-ils encore à entrer dans la course, ont-il été instruits de temporiser, ont-il capté quelque signal annonçant un énième bouleversement ou sont-ils simplement eux aussi tétanisés par toutes les rumeurs qui circulent ?

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