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Présidentielles de 2014 et de 2019 : les similitudes et ce qui a changé

Présidentielles de 2014 et de 2019 : les similitudes et ce qui a changé

A trois mois de l’élection présidentielle d’avril prochain, l’opinion est taraudée par plusieurs interrogations, dont la principale concerne la candidature ou pas du président Bouteflika pour un cinquième mandat.

En 2014 aussi, les Algériens se sont longtemps posé la question et ont dû attendre la fin du mois de février pour être fixés. Qu’en sera-t-il cette fois ?

Ce qui a changé

La santé du président

Une donne, et pas des moindres, a changé par rapport à 2014. Il s’agit de la santé du chef de l’Etat qui n’est plus ce qu’elle était il y a cinq ans comme l’ont confirmé les multiples tête-à-tête avec des dirigeants étrangers annulés et les images diffusées le 1er novembre dernier montrant un Abdelaziz Bouteflika sérieusement amoindri.

Le président avait été victime d’un AVC en 2013 et, à l’approche de l’élection de 2014, on parlait encore officiellement d’un « accident ischémique transitoire sans séquelles ». L’espoir d’une rémission était entretenu et le docteur Djamel Ould Abbès avait même annoncé que le chef de l’Etat se remettra bientôt à marcher.

Une pléthore d’options et de nouveaux éléments de langage

A la différence de 2014, où, durant les mois qui avaient précédé l’élection, la seule interrogation concernait la candidature du président Bouteflika où une succession à l’intérieur du système, cette année, le doute tourne autour de la tenue même de l’élection. Même si les principaux soutiens du pouvoir se sont tus sur la question depuis quelques semaines, l’éventualité d’une révision de la Constitution pour permettre un prolongement du mandat actuel d’une année ou deux n’est pas définitivement enterrée. A trois mois de l’élection, aucune option n’est exclue officiellement : cinquième mandat, conférence nationale, révision de la Constitution, report de l’élection et prolongement du mandat actuel, création d’un poste de vice-président… Après avoir appelé au cinquième mandat, les soutiens du président ont apporté de nouveaux éléments de langage à leur discours, parmi lesquels la « continuité ».

Scepticisme de la communauté internationale

Les dirigeants des principaux partenaires du pays ne se sont pas encore clairement exprimés sur la présidentielle à venir, mais les voix qui se sont fait entendre jusque-là ont fait part d’un réel scepticisme. Ce ne sont pas des voix officielles, mais des voix qui tout de même pèsent lourd, comme le Financial Times, considéré comme la Bible des milieux financiers internationaux. Le journal britannique a clairement critiqué en décembre dernier l’option d’un cinquième mandat, tandis que d’autres médias, notamment français, ne ratent aucune occasion pour railler une éventuelle candidature de Bouteflika en dépit de son âge et de son état de santé. D’autres organismes ont également émis des avis très sceptiques sur la situation du pays. C’est le cas notamment de Crisis Group.

L’opulence n’est plus là

Economiquement, la situation n’est plus la même non plus. Le prix du pétrole n’avait amorcé sa chute que vers la fin de l’année 2014, soit plusieurs mois après la tenue de l’élection. De plus, le pays avait encore un matelas de réserves de change confortable et personne n’entrevoyait une crise inéluctable à l’horizon, comme c’est le cas aujourd’hui.

Ce qui n’a pas changé

Les mêmes signes de tiraillements

L’année 2013 fut marquée par les attaques contre le chef des services de renseignements, le général Toufik, que certains disaient contre le quatrième mandat. Le DRS sera profondément restructuré et dépouillé de ses principales prérogatives, et Toufik sera définitivement mis à la retraite en 2015. Durant l’année 2018, la vie pour le système ne fut pas non plus un long fleuve tranquille, avec la succession d’affaires politico-judiciaires que d’aucuns ont interprété comme autant de signes de tiraillements au sommet de l’Etat pour peser sur la succession. On citera la saisie de 701 kilogrammes de cocaïne au port d’Oran, le limogeage puis l’arrestation de nombreux généraux pour corruption et enrichissement illicite, les poursuites à l’encontre de journalistes et de blogueurs, la crise à l’APN…

Des soutiens toujours fidèles

Politiquement, la situation n’a pas beaucoup évolué depuis 2014. La vie politique continue à être dominée par les mêmes forces dont la fidélité au président n’a pas bougé. Rien dans les déclarations et positions du FLN, du RND, du MPA ou de TAJ ne permet de déceler le moindre signe de déloyauté à l’égard du chef de l’Etat. Les quatre partis font toujours montre d’une discipline infaillible quand il s’agit de mettre à exécution la volonté présidentielle.

Une opposition désunie et démobilisée

Avant l’élection présidentielle de 2014, l’opposition sortait de la conférence de Mazafran qui avait laissé entrevoir l’espoir d’une action commune. Mais l’esprit de Mazafran n’avait pas résisté longtemps aux égos. Aujourd’hui encore, les partis de l’opposition sont désunis et chacun ne voit d’un bon œil toute initiative d’union que s’il la chapeaute. Mis à part le MSP qui a lancé une initiative qui n’a encore rien révélé de ses tenants et aboutissants, les autres formations sont dans l’expectative. Le pouvoir est plus que jamais maître de son destin et de celui du pays.

Candidature de Bouteflika : un processus jusque-là identique

Octobre 2013, le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, annonce que le candidat du parti sera le président Bouteflika. Octobre 2018, son successeur Djamel Ould Abbès en fait de même. Certains avancent que c’est à cause de cet empressement à annoncer la candidature du président qu’il sera débarqué moins d’un mois plus tard, mais son successeur, Mouad Bouchareb, répétera fin décembre que le FLN ne peut concevoir de candidature autre que celle de son président.

Les autres partis de la majorité supplient eux aussi Bouteflika de « continuer son œuvre », sauf un, le MPA. Comme en 2014, Amara Benyounès préfère attendre de connaitre les intentions du président pour se prononcer. Jusque-là, le processus est presque identique. Le sera-t-il jusqu’au bout ? Il faudra attendre encore quelques jours pour le savoir.

Il y a cinq ans, la candidature de Bouteflika a été annoncée officiellement par Amar Saâdani le 22 janvier, puis par Abdelmalek Sellal le 22 février. La convocation du corps électoral a eu lieu le 17 janvier.

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