Politique

Présidentielle : une lettre attribuée à Moad Bouchareb sème le trouble au sein du FLN

La publication, jeudi 27 décembre, sur le site officiel du parti et sur sa page Facebook, d’une lettre signée par Moad Bouchareb, d’un document identique à celui diffusé en 2014 quand Amar Saidani dirigeait le FLN, suscite beaucoup d’interrogations et sème le trouble au sein du parti.

La lettre publiée à l’époque soutenait la candidature du président à un quatrième mandat et appelait les militants à se préparer à fêter la victoire de Bouteflika pour la présidentielle de 2014. La nouvelle version mise en ligne jeudi sur le site du FLN reprend exactement les mêmes propos. « Le FLN veut que la prochaine présidentielle soit une grande fête démocratique qui va consacrer le candidat du parti, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika pour la poursuite du processus de réformes…». Des propos qui laissent clairement entendre que le président Bouteflika sera candidat pour un 5e mandat. Surtout, ils laissent entendre que la présidentielle aura bien lieu en avril prochain.

Hier soir, le Coordinateur de l’instance dirigeante s’est empressé de nier être l’auteur de la lettre. « Aucune publication au nom du Coordinateur du parti n’a été publiée sur le site du FLN. Il s’agit d’une lettre « fabriqué » », s’est défendu Moad Bouchareb sur le site « Algérie maintenant » et de rappeler que sa formation se conformera aux décisions prises par le président Bouteflika au sujet de la prochaine présidentielle. « Notre position est claire : nous soutenons le président de la République et nous respecterons et appliquerons sa décision en ce qui concerne la présidentielle de 2019 ».

Malgré ce démenti, la lettre était toujours visible sur le site officiel du parti ce vendredi en fin de matinée. Au siège du parti à Hydra, l’affaire est prise très au sérieux et l’État-major du FLN a décidé de faire appel aux services de sécurité pour démasquer ceux qui ont eu accès au site officielle et mis en ligne cette lettre. « Nous sommes sur le point d’adresser une demande aux services de sécurité pour enquêter », a déclaré Nadir Boulegroune, directeur de cabinet de Bouchareb, à TSA Arabi.

Si cette affaire tombe au plus mal pour le Coordinateur du parti, elle semble symptomatique de la résistance manifestée par d’anciens poids lourds du FLN à l’arrivée de Moad Bouchareb à la tête du FLN. Le départ de Ould Abbès pour « raison de santé » a exacerbé les rancœurs et une partie de la vieille garde du FLN a refusé de se conformer aux décisions venues de la présidence. C’est le cas de Mohamed Boumehdi, homme de l’ombre, aux puissants réseaux, qui avait mené la fronde contre le président de l’APN. « Il n’est pas possible de destituer un SG du FLN et de nommer un autre de « cette façon » », avait déclaré l’ancien membre du bureau politique.

« Le FLN a ses statuts et le règlement intérieur précise qu’en cas de maladie du SG, c’est le membre le plus âgé du BP qui prend l’intérim et l’article 36 du même règlement dispose qu’en cas de démission du SG, le Comité central se réunit pour élire un nouveau secrétaire général », avait-il rappelé.

« Au parti, beaucoup de ceux qui occupaient des responsabilités dans les structures et ont été écartés par la nouvelle équipe, minent le travail de Moad Bouchareb de l’intérieur. Ce qui s’est passé sur le site du parti est grave. Il s’agit d’une action de défiance à l’encontre du Coordinateur du FLN », estime aujourd’hui un ancien membre du bureau politique.

Cette cacophonie intervient, alors que l’homme fort du FLN fait également face à la grogne dans certaines Mouhafadhas, après sa décision d’exclure des candidats aux élections sénatoriales arrivés en tête lors des primaires pour les remplacer par d’autres. La décision du premier responsable a été décidée après des enquêtes qui ont laissé apparaître des soupçons d’utilisation de l’argent sale dans l’achat de voix. « Après enquêtes administratives et sécuritaires, la direction a décidé de prendre les mesures nécessaires pour combattre le phénomène de l’argent sale », avait affirmé Nadir Boulagroune à TSA.

Contactés, d’anciens membres de la direction ne sont pas surpris par ce qui s’est passé au parti. Ils estiment que le patron du FLN ne peut pas cumuler deux fonctions et partager son temps entre le siège du FLN et celui de l’APN. « Il ne peut pas être au four et au moulin. Le boulot au FLN est un temps plein. On ne peut pas diriger le parti la moitié du temps », fait remarquer un ancien dirigeant du FLN.

Les plus lus